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Le titre-restaurant numérique s'invite à la table des salariés français


PARIS, 7 mars 2014 (AFP) - Attendu avec impatience par les professionnels, le feu vert donné vendredi à la version électronique des titres-restaurant devrait simplifier dès le mois d'avril la fin de repas des restaurateurs et de millions de salariés, grâce au paiement par carte ou par smartphone.

Le décret autorisant l'émission de titres-restaurant sur support numérique (carte, smartphone) est paru vendredi au Journal officiel, donnant le coup d'envoi à un système salué par l'ensemble des émetteurs.

A partir du 2 avril, le traditionnel chéquier de titres restaurant pourra être remplacé par une carte à puce rechargeable, utilisable dans les mêmes terminaux de paiement qu'une carte bancaire. Les entreprises devraient laisser le choix du support à chaque salarié, en cas de coexistence avec le papier.

A l'instar de la version papier, la version numérique est limitée à une dépense quotidienne de 19 euros (soit l'équivalent de deux chèques papier) et n'est pas utilisable le dimanche et les jours fériés (à l'exception des salariés travaillant ces jours-là et sur demande de l'entreprise).

Ces limitations existent déjà pour la version papier, mais ne sont pas toujours respectées. Avec la version électronique, les émetteurs devront prévoir une "fonctionnalité de blocage automatique du paiement", précise le décret.

La valeur moyenne d'un titre restaurant est de 7,31 euros pour le marché, explique Emmanuel Rodriguez-Maroto, président de Resto Flash, qui a lancé début 2013 une application de titres restaurant payés par flashcode, avec un smartphone.

- Repas chaud et avantages fiscaux-

Simplification d'utilisation pour les salariés, les entreprises clientes et les restaurateurs, pérennité garantie, fluidité et rapidité des transactions, sécurité et contrôle du réseau, les éloges ne tarissent pas pour ce dispositif social utilisé par 3,5 millions de salariés en France.

Autre avantage: le salarié est facturé au centime près, retrouvant ainsi un peu de pouvoir d'achat. Terminées les circonvolutions et pertes de temps à la caisse pour calculer le complément éventuel en liquide ou, interdits mais pratiqués, le rendu de monnaie ou l'avoir.

Le affiliés (182.000 restaurateurs et commerçants agréés) et les entreprises vont, eux, bénéficier d'une simplification administrative. Les premiers pourront par exemple être remboursés automatiquement en seulement 48 heures, en fonction de leurs accords avec les émetteurs.

Le titre-restaurant est né il y a une cinquantaine d'années en France pour permettre aux salariés de s'offrir un repas chaud à midi, moyennant des avantages fiscaux pour les entreprises.

Un marché de 5,1 milliards d'euros (705 millions de titres émis en 2011) que se partageaient jusqu'à l'an dernier quatre émetteurs: Edenred (Ticket Restaurant), Sodexo (Chèque Restaurant), Chèque Déjeuner et Natixis (Chèque de Table).

Ils sont désormais concurrencés par deux nouveaux entrants: Moneo Resto (carte type bancaire) et Resto Flash (smartphone). Et d'autres devraient se lancer maintenant que le support numérique a été adoubé par l'Etat français.

"La dématérialisation est une opportunité pour élargir le marché, notamment parce que celui des TPE et PME reste encore très largement sous-exploité", a indiqué Jean-Jacques Vironda, directeur stratégie et développement de Sodexo SAR France. "Et tout le monde sera à armes égales".

Edenred, l'un des fleurons mondiaux de services prépayés aux entreprises (Ticket Restaurant, chèque emploi service, Ticket Kadeos, etc), souhaite dématérialiser plus de 75% de son volume mondial d'émission d'ici 2016, contre 58% actuellement. Il alimente 1,3 million de salariés en France en titres-restaurant.

"Le changement va être progressif, avec une coexistence du papier et de la carte pendant quelques années, qui pourra être complémentée par le mobile", a estimé M. Vironda. "Dans cinq ans, la moitié (des titres-restaurant) pourrait être dématérialisée" en France où son groupe revendique 20% de parts de marché.

"La tendance de fond pour le numérique est vraiment là", s'est réjoui Serge Ragozin, directeur général de Moneo Resto, qui vise une part de marché de 10% à horizon 2017.

Sa carte prépayée, qui célèbre ce mois-ci son premier anniversaire, avait convaincu fin 2013 environ 300 entreprises représentant autour de 15.000 salariés.

Selon M. Ragozin, les pouvoirs publics ont prévu un suivi trimestriel pour "voir si le décret permet le développement de la dématérialisation".

Rédigé par () le Vendredi 7 Mars 2014 à 05:26 | Lu 462 fois