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Le fenua fan de Facebook


Tahiti, le 6 janvier 2020 - Véritables phénomènes planétaires, les réseaux sociaux sont progressivement entrés dans la vie des Polynésiens. Malgré l'éloignement et les difficultés du développement d'Internet dans les archipels, la Polynésie est plus connectée que jamais, notamment à Facebook.
 
Depuis une petite quinzaine d'années, Facebook, Instagram ou encore Twitter permettent à chacun de ses utilisateurs de partager et d'échanger des expériences et des moments de vie de façon instantanée en utilisant des mots, des images ou des vidéos. Des possibilités qui, dans des milieux insulaires éloignées, ont vite trouvé preneur, notamment en Polynésie, où ces réseaux continuent de tisser leur toile dans les foyers. Facebook, leader local mais également mondial, représente, selon les dernières données de Globalstats, près de 70% du marché polynésien en termes d'utilisation, laissant les miettes à Instagram, Twitter, Youtube, Pinterest ou encore Tumblr.

Les Polynésiens, grands facebookeurs

Avec 184 600 comptes Facebook créés en Polynésie, c'est environ 63,2% de la population polynésienne qui utilise l'application créée en 2004 par Mark Zuckerberg. Un niveau très élevé surtout si l'on considère les problèmes d'accessibilité à Internet dans nos archipels mais également le faible équipement des ménages en ordinateur ou téléphone portable. A titre de comparaison, en métropole, le taux de la population à utiliser Facebook est de 58,8% alors que dans les DOM, tels que la Réunion (60,6%), la Martinique (54,6%), la Guadeloupe (51,3%), les niveaux constatés sont également inférieurs. Une utilisation de l'application en Polynésie qui est également parmi les plus importantes dans le Pacifique Sud mais reste à distance des USA (69,6%) ou de l'Argentine (74,2%) par exemple. L’écart devrait cependant se réduire avec le développement du haut-débit dans les îles, d'autant que le nombre d'utilisateurs a augmenté de 7% au cours de la seule année 2019, selon les données marketing compilées directement auprès des interface de programmation d’application des plateformes sociales par des sites comme NapoleonCat ou SocialBakers.

Les femmes plus connectées que les hommes

Elles sont plus nombreuses à Facebooker. En effet, 54,6% des utilisateurs polynésiens sont des femmes. Et ce déséquilibre touche toutes les tranches d'âge. Un déséquilibre Hommes-Femmes cependant plus important dans l'utilisation d'Instagram. Si l'on utilise moins localement cette interface -le nombre de comptes créés au fenua étant relativement deux fois moindres que dans les territoires insulaires précités ou en métropole- les quelques 38 900 comptes Instagram polynésiens (13,3% de la population) sont utilisés dans 57,8% des cas par des femmes, soit un taux supérieur également à celui de Messenger (55,7% de femmes). Les principaux comptes Twitter en termes de « followers » sont quant à eux ceux d'hôtels de luxe (Four Seasons, St Regis, Conrad...).

Les jeunes, sur Instagram plutôt que Facebook

Si la clientèle Facebook est en premier lieu composée des 25-34 ans (28,2% du total des utilisateurs), la répartition entre les différentes classes d'âge des utilisateurs témoigne d'une application utilisée par tous les membres de la famille (voir graphique). En effet, si les 18-24 ans et 35-44 ans sont encore évidemment nombreux à utiliser, on dénombre encore 1 utilisateur sur 4 âgé de 45 ou plus (24,7%), le taux d'utilisation chez les 55-64 ans étant même supérieur à celui des 13-17. Si Instagram est un réseau social majoritairement féminin, le service de partage de photos et vidéos crée en 2010 est également manifestement privilégié par les plus jeunes puisque la tranche d'âge la plus représentée concerne les 18-24 ans, pour un tiers des utilisateurs polynésiens. La plateforme semble ainsi être délaissée par les plus de 45 ans, qui représentent moins que la tranche adolescente des 14-17 ans (7,5 contre 10,4% du total des utilisateurs). A chaque âge son usage donc.

Et dans le reste du Pacifique Sud ?

L'ouverture de comptes Facebook ou Instagram par exemple est fortement dépendante de l'équipement des foyers et des facilités de chaque citoyen à pouvoir se connecter sur le territoire où il réside. Sans surprise, les pays insulaires du Pacifique Sud où les taux de pénétration en matière de réseaux sociaux sont les plus faibles sont ceux qui sont le moins raccordés à la toile, d'une part du fait de leur isolement et, d'autre part, du niveau de richesse par habitant. Un PIB par habitant réduit peut expliquer que l’accès à Internet ne soit pas considéré comme primordial.
La Polynésie au top
Avec un taux de pénétration Facebook de 63,2% de la population, la Polynésie domine ainsi facilement des territoires qui ont un nombre d'habitants proches comme Vanuatu (30,2% et 275 000 habitants) où le PIB par habitant est 6 fois moins élevé. Des petits états insulaires moins riches comme Tonga ou Kiribati sont à cet égard moins connectés aux réseaux sociaux mais relativement plus qu'en Papouasie Nouvelle Guinée où seulement 771 500 comptes Facebook ont été créés au sein de cette population de 8,3 millions d'habitant (soit un taux de pénétration de 8,8%). Dans ce pays et contrairement à la plupart des nations de la zone Pacifique, les utilisateurs hommes sont très largement majoritaires (60% des utilisateurs de Facebook). A Samoa, si Facebook est bien ancré dans les usages (62,4% de la population), Instagram est peu utilisé (3,7%). Chez nos voisins de Nouvelle Calédonie, où le PIB par habitant est plus élevé qu'ici, les usages de ces deux raisons sociaux sont proches de ceux constatés en Polynésie avec 176 100 comptes Facebook, en majorité utilisés par des femmes (53,4%) et la moitié des utilisateurs entre 18 et 34 ans. Notons tout de même que la Nouvelle-Zélande (70,2%) et l’Australie (68,1%) ont des taux de pénétration de Facebook plus élevés que la Polynésie dans le Pacifique.

Rédigé par Sébastien Petit le Mardi 7 Janvier 2020 à 00:22 | Lu 3657 fois