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Le projet aquacole de Hao une nouvelle fois modifié


Les équipes de la maitrise d'œuvre travaillent "d'arrache-pied" sur la dernière mouture du projet.
Les équipes de la maitrise d'œuvre travaillent "d'arrache-pied" sur la dernière mouture du projet.
PAPEETE, le 15 mai 2019 - Il fait partie des projets les plus attendus au fenua. Le projet aquacole de Hao connait encore des retards au niveau du calendrier. De nouveaux permis de construire doivent être demandés suite à des modifications techniques qui ont été apportées au projet.

La première pierre de ce projet aquacole de Hao avait été déposée en mai 2015. Depuis, plus aucune avancée n'a été perçue, sauf des dates qui ont été annoncées puis repoussées.

Aujourd'hui, cette affaire connait de nouveaux retards. En cause notamment, des modifications qui ont été apportées par l'investisseur, Wang Cheng. "Ce sont des modifications techniques, comme par exemple pour la base vie que l'on a déplacée. Par ce simple fait, le permis de construire précédent ne peut plus être utilisé en l'état. On leur a expliqué dès lors qu'il commence à modifier un point, deux points il était évident que le permis de construire qui a été délivré allait tomber et qu'il serait nécessaire dans ces cas-là de refaire une nouvelle demande", précise Mara Aitamai, de la société MDM, consultant à la maîtrise d'ouvrage déléguée.

Et de rajouter : "Il s'agit notamment de la modification de la taille des bassins, de l'annulation de la route côté lagon. Sur le projet primaire, l'investisseur chinois avait prévu 57 bassins. Il faut savoir que chaque bassin au départ était à peu près de la même dimension que la piscine de Tipaerui. Mais après plusieurs déplacements de Wang Cheng, l'idée qu'il a eue était d'augmenter le nombre de bassins mais de réduire leurs dimensions. On est donc passé de 57 à 87 bassins. Pas pour produire plus de poissons mais pour mieux maîtriser l'évolution des larves qui sortiront de l'écloserie."

Les équipes de la maitrise d'œuvre travaillent "d'arrache-pied" sur la dernière mouture du projet. La nouvelle demande du permis de construire de la base vie, révélée cette semaine par Polynésie la 1ère, sera déposée "dans les meilleurs délais", c'est-à-dire "avant la fin du mois de juin". "Et on pourrait obtenir ce nouveau permis à la fin du mois de juillet", assure Mara Aitamai. Selon le maître d'œuvre, le chantier de la base vie, "qui accueillera les futurs travailleurs, pourrait être achevé à la mi-novembre. Ensuite il faudra déposer une demande de permis pour la grande base d'exploitation aux alentours de la fin du mois septembre. Pour espérer obtenir un permis de construire en bonne et due forme en janvier prochain."

Concernant les fameux containers, selon Mara Aitamai, ils sont sur la bonne voie. "Une bonne partie des containers sont terminés. Ils sont en train de façonner les containers qui vont servir de base commune, c’est-à-dire tout ce qui est douche, toilette et laverie. Le plus compliqué ce sont les bureaux parce qu'il faut des câbles et tout ce qui va avec."

Ce sont en tout 237 containers qui devraient arriver dans les prochains mois pour la base vie, "et peut-être une dizaine voire une quinzaine pour le centre de recherche".

Une fois que la base vie sera terminée et que les premiers chercheurs Chinois seront installés, place à la récolte des larves. "Elles seront collectées aux abords des récifs de Hao. Les géniteurs seront ensuite pêchés en profondeur aux alentours de 30-40 mètres minimum. Pour cela, on irait plutôt du côté de Amanu où on a détecté notamment des espèces de mérous et de napoléon", précise le maître d'œuvre.

Avant que les nouveaux plans ne soient publiés dans les médias, le maître d'œuvre voudrait qu'ils soient présentés au gouvernement. La question qui se pose aujourd'hui : Est-ce-que ce projet verra réellement le jour cette année ou pas ?

Ce qui est certain, c'est que dans ce projet, la société Tahiti Nui Ocean Food investira 39 milliards de francs. Le pays, pour sa part, s'est chargé de mettre un foncier à la disposition de l'investisseur et de le nettoyer. En 2017, le Pays a construit la route de contournement avant de prolonger la digue de protection. L’État s'est chargé, de son côté, du nettoyage des sites pollués.


Théodore Tuahine
Maire de Hao

"Je ne veux plus m'avancer et j'attends de voir"


"Par rapport au projet, le moral est saturé, dans le sens où il faut dire aux gens que ce qui a été décidé avant a encore été refait. Cela fait 5 ans qu'on redit les mêmes choses. Donc, aujourd'hui, je ne veux plus m'avancer et j'attends de voir. Cependant, le moral doit rester au beau fixe pour que le projet puisse voir le jour. Et c'est ce que nous voulons avec mon conseil municipal. Le plus important pour nous est de développer des activités pour les habitants de Hao. C'est vrai aussi que les gens sont fiu."



Mara Aitamai
Maitre d'œuvre

"Il faut encore patienter"


"Ce projet de ferme aquacole est certainement l'un des plus importants pour le pays. Il y a tellement de paramètres et d'autres facteurs qui doivent trotter dans la tête de l'investisseur et qu'il souhaite améliorer. Il a annoncé en tout cas à une certaine époque à la population de Hao qu'il souhaitait faire de l'atoll une vitrine de son savoir-faire. Il veut vraiment un outil proche de la perfection. On voudrait simplement dire à la population qu'il faut encore patienter. Mais la partie de la population qui râle le plus est celle qui s'inquiète de l'impact environnemental du projet. Je les ai rencontrés et j'ai proposé de les intégrer dans les commissions de sécurité et de suivi une fois que le chantier aura démarré. On va y aller en toute transparence. Nous allons certainement avancer à vitesse grand V mais ils pourront toujours nous poser des questions sur des points qui les dérangent et nous apporterons les réponses qu'il faut."




le Mercredi 15 Mai 2019 à 18:26 | Lu 2878 fois