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"Le dossier de la transition énergétique est prioritaire"


Tahiti, le 26 septembre 2022 - Fonds Macron pour la transition énergétique, stratégie de l'innovation, aide de l'État aux comptes sociaux polynésiens, nucléaire... Le haut-commissaire, Éric Spitz, a prononcé un premier discours et s'est prêté ensuite à une rapide interview sur ses principaux dossiers, lundi matin à Papeete à l'occasion de sa prise de fonction.

Vous avez commencé par évoquer le fonds Macron pour la transition énergétique en Polynésie française dans votre discours, avez-vous déjà une idée d'un calendrier pour sa mise à disposition de la collectivité ?
 
"Il est évident que ce dossier est prioritaire, celui de la transition énergétique. Ce fonds qui va être doté d'un peu plus de 7 milliards de Fcfp devra être doté avant la fin de l'année au plus tard. Un certain nombre d'arbitrages et surtout un mandat de négociation doivent être donnés par le gouvernement. Et surtout, il y aura une réunion interministérielle d'où sortira un "bleu" (document relié en bleu qui rend compte de l'arbitrage du Premier ministre, NDLR) et à partir de ce moment-là, j'aurai un mandat de négociation pour travailler avec le gouvernement de la Polynésie sur ce sujet."
 
Il y a déjà des débats sur son affectation entre les entreprises, les communes ou le gouvernement…
 
"Ce fonds doit servir à tous les projets au service de la transition écologique. Essayons déjà de dépenser tout l'argent que nous avons, avant d'essayer de se battre comme s'il n'y en avait pas assez. Je pense que tous les projets qui sont bons pour la planète ont vocation à être financés."
 
Vous avez évoqué également votre intérêt pour la stratégie de l'innovation du Pays. C'est une politique publique du Pays à laquelle vous serez sensible ?
 
"Oui, c'est une stratégie de l'innovation pour la Polynésie 2030, pour un développement inclusif notamment, qui va être soumise au vote de l'assemblée de la Polynésie française dans les prochains jours. L'État s'est aussi engagé sur ce travail de fond, parce que nous sommes persuadés qu'avec les atouts de la Polynésie, cette stratégie peut être un moteur de la croissance et peut permettre de créer de l'emploi."
 
Le président Édouard Fritch a évoqué encore récemment à Paris le sujet du soutien de l'État aux comptes sociaux du Pays, au titre de la solidarité nationale. C'est un sujet assez récent, est-ce qu'il reçoit une oreille attentive au niveau de l'État ?
 
"Le président du Pays a évoqué ces sujets avec le ministre de l'Intérieur et le ministre des Outre-mer lors de son dernier déplacement en métropole. Et les deux ministres ont ce sujet bien en tête. Je suis confiant sur la capacité à aboutir, à aider la Polynésie à franchir ce cap difficile."
 
Lors du récent congrès des communes, le tāvana de Paea et vice-président du Tavini évoquait l'idée d'effacer la dette de la Polynésie française à l'égard des deux PGE contractés par la collectivité. C'est du domaine du possible ?
 
"Je ne vais pas revenir sur tout ce qui a été dit et sur toute l'aide qui a été apportée à la Polynésie pendant la crise sanitaire. Il est évident que le salut pour la Polynésie, ce n'est pas de demander toujours plus d'argent mais à mon avis de créer de la richesse au niveau local. Évidemment, j'intercéderai pour que notamment les frais qui ne sont plus remboursés à la CPS par le Civen depuis un arrêt du Conseil d'État soient pris en charge par l'État ou plutôt remboursés par la Sécurité sociale. Mais on ne peut pas quand même toujours tout attendre de tout. En ce qui me concerne personnellement, je préfère travailler, parce que je préfère compter sur moi-même que sur les autres."
 
Sur ce sujet du remboursement des frais médicaux dépensés par la CPS pour les maladies radio-induites, vous l'avez évoqué de vous-même à votre arrivée à l'aéroport. C'est donc un dossier sur lequel le principe est acquis côté de l'État ?
 
"Sur ce dossier, d'une manière générale, le chef de l'État lors de son déplacement a reconnu qu'il y avait une part d'ombre dans notre histoire commune, qui était liée au nucléaire. Et s'il a fait des annonces très importantes lors de son passage, c'était non pas pour tourner la page, bien évidemment, parce qu'il va y avoir un centre de mémoire, il y a encore une étude qui va sortir… Mais c'est pour que l'on puisse avoir une relation confiante et apaisée sur tous ces sujets et qu'on passe aussi aux sujets qui, à mon avis, intéressent les Polynésiens -je le verrai bien à leur rencontre- sur leur emploi, leur logement ou leurs préoccupations quotidiennes. Même si, bien évidemment, ce dossier, on ne peut pas faire comme s'il n'existait pas."
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Lundi 26 Septembre 2022 à 12:44 | Lu 1941 fois