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Le permis de construire de la Villa Aquamaris menacé


Tahiti, le 9 novembre 2021 - Le conflit entre l’hôtel Intercontinental de Bora Bora et la villa de luxe Aquamaris, en construction sur le motu voisin, a encore occupé ce mardi les magistrats du tribunal administratif. Le contentieux, qui dure depuis bientôt deux ans, va probablement basculer du côté de l’établissement hôtelier. Le rapporteur public a en effet conclu à l’illégalité du permis de construire accordé à la villa de luxe.
 
En février dernier, la ministre du Tourisme Nicole Bouteau, accompagnée du maire de Bora Bora Gaston Tong Sang, étaient allés visiter le chantier de la Villa Aquamaris, situé sur le motu Roa. Le communiqué officiel n’évoquait alors pas le contentieux avec l’hôtel Intercontinental Bora Bora Resort & Thalasso spa peu désireux de voir un établissement concurrent sur la parcelle d’à côté. Cette proximité empêche également l’hôtel d’obtenir une autorisation pour installer une hélistation. 
 
Grosses lacunes sur la lagune
 
Le communiqué présidentiel vantait alors une villa de luxe “conçue de façon à interagir de toute part avec l’eau” et des paysages sur le site “travaillés dans le respect du patrimoine naturel existant” avec notamment le creusement d’une lagune artificielle. Quelque huit mois plus tard, alors que les travaux sont en voie d’achèvement, le rapporteur public du tribunal administratif n’a pas vraiment partagé la vision enchanteresse mise en avant par les pouvoirs publics. Dans ses conclusions, le magistrat a notamment pointé du doigt l’insuffisance de l’étude d’impact environnemental. En effet, les aspects hydrologiques y sont peu développés. Si l’étude évoque l’existence d’une lentille d’eau douce, l’impact du creusement de la lagune et de ses conséquences irréversibles n’y sont pas identifiés et mesurés. 
 
Hélistation en stationnaire
 
Lacunes également dans la présentation des travaux avec des insuffisances sur le mode d’assainissement choisi mais aussi sur la nature et la consistance des travaux. Présenté tantôt comme une habitation à usage résidentiel, tantôt comme un hébergement à vocation touristique, le projet semble difficile à cerner. Le rapporteur public considère que ces éléments divergents “ne permettaient pas de renseigner convenablement l’administration” dans le cadre du traitement du dossier. De surcroit, l’attestation prouvant la détention par la société promotrice de droits fonciers sur le motu est manquante. Pour toutes ces raisons, le rapporteur a conclu à l’annulation du permis de construire accordé en janvier 2020. La décision du tribunal est attendue pour le 23 novembre prochain. Si les conclusions du rapporteur étaient suivies, le site devrait probablement être remis en état. Et l’Intercontinental pourrait alors revenir à la charge pour sa demande d’héliport.
 
 

Rédigé par Sébastien Petit le Mardi 9 Novembre 2021 à 22:46 | Lu 3366 fois