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Le nouveau BSEO entièrement consacré à Nīau


TAHITI, le 24 août 2020 - Nīau, le seul atoll entièrement fermé de Polynésie, est méconnu. Son histoire légendaire, géologique, anthropologique, botanique, marine et sous-marine est pourtant foisonnante. Pour s’en convaincre, il suffit de lire le dernier bulletin de la Société des études océaniennes (SEO).

Le dernier bulletin de la SEO vient tout juste de sortir. Daté de janvier à août 2020, il a été soigneusement préparé, rédigé, relu, corrigé, bénéficiant de la période d’accalmie générale entre mars et avril de cette année.

"Ce bulletin, qui est un bulletin double, traite exclusivement de Nīau. C’est un atoll des Tuamotu qui est peu connu. En lisant tous les articles on se dit : mais comment un si petit atoll peut-il renfermer tant de mystère ! ", résume Vāhi Richaud la présidente de la Société des études océaniennes (SEO).

Le lecteur, au seul parcours du sommaire, peut en convenir. Les textes traitent de l’histoire géologique de l’île et du lagon, du patrimoine végétal, de l’avifaune, de la mémoire des hommes, de l’histoire traditionnelle ou bien encore de la construction rocambolesque du phare, à l’état de ruine aujourd’hui.

Ni passe, ni hōā

Nīau est un atoll entièrement fermé comme le montre la photographie de "une" du BSEO (photographie signée Philippe Bachet). En Polynésie, c’est un cas unique. Il n’y a ni passe, ni hōā. Les seuls échanges entre l’océan et le lagon se font via des canaux sous-marins. Il y a deux résurgences d’eau de mer à l’intérieur.

C’est l’un des rares atolls soulevés des Tuamotu. Une caractéristique qu’il partage avec Makatea et ‘Ana’a. Son altitude monte jusqu’à 7,5 mètres.

En préface, le botaniste Jean-Yves Meyer indique que Nīau représente "un socio-système original et complexe, caractérisé par de multiples interactions biotiques (relations entre espèces et avec leurs habitats) et où l’homme a joué un rôle primordial".

Suivent, à l’issue de cette préface et du mot de la présidente, dix articles aux thématiques variées.

Les auteurs, dans leur spécialité respective, ont fouillé leurs propres travaux pour proposer au lecteur de riches et accessibles synthèses.

Frédéric Torrente, par exemple, docteur en ethnologie, apporte des éléments d’histoire traditionnelle de l’atoll pour "poser quelques jalons de son passé". Son article est issu d’une étude effectuée dans trois atolls de la réserve de biosphère de Fakarava : Fakarava, Nīau et Raraka en octobre 2018.

Selon lui, Nīau, tout comme d’autres atolls des Tuamotu aurait été peuplé très tôt. Ses habitants auraient établi des liens avec Tahiti il y a fort longtemps. La question des échanges interinsulaires a été abordée au travers de l’approvisionnement en plumes rouges des chefs de Tahiti.

Les réseaux mis au jour, "peu étudiés" et qui "méritent des développements ultérieurs" ont également été suggérés par le parcours du héros mythologique Hono’ura. D’où le concept de "mythistoire" explicité dans l’article.

Quelques pages plus loin, Robert Veccella raconte la construction du phare de Nīau. Architecte de formation, passionné d’archéologie sous-marine, il saisit l’occasion qui lui ai donnée pour réhabiliter la mémoire Marcel Thirel, en charge de la surveillance des travaux et décrire la problématique générale de l’éclairage d’une route maritime internationale traversant le Pacifique.

Pour rappel, avec l’ouverture du canal de Panama en 1914, l’archipel des Tuamotu est devenu d’intérêt général. Il était un passage presque obligé pour les navires ralliant la Nouvelle-Zélande et l’Australie au départ du continent américain. Une autre route était possible via les Marquises.

Robert Veccella revient, avec force détails, sur toutes les étapes de construction du phare. Entre autres anecdotes il rapporte une coupure de presse de l’époque : "Construit pour un coût de 3 000 000 de francs, un nouveau phare sur l’atoll de Nīau, s’est effondré une demi-heure avant sa mise en service". En effet la construction est en effet tombée cinq jours après la fin des travaux.

Cette anecdote n’en est qu’une parmi d’autres dans l’histoire de Nīau qui, grâce au bulletin, se révèle au grand public.


Contacts

Pour toute demande concernant ce bulletin et les numéros plus anciens, rendez-vous sur la page facebook de la Société des Etudes Océaniennes

Tel.: 40 41 96 03

Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 24 Août 2020 à 10:33 | Lu 3742 fois