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Le système sanitaire new-look examiné par les représentants


Le schéma d’organisation sanitaire prévoit de rassembler les hôpitaux de Taaone, Taravao et Uturoa  au sein d'une communauté hospitalière polynésienne autour d’une entité unique.
Le schéma d’organisation sanitaire prévoit de rassembler les hôpitaux de Taaone, Taravao et Uturoa au sein d'une communauté hospitalière polynésienne autour d’une entité unique.
PAPEETE, le 15 février 2016. Les élus à l'assemblée doivent examiner ce mardi les orientations stratégiques 2015-2024 de la politique de santé et le schéma d'organisation sanitaire 2015-2020 du Pays. Ces deux documents très importants jettent les bases du nouveau système de santé polynésien qui va permettre avec la réforme de la Protection généralisée prévue dans les prochains mois de contenir les dépenses de santé et de prodiguer les meilleurs soins possibles.

Alors que les discussions sur la réforme de la protection sociale généralisée sont toujours en cours, le schéma d'organisation sanitaire (SOS) va poser les bases d'une nouvelle gestion de la santé publique qui permettront en partie de réguler les déséquilibres structurels de la PSG.
Ce SOS méritait d'être dépoussiéré depuis un moment car celui qui est en vigueur aujourd'hui au fenua date d'il y a 13 ans ! Les gouvernements qui se sont succédé depuis 2008 se sont renvoyé la balle de 2008 à 2014 mais la réforme du système de santé ne peut plus attendre et va de pair avec la réforme de la protection sociale généralisée qui devrait aboutir dans les prochains mois.

Le ministère de la Santé a travaillé l'an dernier sur une politique de santé pour les dix ans à venir et s’est fixé une feuille de route avec des orientations stratégiques 2015-2024. Le Schéma d’organisation sanitaire (SOS) 2015-2020 définit les premières mesures à mettre en œuvre. Ce sont ces deux documents qui devront être examinés ce mardi par les représentants à l'APF.
Le SOS est articulé autour de six axes (voir ci-contre).
Pour chaque mesure à mettre en place, un tableau liste les bénéfices attendus, les conditions de réussite, les enjeux financiers associés, le niveau de difficulté de sa mise en place et son calendrier.
La création d'une Autorité de régulation de la santé et de la Protection sociale devrait faire partie des premières mesures mises en place cette année. Elle sera chargée de la définition des orientations stratégiques, de la mise en œuvre et de la régulation de la politique de santé. Le Pays ne dispose, en effet, plus d’observatoire de la santé depuis 2003. "La fonction d’observation de la santé est essentielle pour permettre la prise des bonnes décisions au travers des appels à projet et des financements", note le schéma d’organisation sanitaire.


L'efficacité comme maître-mot

Parallèlement, les activités publiques de soins primaires et de prévention opérées par la Direction de la santé ainsi que les hôpitaux de Moorea et Taiohae seront regroupés dans un Etablissement public unique. Les hôpitaux de Taaone, Taravao et Uturoa seront eux rassemblés au sein d'une communauté hospitalière polynésienne autour d’une entité unique. Les objectifs visés sont toujours les mêmes : efficacité des soins et économies. Cette réorganisation permettra ainsi de renforcer les "synergies et rotations dans la communauté des soignants", de mettre à "niveau (les) pratiques et normes de Uturoa et Taravao", détaille le SOS. Côté financier, cela aura pour conséquence de réduire en partie les frais liés aux évacuations sanitaires.
Le schéma d'organisation sanitaire fait aussi le bilan de ce qui a été fait par le passé et revient notamment sur les erreurs. « Dans le domaine de la prévention, alors que la Polynésie française était un exemple régional dans le développement de ses programmes, ce pan d'activité est en fort déclin", peut-on lire dans le document. "La suppression du fonds de prévention en 2010 et la réduction des budgets alloués ont causé la suspension de certaines activités prévues par les programmes de dépistage des cancers gynécologiques, de lutte contre l'alcool et la toxicomanie, de prévention du diabète et de l'obésité, de vaccination, de surveillance et de contrôle des maladies infectieuses et de gestion des épidémies, de contrôle de l'hygiène et de la salubrité publique. »
Or, pour contenir l'explosion des dépenses de santé, la prévention est indispensable. Le Schéma d'organisation sanitaire rappelle que "la dernière enquête, réalisée en 1995, estimait la prévalence du surpoids dans la population à 71% environ (37% au stade d’obésité), celle du tabagisme à 36%, de la consommation excessive d’alcool à 30%, du diabète à 16% et de l’hypertension artérielle à 17% (au sein de la population adulte)". Toutes des pathologies qui peuvent être limitées en modifiant nos modes de vie.



Les six axes majeurs du SOS

1. Restaurer l’Autorité du Pays, par la mise en place d’une Autorité de régulation de la santé et de la Protection sociale
2. Améliorer la santé primaire en faveur des archipels
3. Adapter l’offre de santé à l’évolution des besoins
4. Faire de la prévention du surpoids un choix majeur pour la santé des Polynésiens
5. Relever le défi du bien vieillir en partenariat avec le ministère en charge de la solidarité
6. Soutenir l’ensemble des efforts par la constitution d’un espace numérique de santé polynésien

Un appel à projets pour lancer un pôle privé unique

Le schéma d'organisation sanitaire insiste sur le besoin de créer un pôle privé unique. « Les avantages de la création d’un pôle privé unique sont multiples », met en avant le document. « D’abord, les cliniques actuelles connaissent des limites fortes en matière de bâtiments et de respect des normes actuelles et à venir. »
La situation actuelle, avec deux cliniques distinctes, a des limites selon le schéma d'organisation sanitaire . "La taille de ces deux équipements ne leur permet pas d’optimiser leur offre et les rend potentiellement fragiles y compris sur le plan économique", note le rapport. "Le regroupement permettait de renforcer la qualité et la sécurité des soins (nombre d’interventions et d’accouchements, de séjours, mutualisation des plateaux techniques, des ressources humaines...)."
En plus d'un "plateau technique de qualité, performant et sécurisé", le schéma d’organisation sanitaire souhaite que cette réorganisation permette une complémentarité entre le public et le privé, évitant ainsi les doublons et permettant une meilleure efficacité.
La réduction des doublons logistiques et organisationnels (laboratoire, pharmacie à usage intérieur, imagerie, gardes et astreintes nécessaires…) devrait à terme générer des économies.




Rédigé par Mélanie Thomas le Lundi 15 Février 2016 à 12:50 | Lu 968 fois