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Le site ciguatera-online séduit à l'international


Crédit : Grégory Boissy - ILM
Crédit : Grégory Boissy - ILM
PAPETTE, le 8 juillet 2015 - Depuis sa mise en ligne fin février, le site de l’Institut Louis Malardé sur la ciguatéra a vu passer plus de 3 600 visiteurs. Ils sont Polynésiens en grande majorité, mais aussi Américains, Français, Britanniques, … D’où ce projet d’internationaliser la carte interactive du site.

Le site Internet de l’Institut Louis Malardé (ILM,) ciguatera-online, a été officiellement lancé fin février. Il est le fruit de Clémence Gatti, chercheuse au laboratoire micro-algues toxiques de l’ILM. Celle-ci s’est appuyée sur le savoir-faire du bureau d’études Pae Tai Pae Uta et de l’entreprise Fenua Geeks ainsi que sur les connaissances d’un médecin conseil du Centre hospitalier de Polynésie française. Depuis, plus de 3 600 visiteurs ont surfé sur le site. "Ces visiteurs sont Polynésiens pour la plupart", rapporte Clémence Gatti. "Mais il y a aussi de nombreux internautes étrangers et en particulier des Américains, Français, Britanniques, Canadiens et Australiens", s’étonne-t-elle. "C’est pourquoi je compte ouvrir l'accès au système de déclaration et à la cartographie à l'international, d'une part, parce qu'il y a une demande de la part des internautes mais aussi pour répondre à des projets internationaux de gestion globale managés par la commission océanique intergouvernemental de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture." En attendant, Clémence Gatti s’attache à faire connaître le site en Polynésie française. Elle espère que les médecins et les structures de santé (publiques et privées) prendront tous, un jour, l’habitude de déclarer leurs cas de ciguatéra. Au fur et à mesure des feedback, Clémence Gatti aimerait aussi faire évoluer le forum du site en le scindant en deux parties, l’une réservée au public et l’autre aux professionnels.

TOUS LES CAS COMPTENT


En plus des actions de communication directe (échange avec des interlocuteurs) et indirecte (affichage de poster), Clémence Gatti s’appuie sur le réseau sentinelle pour faire connaître son site. Le réseau sentinelle est un groupe de médecins du secteur public qui doivent déclarer obligatoirement certaines maladies lorsque leurs patients en souffrent (notamment dengue et leptospirose) de façon à suivre l’évolution des épidémies. Les médecins du réseau sentinelle ont aussi la possibilité de déclarer les cas d’autres maladies, comme la ciguatéra. "Mais cela ne suffit pas", constate la chercheuse. "Sans obligation, tous les professionnels du public ne jouent pas le jeu car ils ont beaucoup à faire par ailleurs. D’autre part, les structures privées ne sont pas concernées et les données ne peuvent donc pas être exhaustives." Or, pour mieux comprendre la ciguatéra, mais aussi pour mieux s’en prémunir, tous les cas comptent.

Les étapes de la déclaration en ligne

Que vous soyez infirmier, médecin, pêcheur ou "simple" consommateur de poissons vous pouvez faire une déclaration en ligne pour vous ou pour votre patient. Cette déclaration se déroule en quatre étapes. Vous devez :

- vous inscrire en renseignant un pseudonyme et un mot de passe. Ce qui permet de limiter les déclarations abusives et, pour Clémence Gatti, de recontacter les internautes sans avoir besoin de leur nom ou leur prénom. Les données relatives à la santé doivent en effet rester anonymes.
- préciser ensuite votre sexe, votre âge, votre poids et votre taille, la taille du poisson ou du vertébré consommé, les parties de l’animal consommées. Une carte avec une résolution assez fine permet de situer le lieu de vie de l’animal. Une base de données permet par ailleurs de vous aider à reconnaître l’espèce de poisson ou de vertébré que vous avez mangé si vous ne le connaissez pas.
- indiquer les symptômes médicaux aigus (qui surviennent quelques heures après le repas) en décrivant les troubles et leur niveau d’intensité. Un espace commentaire est aussi prévu.
- rapporter les symptômes médicaux chroniques s’il y a (ceux qui surviennent plusieurs semaines, mois, voire années après l’intoxication).
Depuis le lancement du site une dizaine de médecins et structures de santé ainsi qu’une dizaine de de particuliers ont utilisé l’outil de déclaration en ligne.

La ciguatéra c’est quoi ?

La ciguatéra c’est une intoxication alimentaire par un poisson ou un invertébré marin (oursins, bénitiers, troca). Ceux-ci, alors qu’ils paraissent frais à l’œil nu, sont rendus toxiques par une toxine. La toxine est issue chez les poissons d’une micro-algue (le dinoflagellé Gambierdiscus), chez les invertébrés d’une cyanobactérie. Concrètement les poissons ou invertébrés s’infectent comme suit : une agression d’origine naturelle (cyclone, houle violente) ou humaine (pollution, travaux, échouage) détruit le corail. Une fois le corail détruit, une algue visible à l’œil nu s’installe. Puis arrive Gambierdiscus la productrice de toxine. Elle est invisible à l’œil nu. Les poissons ou les invertébrés mangent le corail plein de toxine. L’homme mange les poissons ou les invertébrés intoxiqués et tombent malades. La ciguatéra évolue dans le temps et dans l’espace en fonction des agressions et des reconstructions du corail. D’où l’intérêt d’avoir en temps réel ou presque une carte qui situe les zones à ciguatéra.

Crédit : Grégory Boissy - ILM
Crédit : Grégory Boissy - ILM

Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 8 Juillet 2015 à 17:08 | Lu 1081 fois