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Les Français en grève et dans la rue pour réclamer des hausses de salaires


Thomas SAMSON / AFP
Thomas SAMSON / AFP
Paris, France | AFP | jeudi 27/01/2022 - Des premiers cortèges de manifestants se sont élancés jeudi en France, à l'appel de syndicats et d'organisations de jeunesse, pour réclamer des hausses de salaires dans un contexte de retour en force de la question du pouvoir d'achat, à quelques semaines de la présidentielle.

Quelque 170 rassemblements et défilés étaient prévus à l'appel des syndicats CGT, FO, FSU et Solidaires, a souligné jeudi le numéro un de la CGT, Philippe Martinez.

Cette journée "est la convergence de toutes les mobilisations" depuis plusieurs semaines "dans tous les secteurs", a-t-il affirmé lors d'un point presse à la Bastille, la CGT citant l'industrie, l'agro-alimentaire, le commerce, ou la fonction publique.

"Aujourd'hui trop de salariés en activité, trop de pensionnés sont en situation de se loger difficilement, de se chauffer plus difficilement, de se déplacer (...) et la réponse ne peut pas être des substituts, des pansements au dernier moment", a aussi estimé Yves Veyrier (FO).

La CGT pense "faire beaucoup plus que le 5 octobre", a dit à l'AFP Céline Verzeletti, dirigeante confédérale. Cette journée de mobilisation interprofessionnelle avait réuni 85.400 personnes selon le ministère de l'Intérieur, plus de 160.000 selon la CGT.

A Marseille, dans la matinée, plusieurs milliers de personnes - 2.500, selon la préfecture de police - se sont élancées depuis le Vieux-Port, la plupart brandissant des drapeaux de la CGT. Dockers, personnel hospitalier, cheminots, ou retraités figuraient dans le cortège

Les enseignants, déjà dans la rue les 13 et 20 janvier pour protester contre la gestion de la crise sanitaire du Covid-19 à l'école, étaient également mobilisés. En fin de matinée, le ministère de l'Education a fait état d'entre 8 et 9% de grévistes dans le premier et le second degré.

A Paris, les manifestants ont commencé à se rassembler vers midi place de la Bastille pour un "meeting concert", avant de s'élancer vers 14H00 en direction de Bercy.

Des militants - soignants, enseignants ou encore éducateurs - se succédaient au micro pour dire "stop à la régression sociale", ou souligner que "les factures augmentent" mais pas les salaires.

Des personnalités politiques devaient participer à la manifestation, dont les candidats à la présidentielle Fabien Roussel (PCF), Yannick Jadot (EELV) et Jean-Luc Mélenchon (LFI), à l'heure où les sondages mettent en tête des préoccupations des électeurs la question du pouvoir d'achat.

Côté transports, la circulation des trains régionaux était annoncée comme légèrement perturbée, selon la SNCF, avec en Ile-de-France un train sur trois sur la ligne du RER B Nord. Sur les RER A, C, D et la ligne H du Transilien, l'offre était de trois trains sur quatre. 

"Rendre un peu" 

Les organisateurs demandent une augmentation du Smic et du point d'indice des fonctionnaires, et plus généralement de tous les salaires, allocations et pensions de retraite, dans un contexte de forte inflation (+2,8% sur un an en décembre) et de dividendes record.

"Il y a des déclarations de bonnes intentions de la part du gouvernement mais on voit que dans les branches ça coince". (...) Les salariés demandent leur dû", a estimé M. Martinez.

"On est là pour dire qu'il faut un choc d'égalité dans ce pays, que ce n'est pas possible de tenir un discours sur le chômage qui baisse mais qu'en même temps les travailleurs pauvres, la précarité énergétique, la précarité alimentaire se multiplient", a déclaré le co-délégué général de Solidaires Simon Duteil à l'AFP.

La ministre du Travail, Elisabeth Borne, a plaidé pour sa part sur CNews jeudi que le gouvernement était "très attentif au pouvoir d'achat depuis le début du quinquennat".

Et le Premier ministre doit recevoir les partenaires sociaux pour des entretiens bilatéraux d'ici mi-février, comme il l'a fait à plusieurs reprises depuis juillet 2020, a-t-on appris auprès de Matignon. Outre des sujets comme l'avancement de l'agenda social lancé il y a 18 mois, seront évoqués "les sujets de préoccupation des partenaires sociaux".

Le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, martèle lui aussi la nécessité de revaloriser les salaires, plaidant que le patronat doit comprendre que "maintenant il faut rendre un peu". Mais le premier syndicat français n'a pas joint ses forces à l'intersyndicale jeudi, car "le fourre-tout ne marche pas". La CFDT a décidé d'organiser le 3 février "une marche des travailleurs essentiels".

Les organisateurs de la mobilisation de jeudi vont décider vendredi matin de la suite du mouvement, à laquelle l'Unsa et la CFE-CGC ont annoncé leur venue. "L'arc syndical a l'air de s'élargir", s'est réjouie auprès de l'AFP Mme Verzeletti.

le Jeudi 27 Janvier 2022 à 04:36 | Lu 235 fois