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Les Marquisiennes ont enfin un mammographe à Taiohae


Les Marquisiennes ont enfin un mammographe à Taiohae
PAPEETE, le 13 juin 2018 - Depuis une semaine, les femmes Marquisiennes ont accès à un mammographe pour dépister les cancers du sein. Un grand pas pour la réduction des inégalités d'accès aux soins pour le traitement des cancers des femmes Polynésiennes.

Samedi, le gouvernement l'État et la ligue contre le cancer ont inauguré un nouveau mammographe à l'hôpital de Taiohae aux îles Marquises. Seules 33 % des femmes de Polynésie se font dépister contre 60 % en métropole, alors que la mammographie est prise en charge à 100 % en Polynésie. Comment expliquer un chiffre aussi bas ? Dans le cadre du dépistage du cancer du sein, les femmes âgées de 50 à 74 ans peuvent bénéficier d’un examen gratuit tous les deux ans dans le cadre de la prévention du cancer du sein. Peuvent aussi bénéficier de cette prise en charge, toutes les femmes qui ont une suspicion de cancer du sein ou celles suivies dans le cadre d’une prise en charge. Cependant, si le dépistage est gratuit, le déplacement n'est pas pris en charge. Les femmes qui veulent faire une mammographie doivent se rendre à Raiatea ou Tahiti et depuis la semaine dernière à Taiohae par leurs propres moyens ou dans le cadre d'une évacuation sanitaire pour un autre motif. Or peu de femmes des îles éloignées ont les moyens de payer ce genre de déplacement. Malheureusement, de ce fait là, "les cancers du sein détectés en Polynésie sont trop souvent découverts à un stade déjà évolué", constate le Dr Pierre Catteau, radiologue.

1000 Marquisiennes dans la cible du dépistage

Les Marquisiennes ont enfin un mammographe à Taiohae
"Avec la ligue contre le cancer, nous avons œuvré pour l'installation d'un mammographe aux îles Marquises parce que là-bas, environ 1000 femmes devraient pouvoir bénéficier d'un dépistage du cancer du sein. Nous avons mis trois ans pour arriver à ce résultat. C'est finalement grâce à partenariat entre le Pays, l'État et la ligue contre le cancer que nous avons pu installer le mammographe aux îles Marquises. C'est un premier pas dans la réduction des inégalités d'accès aux soins pour le cancer", explique Patricia Grand de la ligue contre le cancer.

Ce nouveau mammographe à Taiohae est une bonne chose pour les femmes marquisiennes puisque cela leur évite de devoir se déplacer à Tahiti pour le dépistage. Par ailleurs, cela permettra à plus de femmes d'y avoir accès dans l'archipel. " En tant que radiologue privé avec mes confrères radiologue du privé et comme il n'y a pas suffisamment de radiologues pour faire ça dans les hôpitaux publics, nous avons fait une première mission la semaine dernière qui a duré une semaine. Nous avons vu 54 femmes, j'ai trouvé un cas un peu douteux qui nécessite une biopsie", raconte le radiologue

Un radiologue tous les deux mois

Les Marquisiennes ont enfin un mammographe à Taiohae
Les radiologues organiseront tous les deux mois environ des missions d'une semaine à l'hôpital de Taiohae, afin d'assurer le dépistage des femmes marquisiennes. " Nous allons établir un calendrier. Dans l'intervalle, si une femme sent une boule dans son sein, on aura toujours la possibilité de réaliser les radios à Taiohae avec le manipulateur radio de l'hôpital qui nous enverra les images à Tahiti, afin qu'un radiologue donne un avis sur ce qu'il convient de faire. Nous essaierons de faire en sorte que les missions tombent en même temps que les grandes manifestations et rassemblements religieux qui se dérouleront à Nuku Hiva", ajoute le Dr Catteau. Sur place les femmes qui veulent se faire dépister devront se faire connaître des infirmiers, infirmières qui appelleront l'hôpital et une liste des patientes pourra être établie. Ainsi, quand le radiologue se déplacera pour la mission, il y aura déjà un certain nombre de rendez-vous de pris. Le radiologue peut voir entre 10 et 15 patientes par jour soit entre 50 et 70 patientes en une semaine.

"Pour l'instant, nous avons apporté quelque chose de nouveau et de très positif pour les femmes des Marquises et maintenant notre souci est de régler les problèmes du coût du transport, les problèmes de remboursement, de tiers payant. " L'archipel est vaste et le déplacement reste encore, pour l'instant, à la charge des patientes qui voudraient se faire dépister. Si le coût reste moins élevé qu'un aller-retour à Tahiti ou Raiatea, il reste quand même conséquent pour les familles modestes.

Pour la mammographie et l'échographie gratuites

Par ailleurs, la mammographie est gratuite, mais " Parfois, il faut préciser les images que l'on voit sur la radio avec une échographie. Elle est quelquefois absolument indispensable pour savoir si, oui ou non, on à faire à un cancer du sein", indique le Dr. Catteau Or l'échographie est payante et il n'y a pas de tiers payants. Les femmes doivent avancer 8000 francs et sont ensuite remboursées un peu moins de 6000 francs par la CPS. Elles n'ont pas forcément les moyens d'avancer cet argent. " Nous voulons que les femmes marquisiennes à qui nous venons de donner la possibilité de faire des mammographies les fassent réellement", ajoute Patricia Grand. " Nous sommes en train de réfléchir avec la CPS pour que le maximum de femmes se fasse dépister. C'est un grand pas en avant. La meilleur politique possible c'est agir dans le domaine du cancer pour qu'il y ait moins de souffrance pour les femmes et leurs familles et moins de dépenses pour la collectivité" complète le radiologue.

Ce dispositif s'inscrit dans la stratégie polynésienne de lutte contre le cancer et le Plan cancer 2018-2022. 70 % des cancers chez la femme sont des cancers du sein. L'essentiel de ces cancers du sein se développent après 50 ans. C'est pourquoi le dépistage du cancer du sein est essentiel et indispensable. Le dr Catteau conclut avec un poème d'un de ses confrères :


"Pour garder mes deux seins,

Et protéger ma vie,

Je vois le médecin,

Pour ma mammographie
."

définition

dépister : trouver une maladie qui ne s'est pas encore manifestée avec comme résultat qu'un cancer du sein petit, de la taille d'un petit pois qu'on ne peut pas encore sentir.

Rédigé par Marie Caroline Carrère le Mercredi 13 Juin 2018 à 11:49 | Lu 899 fois