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Le savoir-faire de Rurutu exposé à l’APF


L’exposition à l’assemblée de la Polynésie française, sur le thème de “Rurutu, fière de notre patrimoine tressé”.  Crédit : Tom Larcher
L’exposition à l’assemblée de la Polynésie française, sur le thème de “Rurutu, fière de notre patrimoine tressé”. Crédit : Tom Larcher
Tahiti, le 23 avril 2024 - Du 22 avril au 5 mai, la vannerie des îles Australes est à l’honneur à l’assemblée de la Polynésie française. Pendant deux semaines, les artisans de l’archipel présenteront leur savoir-faire et leur production disponible à la vente, de 8 à 17 heures.
 
Ce mardi 23 avril, dans le hall René-Leboucher de l’assemblée de la Polynésie française, une trentaine d’artisans originaires de Rurutu dans les îles Australes proposent leurs œuvres à la vente. Le thème de cette exposition : “Rurutu, ‘a faufa’a mai ta taua rara’a taviri pere’ou”, qui signifie “Rurutu, fière de notre patrimoine tressé”. En effet, si l’art de la vannerie (art qui consiste à concevoir des objets à partir de tressage de fibres végétales) s'est largement répandu dans les îles Australes et par extension dans toute la Polynésie au fil du temps, Rurutu est fière d’exposer aujourd’hui son savoir-faire millénaire, “un savoir-faire qui se transmet de génération en génération” sur l’île, explique un artisan.
 
Pendant deux semaines, chapeaux, pē’ue ronds, paniers, éventails et boucles d’oreilles, entre autres, raviront les touristes internationaux mais aussi les habitants de Tahiti venus se faire un petit cadeau, tissé de savoir-faire et de pandanus. “Ce sont quand même les chapeaux et les paniers qui ont le plus de succès”, révèle une artisane originaire de l’île de Rurutu. Il est donc possible d’acheter des produits finis élaborés des mains des artisans, mais aussi des rouleaux de pandanus, les feuillages utilisés pour la conception des œuvres, afin de s’essayer directement à la vannerie. Il est quand même préférable de prévenir : l’art de la vannerie est complexe et un panier réalisé à la suite d’un apprentissage autodidacte n’arrivera sûrement jamais à la cheville de celui réalisé par un artisan de Rurutu !

 

La conception d’une œuvre :

Papetai, en train de confectionner une natte ronde en pandanus.  Crédit : Tom Larcher
Papetai, en train de confectionner une natte ronde en pandanus. Crédit : Tom Larcher
Papetai est un artisan originaire de Rurutu. Pendant qu’une foule de touristes regarde avec envie ses œuvres, les essaie, hésite à les acheter, l’homme est assis et tresse à même le sol. D’un geste de doigt habile, il superpose des feuilles de pandanus séchées pour confectionner une natte ronde de plusieurs mètres de diamètre. “Ça peut prendre trois jours de tressage, en fonction de la taille”, révèle-t-il. Un travail d’orfèvre, qui se décompose en plusieurs étapes et qui ne s’apprend pas du jour au lendemain. Papetai a appris cet art en regardant ses proches l’exercer de manière quotidienne. “On a appris quand on était petit, on regardait comment les grands-mères faisaient.” Une tonne d’expérience acquise par des années de mimétisme dont il témoigne aujourd’hui.
 
Tout d’abord, Papetai récolte le pandanus. Une plante souple et propice au tressage qui pullule dans les Australes. Ensuite, grâce à une technique rodée, il fait sécher le pandanus au soleil pour le rendre manipulable. “Ça peut prendre deux à trois semaines, c’est le soleil qui décide”, surenchérit un autre artisan. La vannerie sollicite la patience. Enfin, quand la plante est prête (encore faut-il avoir l’expérience de ces artisans pour savoir quand elle l’est), Papetai peut passer à la conception. Il décide alors de la forme et de l’objet qu’il désire tresser.
 

Un savoir-faire à protéger

Les rouleaux de pandanus qui servent à la confection des œuvres.  Crédit : Tom Larcher
Les rouleaux de pandanus qui servent à la confection des œuvres. Crédit : Tom Larcher
Ce genre d’exposition est là pour ça : protéger et mettre en avant ce savoir-faire acquis au fil du temps qui ne saurait être égalé. Mais un artisan présent à l’exposition avertit d’une chose : des gens peu scrupuleux profiteraient de l’expérience des artisans pour s’enrichir. Ils achèteraient des produits aux artisans de Rurutu en y ajoutant un logo ou un bijou afin de les vendre plus cher. “Il y a des gens qui profitent des prix de l’exposition qui sont plutôt bas, ils achètent beaucoup de produits puis vont ensuite rajouter un logo, une nacre et vont les revendre le double, le triple du prix ! Tout ça au lieu d’apprendre à tresser, c’est un vrai business.” Il faut donc être vigilant quand on veut s’acheter un produit artisanal des Australes, car le savoir-faire a un prix, autant le payer à l’artisan.

Rédigé par Tom Larcher le Mardi 23 Avril 2024 à 17:07 | Lu 824 fois