Tahiti Infos

Le parquet donne suite aux plaintes d'Édouard Fritch


Tahiti, le 17 janvier 2024 - La procureure de la République annonce, ce mercredi, avoir décidé d'ouvrir une information judiciaire “contre X” pour “provocation publique à la discrimination” suite aux plaintes déposées par Édouard Fritch “les 20 et 22 décembre dernier”. L'enquête est désormais confiée à un juge d'instruction.
 
“Suite aux plaintes adressées par Édouard Fritch les 20 et 22 décembre 2023 au procureur de la République de Papeete, dénonçant des propos tenus par plusieurs représentants à l'assemblée de la Polynésie française susceptibles de constituer des provocations à la discrimination raciale, j'ai décidé d'ouvrir une information judiciaire", annonce la procureure de la République, Solène Belaouar, ce mercredi dans un communiqué.
 
Mais qui sont ces “représentants” ? “Personne n'est nommément visé. C'est une information judiciaire ouverte contre X”, nous a expliqué Solène Belaouar, ajoutant qu'il appartenait désormais au “juge d'instruction” en charge de cette enquête de “circonscrire les responsabilités de chacun”.
 
Comme le révélait Tahiti Infos le 4 janvier dernier, Édouard Fritch avait en effet saisi la procureure de la République dans un courrier du 22 décembre dans lequel il dénonçait les propos discriminatoires tenus par l'élu Tavini Mitema Tapati en séance à l'assemblée.
 
Quand Tapati persiste et signe
 
C'était le 26 octobre : “Si la France a noirci, notre Fenua, lui, a blanchi”, déclarait-il alors, en reo tahiti. Il a même persisté dans une demande de “droit de réponse” adressée la semaine dernière aux médias : “J'ai bien dit dans l'enceinte de l'assemblée : Si la France a noirci, notre Fenua, lui, a blanchi. C'est bien une réalité que je vois. Faîtes le tour de Punaauia à Mahina, allez faire un tour dans les supermarchés, dans les restaurants ! Vous allez me dire dans quel pays vous semblez être. Le fait qu'une plainte soit déposée pour ce que j'ai dit à l'assemblée n'est pas un problème”, écrivait-il alors... en français cette fois, mettant ainsi un terme à toute ambiguïté quant à la traduction qui aurait pu être faite la première fois.
 
Délit passible de 3 ans de prison et près de 9 millions d'amende
 
Dans son courrier du 22 décembre, Édouard Fritch accusait également le ministre de l'Éducation de “délit de provocation à la discrimination raciale”. Dans une interview à Tahiti Infos, Ronny Teriipaia en avait en effet remis une couche en considérant que les propos de Mitema Tapati sur le “blanchissement de la société” n'étaient pas du “racisme” mais correspondaient à “une réalité”. “En France, on dit bien qu'il y a l'invasion de toutes les communautés arabes. C'est exactement pareil”, avait-il notamment souligné. 
 
C'est donc dorénavant au juge d'instruction de mener ses investigations dans le cadre de cette information judiciaire qui vise le “délit de provocation publique à la discrimination en raison de l'origine, l'ethnie, la nation, la race ou la religion par une personne chargée de mission de service public”. Un délit qui relève de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse et qui est puni au maximum de trois ans d'emprisonnement et d'une amende de près de 8 950 000 francs. 

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mercredi 17 Janvier 2024 à 15:03 | Lu 4824 fois