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Le renouvelable manque d'énergie


Tahiti, le 6 février 2020 – A l’occasion du bilan énergétique 2018 de la Polynésie française, la ministre en charge de l'Energie, Tea Frogier, a annoncé que le Pays devait revoir à la baisse ses ambitions d’atteindre 75% d’énergies renouvelables en 2030.
 
Le bilan énergétique de 2018 de la Polynésie française a été présenté par la ministre en charge de l'Energie, Tea Frogier, ce jeudi à la présidence, à partir des chiffres de l’Observatoire polynésien de l’énergie. Premier constat, la dépendance énergétique totale de la Polynésie française aux énergies fossiles importées a été de 93,2% en 2018. Il s'agit de la part d'hydrocarbures importés pour pouvoir assumer les besoins en énergie de la population. A contrario, la part totale des énergies renouvelables dans les besoins énergétiques de la Polynésie est donc seulement de 6,3%.
 
Un chiffre assez faible qui s’explique par la part très importante du premier poste de consommation de cette énergie : le secteur des transports. En effet, selon les chiffres de l’observatoire, les transports routiers, maritimes et aériens représentent 50,8% de la consommation totale d’énergie primaire. Le seul secteur des transports routiers représente d’ailleurs 26% de la consommation d’énergie et "45% des émissions des gaz à effet de serre au total" sur l'ensemble de la Polynésie, explique le responsable de l'Observatoire polynésien de l'énergie, Teiki Sylvestre-Baron.

Objectifs revus à la baisse

En revanche, la part des énergies renouvelables dans la production électrique en Polynésie française était de 29,2% en 2018. Dans son plan de transition énergétique présenté en 2015, le gouvernement avait formalisé sa volonté d'atteindre une production électrique à 50% d'énergies renouvelables en 2020 et à 75% d'ici 2030. Interrogée sur ces objectifs, la ministre en charge de l’Energie, Tea Frogier, affirme qu’en ce début 2020, la part des énergies renouvelables est de « 36 à 40% ». Et encore, il ne s’agit que de Tahiti Nord. La prise en compte de la totalité des îles de la Polynésie faisant baisser encore ce chiffre. « On a peut-être manqué de vigilance et de pilotage », a concédé Tea Frogier, « on ne disposait pas d’un outil comme l’observatoire ».
 
Mais surtout, la ministre a annoncé que les objectifs de 75% d’énergies renouvelables en 2030 ne seraient vraisemblablement pas tenus "tout simplement parce qu'on n'a pas suffisamment de projets qui vont être mis en place pour nous permettre d'atteindre cet objectif." Selon Tea Frogier, le Pays pense que d'ici 2030, seule la barre des « 60 à 65% » est atteignable. "Ce n'est pas pour autant qu'on doit diminuer nos efforts", a-t-elle conclu.
 
Notons tout de même qu’en comparaison de son voisin calédonien, le fenua fait office de très bon élève. La Nouvelle-Calédonie, quant à elle, a une production électrique à 11% d'origine renouvelable. Et selon le conseiller technique de la ministre, Samy Hamdi, la Polynésie est le troisième territoire ultra-marin en termes d'énergies renouvelables.

Et maintenant ?

Pour Tea Frogier, cette situation de dépendance aux hydrocarbures justifie "le positionnement du gouvernement dans le cadre des accompagnements pour promouvoir les véhicules hybrides et électriques, mais aussi dans les transports en commun avec la mise en circulation de bus électriques". Pour ce qui est des projets d’énergies renouvelables prévus dans les prochaines années, la ministre a ajouté que le Pays restait tributaire de la question de la compétence des communes en matière d’énergie.

le Jeudi 6 Février 2020 à 19:49 | Lu 3242 fois