Tahiti Infos

Le ras-le-bol des personnes handicapées de Taoe


Chanterel Hauata, appelé Coco au quotidien, se fait le porte-parole des habitants handicapés de la résidence Taoe de Hamuta.
Chanterel Hauata, appelé Coco au quotidien, se fait le porte-parole des habitants handicapés de la résidence Taoe de Hamuta.
PIRAE, le 11 avril 2018. La résidence Taoe, à Pirae, accueille des personnes handicapées. Depuis trois ans, ces personnes subissent les nuisances sonores et les agressions d'un couple, qui s'est vu retirer la garde de son enfant handicapé pour cause de maltraitance. Les habitants expriment leur ras-le-bol. L'OPH assure que le problème sera réglé d'ici trois mois.

Depuis 2006, Chanterel Hauata, appelé Coco au quotidien, habite dans la résidence Taoe à Hamuta. Malvoyant, il a été logé dans cette résidence lors de son ouverture. La vocation de cet immeuble, doté d'un ascenseur, était d'accueillir des personnes en situation de handicap (malvoyant, hémiplégique…). Jusqu'en 2015, tout se passe bien pour tous les habitants. Mais il y a trois ans, un couple arrive avec son enfant handicapé. Le jeune adolescent, maltraité, est placé au bout d'un an et demi en famille d'accueil. Michel, tétraplégique, se souvient encore entendre les coups tomber sur ce jeune enfant. Le garçon parti, le couple reste tout de même dans l'appartement. Sous l'emprise de l'alcool et du paka, le couple crie ou se dispute souvent. Dans leur F1, ils ont également cinq chiens qui vont aussi dans les parties communes. La semaine dernière, le kinésithérapeute de Michel, qui vient tous les jours de la semaine lui procurer des soins, se fait importuner par un chien. Après avoir tenté de le repousser en faisant du bruit, son maitre est intervenu en insultant le professionnel de santé et en s'interposant physiquement devant lui. Une goutte d'eau qui fait déborder le vase du ras-le-bol pour tous ces résidents.

Ce bruit est très pesant pour ces personnes qui passent beaucoup de temps dans leur logement. Allongé dans son lit, Michel passe ses journées en regardant la télé. Ce mardi matin, le son est à peine perceptible. "Je mets le son très bas car j'ai peur qu'il vienne me dire que je fais trop bruit et que cela parte en insultes". La soirée, la femme de Michel, le rejoint après sa journée de travail et tente de se reposer.

Du bruit jour et nuit
Entre l'appartement de Coco et de Michel, Ferdinand a posé ses affaires en 2015 dans cette résidence avec sa femme après avoir passé neuf mois au centre Te Tiare. "En arrivant, j'étais soulagé car je me suis dit : 'ouf, j'ai une maison adaptée à ma situation'. Au fil des jours, ma déception a commencé à grandir. J'ai vu des gens sous le fare pote'e qui buvaient, fumaient, qui tapaient avec les pieds dans les portes…" Ces nuisances sont difficiles à gérer au quotidien. "Des fois, ça m'énerve. J'ai des crises", ose-t-il dire, assis dans son fauteuil roulant. "Ma femme travaille la journée, elle voudrait se reposer le soir. Mais ils font du bruit aussi bien le jour que la nuit".


Le petit-fils de Chanterel Hauata a lancé une alerte lundi sur les réseaux sociaux. Son post a été partagé plus de 800 fois.
Le petit-fils de Chanterel Hauata a lancé une alerte lundi sur les réseaux sociaux. Son post a été partagé plus de 800 fois.
"Les habitants de la résidence, aveugles pour certains, tétraplégiques ou hémiplégiques pour d'autres sont lourdement malades et hypersensibles au bruit. Ils ont un besoin évident de calme et de tranquillité", écrivait déjà en mai dernier Coco dans une lettre adressée au maire de Pirae, au directeur de l'OPH et au ministre du Logement. "Lorsque nous avons tenté de demander à ces personnes de respecter le règlement et les voisins, le beau-père (du jeune adolescent handicapé) nous a répondu par la menace et la violence sans rien vouloir entendre".

"Un manquement majeur au règlement"
Aujourd'hui, c'est l'OPH qui gère cette résidence, Moana Blanchard, directeur de l'OPH, a précisé ce, mercredi "avoir enclenché une action en contentieux vis-à-vis de ce couple" après l'agression du professionnel de santé la semaine dernière. Cet évènement est "un manquement majeur au règlement de la résidence", souligne-t-il. "La situation ne va pas rester telle qu'elle est. Ils vont recevoir un commandement par huissier qui leur signifiera la résiliation du bail." Selon lui d'ici, trois mois, ce couple devrait avoir quitté les lieux. Les habitants espèrent que cet ultimatum sera le dernier, en juin 2017, la mairie, après plusieurs interventions des muto'i, avait déjà interpellé le directeur général de l'OPH pour faire part du "ras-le-bol et de la crainte des locataires de la résidence" envers un des locataires.
A bout, après avoir envoyé des courriers, porté plainte auprès des différents services, les habitants de la résidence souhaiteraient simplement que cette famille parte pour retrouver "leur havre de paix" souligne Coco."S'il y avait eu un gardien, il n'y aurait jamais eu tous ces problèmes (…) Il veillerait à la surveillance de la résidence, au respect du règlement intérieur et à l'entretien des parties communes. Ce pourrait être un habitant de la résidence."


Rédigé par Mélanie Thomas le Mercredi 11 Avril 2018 à 17:00 | Lu 5191 fois