Le directeur du WWF France porté disparu à Rangiroa

PAPEETE, 11 août 2015 - Le directeur général du WWF France, Philippe Germa, 64 ans, est porté disparu depuis samedi et probablement décédé alors qu’il était parti nager dans le lagon de Rangiroa. L’organisation non gouvernementale a salué mardi un militant "engagé depuis toujours dans la protection de la planète" et "un passionné des océans".

"A ce stade, son corps n'a pas été retrouvé malgré des recherches", a indiqué une porte-parole du World Wild Fund France à l'AFP, mardi tandis que le parquet de Papeete estime qu’"il n’y a plus le moindre espoir de le retrouver vivant". Philippe Germa, directeur général de l’antenne française du Fond mondial pour la nature, a disparu samedi après-midi alors qu’il était parti seul faire du snorkeling dans le lagon en bordure du motu Otepipi, au sud de l’atoll de Rangiroa.

Les recherches n’ont pour l’heure permis de ne retrouver qu’un tuba et une palme, identifiés par les proches du disparu comme étant les siens.

Ces recherches ont été conduites samedi et dimanche avec le concours d’un hélicoptère de la Marine Nationale et lundi toute la journée par des équipes de plongeurs de la gendarmerie et des pompiers de l’atoll. Elles sont demeurées vaines. Le parquet de Papeete a ouvert dès samedi soir une enquête pour disparition inquiétante. Deux gendarmes de la compagnie des archipels sont désignés pour la mener.

Le frère de Phillipe Germa a annoncé qu’il se rendait en Polynésie pour conduire des recherches avec l’appui de deux plongeurs, au moins, pour retrouver le corps du disparu.

Le sexagénaire était à Rangiroa depuis trois jours, en compagnie de son épouse et de sa fille. La famille avait loué le catamaran Ozone et les services d’une hôtesse et d’un skipper, pour visiter cet atoll des Tuamotu. Ce périple les a conduit dans le sud de l’île, samedi, à la découverte de la petite chapelle du motu Otepipi. C’est à la suite de la visite de ce vestige historique, vers 15 heures, et alors que les siens s’étaient un peu attardés, que M. Germa est allé faire du snorkeling, seul.

Il s’est mis à l’eau sous la surveillance de l’hôtesse du catamaran qui a pu le suivre au moyen de jumelles jusqu’à ce qu’il emprunte la petite passe non navigable (Hoa) qui permet de contourner le motu, par le Sud. Personne ne l’a revu depuis.

Sans nouvelle au bout d’une heure, les proches du disparu s’étaient rendus sur la plage et n’y avait trouvé que ses affaires de bain. Le centre de sauvetage et de secours en mer (MRCC) a finalement été alerté vers 16h45 et l’hélicoptère de secours n’a pu parvenir sur zone que de nuit.

Samedi et dimanche, un train de houle Sud de 2,5 mètres conjugué avec un vent de Sud-Est de 15 nœuds ont largement compliqué les recherches mais permettent d'espérer que le corps du défunt ait pu être repoussé vers le rivage.

un grand militant de l’écologie

Philippe Germa, était directeur général depuis 2013 du WWF France qu'il avait rejoint en 2008 comme administrateur. Il avait notamment représentée sa fondation dans le cadre du débat sur la transition énergétique qui a abouti au vote d'une loi, fin juillet, rappelle WWF France dans un communiqué.

Il avait auparavant appartenu à l'association Les Amis de la terre et pris une part active à la campagne présidentielle des écologistes en 1981. Il a aussi participé aux campagnes contre l'implantation des centrales nucléaires en France.

En mai 1988, à l'époque du gouvernement Rocard, il est devenu conseiller technique du ministre de l'Environnement, poste qu'il a occupé pendant cinq ans. En 1990, il participe à la création du mouvement Génération Écologie.

M. Germa a également été "l'un des pionniers de l'économie verte en tant que directeur de Natixis Environnement & Infrastructures", société qu'il a fondée, spécialisée dans les fonds d'investissements dédiés notamment aux projets d'énergies renouvelables, indique encore le WWF France.

Dans le communiqué publié par la fondation mardi, Isabelle Autissier, présidente du WWF France, les membres du conseil d'administration, les équipes du WWF et les membres du Cercle des amis de WWF "expriment leur tristesse et leur profond désarroi à l’annonce de la disparition en mer de Philippe Germa".

Dans un autre communiqué, Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'Europe Ecologie-les Verts, a fait part de sa "très grande tristesse" et salué en M. Germa "un grand militant de l’écologie et de la protection de la planète" qui "fut un compagnon de route des écolos".

Il "s’était beaucoup impliqué pour que la loi sur la transition énergétique et la loi sur la biodiversité voient le jour et avait contribué à de nombreuses avancées législatives, notamment en matière de qualité de l’eau ou de traitement des déchets", ajoute-t-elle.

Ecologie sans frontière (ESF) a rendu hommage à "un humaniste, partisan d'une écologie pragmatique" auquel l'écologie en France "doit beaucoup". A moins de quatre mois de la conférence de Paris sur le climat (COP21), "c'est une grande perte pour notre mouvement", écrit l'organisation dans un communiqué.

De son côté, Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, futur président de la COP21, a salué un "homme de conviction et d'action, (un) militant infatigable pour la planète". Philippe Germa "s'était fortement engagé, ces derniers mois, pour la Conférence Paris Climat 2015", a-t-il souligné dans une déclaration écrite à la presse.

Le Président Edouard Fritch a adressé mardi un communiqué de condoléances à la famille dans lequel il salue "un militant engagé pour la cause écologique, particulièrement investi dans la préparation de la conférence Paris Climat 2015". Préparation au titre de laquelle les deux hommes devaient se rencontrer cette semaine.