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Le palétuvier : une espèce à surveiller au fenua


TARAVAO, le 12 octobre 2019 - Le palétuvier représente potentiellement une menace pour l’écosystème endémique de la mangrove polynésienne. Après avoir cartographié, dans l’archipel de la Société, l’implantation de cette variété végétale introduite en 1933, la FAPE tente de constituer un réseau d’observateurs bénévoles pour la garder sous étroite surveillance.
 
La Fédération des associations de protection de l’environnement (FAPE) a cartographié l’implantation des mangroves de palétuviers de l’archipel de la Société (îles de Tahiti, Moorea, Huahine, Bora-Bora, Raiatea et Tahaa), dans le cadre du programme Surveillons les mangroves de Polynésie française ensemble ! Ce travail a été réalisé en avril dernier grâce à la participation d’une cinquantaine d’observateurs bénévoles. Une restitution publique a eu lieu ce samedi à Taravao. À l'heure du bilan la FAPE fait un constat et émet deux recommandations.
 
Il y a environ 40 hectares de mangroves de palétuviers (Rhyzophora stylosa) en Polynésie française, dont un peu plus des trois quarts (78%) aux îles Sous-le-Vent avec une forte présence à Huahine. La plante n’est vraisemblablement répandue que dans l’archipel de la Société. On ne peut pas encore dire qu’elle représente une menace pour la biodiversité locale. La FAPE préconise cependant de rester vigilant face à la prolifération des mangroves de palétuviers et recommande une éradication "au cas par cas" pour en freiner la propagation. 

Un arrêté de 1982 s’intéressait déjà aux risques encourus par les mangroves de variétés endémiques, face à la prolifération des palétuviers dans les îles de la Société. Cette réglementation méconnue interdit depuis lors la plantation et le transport des palétuviers, et en particulier ceux de la variété Rhizophora stylosa.

Les recensements effectués cette année sous l’égide de la FAPE, dans les zones littorales colonisées par cette plante visent à déterminer si l’on assiste ou non à un phénomène de remplacement de la végétation endémique. En Polynésie, l’écosystème de la mangrove est historiquement composé d’essences telles que le Miro (Thespesia populnea), le ‘Amae(bois de rose d’Océanie), le Hotu, le Pūrau (Hibiscus tiliaceus), ou par des prairies de graminées de type Paspalum vaginatum. Quant au palétuvier, bien que présent naturellement dans les îles du Pacifique Sud-Ouest (Nouvelle-Calédonie, Fidji, Samoa, Tonga, Wallis-et-Futuna), il n’est apparu que tardivement en Polynésie française, où le premier spécimen a été introduit en 1933 sur l’île de Moorea. Depuis, l’écosystème endémique des mangroves se trouve potentiellement menacé par cette plante a la stratégie de reproduction plus efficace. 
 
Mais le palétuvier n’est pas encore à classer au rang des plantes envahissantes, localement, comme l’explique Laeticia Bisarah, chargée de mission pour le projet Mangroves à la FAPE : "Il y a trois critères pour déclarer une espèce envahissante : elle doit avoir été introduite par l’homme, se répandre de manière rapide et avoir un impact négatif sur l’environnement. Le palétuvier remplit actuellement deux de ces critères. Aujourd’hui, on ne peut pas mesurer son impact sur l’environnement. Ce que l’on peut faire, c’est observer l’évolution de la mangrove de palétuviers et son dynamisme de croissance. C’est pour cela que l’on souhaite la cartographier, pour voir si elle régresse, se stabilise ou si elle prolifère. Et à ce moment-là, mener des études de terrain pour mesurer l’impact que le palétuvier a sur la biodiversité locale."

Devenez observateurs

Le programme d’observation des mangroves polynésiennes est soutenu par l’Union internationale pour la conservation de la nature et par le Réseau national d’observation et d’aide à la gestion des mangroves (ROM). 
L’application ROM pour smartphone intègre dorénavant une interface pour les observations réalisées en Polynésie. Cet outil est disponible au téléchargement pour permettre aux observateurs de renseigner la base de données du réseau de surveillance des mangroves. L’objectif principal du ROM est de conserver les mangroves des outre-mer français et leurs valeurs écologiques, socio- culturelles et économiques. Les données collectées par les observateurs permettent de détecter les changements, d'identifier les menaces et leurs sources, et de fournir des outils d'aide à la décision aux gestionnaires de mangroves et aux décideurs publics.

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Restitution des travaux aux raromatai

Deux réunions publiques de restitution des observations recueillies sur place sont organisées cette semaine :
A Huahine
Date : mardi 15 octobre à 13h00
Lieu : salle de réunion de la mairie annexe de Fitii

A Raiatea
Date : mercredi 16 octobre à 13h30
Lieu : mairie de Avera

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Samedi 12 Octobre 2019 à 14:37 | Lu 3099 fois