Tahiti Infos

Les Etats-Unis en route vers l'indépendance énergétique


Les Etats-Unis en route vers l'indépendance énergétique
LONDRES, 12 nov 2012 (AFP) - Les Etats-Unis deviendront le 1er producteur de pétrole de la planète vers 2017, et un exportateur net de brut autour de 2030, un bouleversement du paysage énergétique provoqué par l'essor des hydrocarbures non conventionnels, prédit lundi l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

"Les développements dans l'énergie aux Etats-Unis sont profonds et leurs effets vont se faire ressentir bien au-delà de l'Amérique du Nord et du secteur", a pronostiqué l'AIE, qui regroupe les grands pays consommateurs d'énergie (Europe, Etats-Unis, Japon), dans la dernière édition du World Energy Outlook, sa grande étude prospective annuelle.

"Vers 2017, les Etats-Unis deviendront le plus gros producteur de pétrole, dépassant l'Arabie Saoudite", a prédit Fatih Birol, le chef économiste de l'agence, lors d'une conférence de presse à Londres.

Cette révolution programmée dans la planète pétrole ramènerait aux débuts de l'industrie pétrolière. De la deuxième moitié du XIXe siècle jusqu'au milieu du XXe siècle, le pays avait été le principal producteur d'or noir au monde, ce qui avait nourri son développement industriel, économique et stratégique. Les Etats-Unis sont devenus dans le même temps la première puissance mondiale.

"Les Etats-Unis deviendront le numéro un mondial incontesté de la production gazière mondiale autour de 2015, dépassant ainsi la Russie", a ajouté M. Birol.

L'AIE appuie ses prédictions sur l'essor de la production des hydrocarbures non conventionnels, autrement dit le gaz et le pétrole de schiste, ainsi que les réservoirs imperméables de pétrole léger (ou "tight oil"), qui furent longtemps considérés trop coûteux et trop difficiles à extraire.

"Le rebond récent de la production américaine de pétrole et de gaz, menée par des essors technologiques qui permettent d'extraire" ces ressources non-conventionnelles, comme la fracturation hydraulique, interdite en France à cause des risques qu'elle fait peser sur l'environnement, "transforme à un rythme soutenu le rôle de l'Amérique du Nord" sur l'échiquier énergétique mondial, explique l'agence.

Les chiffres semblent conforter la prédiction de l'AIE, bien que le débat fasse toujours rage entre les experts sur l'arrivée prochaine du "pic pétrolier", c'est-à-dire le moment inéluctable où la production mondiale d'or noir amorcera son inexorable déclin.

Depuis le début de l'année, les Etats-Unis ont extrait environ 6,2 millions de barils de brut par jour, contre 5 millions en 2008, soit un bond de 24%, selon les statistiques du département américain de l'Energie.

L'AIE anticipe que ce bond de la production américaine, couplé à des mesures visant à réduire la consommation des véhicules, "fera chuter progressivement les importations pétrolières du pays, jusqu'à ce que l'Amérique du Nord devienne un exportateur net de brut, aux alentours de 2030".

Résultat, le Graal de "l'indépendance énergétique", un objectif longtemps considéré comme inatteignable, serait désormais bel et bien en vue pour les Etats-Unis, avance même l'AIE.

Le pays, qui importe actuellement environ 20% de ses besoins en énergie, "deviendra pratiquement auto-suffisant en termes nets, un renversement spectaculaire de la tendance qui prévaut pour la plupart des pays importateurs", prédit-elle.

Cette question s'était d'ailleurs invitée dans la campagne présidentielle. Le républicain Mitt Romney, qui a échoué la semaine dernière à détrôner le démocrate Barack Obama, avait promis l'indépendance énergétique pour 2020, en misant sur les énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), tandis que son concurrent victorieux préférait mettre l'accent sur les énergies renouvelables (solaire, éolien) et les économies d'énergie.

