
Alors que la Coupe du monde de football féminine bat son plein en métropole, le foot féminin reprend des couleurs au fenua. Sept ans après avoir disputé leur dernière rencontre, les Vahine Ura -surnom de la sélection tahitienne féminine de football- ont de nouveau foulé les pelouses à l'occasion de l'OFC Nations Cup, organisée en Nouvelle-Calédonie en novembre dernier. Une compétition qualificative justement pour la Coupe du monde féminine 2019.
Si nos vahine n'ont pas réussi à décrocher leur ticket pour cette Coupe du monde (deux défaites et un match nul), elles ont pu néanmoins se frotter de nouveau au plus haut niveau Océanien. Déjà un pari de gagné pour Stéphanie Spielmann, cadre technique à la Fédération tahitienne de football (FTF) en charge du développement du foot féminin, qui a dû reconstruire une équipe en partant de rien. "En 2011 tout s'est arrêté au niveau du football féminin à Tahiti. Je ne comprenais pas pourquoi", explique Stéphanie Spielmann. "On m'avait dit que ça s'était arrêté à cause d'une décision politique. Mais toujours est-il que je trouvais dommage de ne plus avoir de foot féminin à Tahiti. C'est une discipline qui se développe bien dans l'Hexagone et également dans le monde entier. Et donc quand la FTF m'a engagée, il y a plus de trois ans maintenant, j'ai voulu relancer la discipline."
"LE FOOT A TOUJOURS SEDUIT LES FILLES"
Pour maintenir cette bonne dynamique, la FTF s'appuie sur une meilleure communication autour des événements liés au football féminin et sur le développement de structures d'encadrement au sein des clubs de football du fenua. "Il y a encore aujourd'hui un manque d'entrainement pour certaines équipes féminines", regrette Stéphanie Spielmann. "Elles ne sont pas prises au sérieux. Il faut vraiment que les clubs travaillent sur cet aspect et considèrent plus leur section féminine. Elles veulent s'entrainer plus, mais il y a un manque d'encadrant dans le foot féminin."
Certains clubs, comme Tefana et l'AS JT, ont pris les devants et ont lancé leurs écoles de football spécialement dédiées aux femmes. "J’ai toujours été pour l’évolution du football féminin ici à Tahiti. Cela ne pouvait que redémarrer, mais il fallait quelqu’un à la fédération pour le faire", expliquait Xavier Samin, coach de Te ui Tefana, dans un entretien à Tahiti Infos en février dernier.
"C’est un sport populaire, pas très cher, qui permet à toutes les jeunes filles de pouvoir faire du sport facilement en toute convivialité. Beaucoup de clubs ne proposent pas un entrainement par semaine. Nous on proposera un entrainement hebdomadaire avec une coach qui a passé les diplômes, supervisée par notre directeur technique. On a vraiment structuré toute la section avec le club, puisque l’équipe sénior remonte en Ligue 1. Il y a une vraie dynamique et on surfe là-dessus", expliquait plus récemment François Courtas, en charge de la section féminine de l'AS JT, sur le site de la fédération.
AMENER LES MEILLEURES VERS LE PLUS HAUT NIVEAU
En attendant, les Vahine Ura sont en pleine préparation pour les prochains Jeux du Pacifique qui se tiendront aux Samoa en juillet prochain. A noter que les sélections U19 et U16 féminines seront aussi concernées par des tournois qualificatifs pour la Coupe du monde. Le football féminin a définitivement la cote au fenua.
Interview
"Beaucoup de personnes ne se sont pas rendues compte de l'évolution du foot féminin "
Les matchs de l'équipe de France féminine de football sont diffusés au fenua dans le cadre de la Coupe du monde. Est-ce-que ça peut créer une dynamique pour le foot féminin local ?
C'est certain. C'est déjà très positif que les matchs soient diffusés ici. Je crois qu'aujourd'hui beaucoup de personnes ne se sont pas rendues compte de l'évolution du foot féminin dans le monde entier. C'est sûr que ça aura des répercussions au fenua. Après avec mes collègues à la fédération il va falloir continuer à mettre en place des actions et les structures pour accueillir ce nouveau public.
Les sélections féminines ont un calendrier assez chargé cette année…
Cette année nous avons trois sélections concernées par des compétitions. On a donc les séniors qui seront au Jeux du Pacifique en juillet. Fin août début septembre il y a les moins de 19 ans qui partent aux Iles Cook pour tenter de décrocher une place pour la Coupe du monde. Et en décembre on a la chance d'organiser les qualifications des moins 16 ans (Tamahine ura) pour aussi la Coupe du monde. On compte surtout sur cet événement pour promouvoir la discipline auprès du grand public. Et on espère qu'ils seront nombreux à venir soutenir la sélection.