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Le premier dictionnaire bilingue illustré pour les enfants


Tahiti, le 16 avril 2021 - Le ministre de la Culture chargé de la promotion des langues polynésiennes Heremoana Maamaatuaiahutapu et la directrice de l’Académie tahitienne Flora Aurima-Devatine ont présenté vendredi le premier dictionnaire bilingue français-tahitien illustré. Il est destiné à l’usage des enfants à partir du cours élémentaires jusqu’aux élèves de 6ème et de 5ème, mais pas que...

La directrice de l’Académie tahitienne – Fare Vâna’a, Flora Aurima-Devatine et le ministre de la Culture, Heremoana Maamaatuaiahutapu ont présenté vendredi matin le premier dictionnaire bilingue illustré français-tahitien. L’ouvrage comporte 329 pages et donne la définition de 1587 mots accompagnés de 626 illustrations.

Quatre années de travail

La réalisation de ce dictionnaire, freinée l’année dernière par la crise sanitaire, aura pris quatre ans. L’idée de sa création vient de Joanna Nouveau, académicienne chargée de superviser l’enseignement du tahitien dans les classes du premier cycle. Ce dictionnaire bilingue français-tahitien pour enfant vient s’ajouter à la collection des ouvrages de la langue tahitienne déjà existants et élaborés depuis 1973 par l’Académie tahitienne : La grammaire de la langue tahitienne, le dictionnaire tahitien-français (Fa’atoro parau), les dictionnaires français-tahitien (A-D et E-I), deux lexiques thématiques, deux recueils de textes choisis (Hei Pua Ri’i) et le dictionnaire tahitien-français en ligne.

Corriger pour continuer à transmettre

« Les plus de 1500 mots inscrits correspondent à l’ensemble des mots qu’un enfant du CP jusqu’au CM2 doit connaître. Si ils assimilent bien ce vocabulaire, alors ils seront capables de bien s’exprimer en tahitien», assure Flora Aurima-Devatine. « Il faut aussi que, dans les familles, il y ait une volonté de transmission. Ce dictionnaire est un outil à destination des enfants qui pourront interpeler leurs parents. Il peut recréer une ambiance intrafamiliale qui permettrait aux parents de reparler leur langue dans les familles. L’idée serait que chaque foyer ait un exemplaire de ce dictionnaire » ajoute le ministre chargé de la promotion des langues polynésiennes. Pour l’académicienne, « il faut tourner la page de la peur de se tromper en parlant la langue. Il faut accepter humblement d’être corrigé et de se corriger. Ce n’est même pas un défi mais un devoir ».

Heremoana Maamaatuaiahutapu voit la possibilité d’intégrer ce dictionnaire dans le programme d’éducation du fenua. « Nous sommes en train de voir avec ma collège du ministère de l’Éducation pour acheter un nombre conséquent d’exemplaires de ce dictionnaire pour les distribuer ensuite dans les écoles comme on va le faire la semaine prochaine pour le recueil des légendes issues du Heiva. »

Utile pour tous

Le dictionnaire bilingue illustré est à la base destiné aux élèves du primaire pour apprendre les bases de la langue tahitienne. Mais pour la présidente de l’Académie, « il sera utile pour les élèves du secondaire et même des adultes. De toute la société finalement ».

Pour le moment, seuls « 200 à 300 exemplaires » ont été imprimés. Distribués en priorité aux écoles, très peu de dictionnaires seront disponibles au grand public la semaine prochaine en librairie. « 150 exemplaires ont d’ores et déjà été réservés par les écoles. On nous a dit qu’il n’y avait plus d’encre. On attend donc les bateaux pour effectuer davantage d’impressions » avoue Flora Aurima-Devatine. Il faudra donc patienter au moins deux mois pour le tirage complet et la mise en vente de l’ouvrage au prix de 1 500 Fcfp. 

Loi Molac, pour la promotion des langues régionales

« Il n’y a plus de petites et de grandes langues » affirme Flora Aurima-Devatine. La présidente de l’Académie tahitienne fait référence à la proposition de loi du député Paul Molac. Cette proposition de loi sur la protection, la promotion et la reconnaissance des langues régionales a été adoptée par l'Assemblée nationale et le Parlement français le jeudi 8 avril 2021. Une victoire pour les défenseurs des langues.

« La loi n’a été que votée. Il faut maintenant qu’elle soit votée et appliquée. C’est un appel pour notre ministre et tous les autres ministres des Outre-mer pour qu’il y ait un décret d’application rapidement. C’est un enrichissement de la nation française que d’agréger toutes les connaissances par les langues et les cultures » atteste la présidente de l'Académie tahitienne. « C’est une vraie évolution. C’est une façon de dire que la France existe au-delà de la métropole » complète Heremoana Maamaatuaiahutapu.

Rédigé par Etienne Dorin le Vendredi 16 Avril 2021 à 13:44 | Lu 1359 fois