Un tel renversement aurait d'immenses conséquences. Il redessinerait la carte du commerce pétrolier mondial, recentrée sur l'Asie, et avec elle, une grande partie des équilibres et déséquilibres stratégiques actuels.

fpo-jmi/
© 1994-2012 Agence France-Presse

Rédigé par AFP le Lundi 12 Novembre 2012 à 05:29 | Lu 907 fois
           



Commentaires

1.Posté par y t le 12/11/2012 07:09 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

Twitter
L'initiative de désinformation autour du pétrole et de l'énergie en général tourne actuellement à la pure et simple propagande.

Pour les personnes un peu intéressées :
- Les US ont passé leur pic de production en 1970 à 11 millions de barils jours, ils sont aujourd'hui autour de 5ou 6 (il devient de plus en plus difficile de savoir ce que contienne les chiffres entre pétrole, all liquids incluant agro carburants, etc)
- It is a done deal
- Regardez au moins une fois les courbes ci dessous par exemple :
http://www.instituteforenergyresearch.org/wp-content/uploads/2011/02/Field-Production-of-Oil-small.jpg
et :
http://i245.photobucket.com/albums/gg69/jdl75/ushist_zps01ab4a32.jpg

D'autre part il faut aussi savoir que Fatih Birol est le seul rescapé de l'équipe de l'AIE de 1998, équipe qui, sous la direction de Jean-Marie Bourdaire à l'époque, avait essayé de produire un rapport "honnête" : résultat quasiment tous virés.

Depuis l'optimisme et les prévisions de l'AIE décroissent d'année en année pour essayer de ratrapper la réalité, ce qui serait à hurler de rire si ça n'était aussi pathétique, lecture OBLIGATOIRE à ce sujet :
http://petrole.blog.lemonde.fr/how-the-global-oil-watchdog-failed-its-mission

La crise (mondiale) est avant tout un monstrueux choc pétrolier qui ne fait que commencer, celui du pic (maximum de flux,de débit ) mondial de production de pétrole, avec en plus la montagne de dettes qui, soit dit en passant, a démarrée suite au pic US en 1970 et abandon de Bretton Woods.

Rappelons aussi que le premier choc pétrolier etait une conséquence directe du pic de production US en 1970, et non la légende "embargo arabe" ressassée à n'en plus finir (la déclaration de l'"embargo" arabe ayant eu un effet sur le prix, mais un quasi non évènement en terme de nombre de barils), à ce sujet résumé en fin de post :
http://iiscn.wordpress.com/2011/05/06/bataille-et-lenergie/

2.Posté par tevamana le 12/11/2012 11:17 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

@y t

Respect pour ce commentaire...

Si la désinformation règne c'est que le pétrole est la base de notre économie moderne... sans pétrôle, plus de tracteur, plus de voitures, plus de bateaux, plus d'avions...

De nombreux conflits sont étroitement liés au pétrole Irak, Lybie, Afghanistan ()

Une initiative à souligner c'est la politique de redistribution menée au Venezuela, une essence peu chère, des infrastructures financées par le pétrole, écoles, hôpitaux accessibles aux plus démunis... sans occulter les dérives du Chavisme, c'est à souligner.

3.Posté par therese Delfel le 13/11/2012 03:44 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

Deux très bons commentaires, qui rappellent que tout ne se prend pas au pied de la lettre mais l'évidence du bon sens veut que si véritablement les USA parvenaient à une "autosuffisance énergétique" basée pour l'essentiel sur le nouvel "eldorado" du gaz de schiste, ils auront alors à importer de ... l'eau !! En effet, les nappes phréatiques et cours d'eau auront alors été à ce point dégradés, que c'est l'eau potable qui viendra à manquer à des centaines de milliers de personnes ... Barack Obama fait bien de tabler sur la sobriété énergétique et il serait temps de mettre ces paroles en pratique, dans le monde entier d'ailleurs, tant les 30 à 40% de gaspillages habituels, représentent une énormité économique injustifiable, sans parler du monstrueux impact sur ce qui nous permet de respirer, de nous hydrater et de nous nourrir, à savoir, le milieu naturel ! Même les "renouvelables" ne vont pas pouvoir se renouveler à la vitesse à laquelle nous les consommons, gaspillons, et détruisons !