Tahiti Infos

Le combat de Vahine Orama à Raiatea


Raiatea, le 10 mars 2022 – En cette semaine qui met à l'honneur les droits de la femme, Tahiti Infos est allé à la rencontre de Laurence Vahio, présidente de l’association Vahine Orama pour les Raromatai et organisatrice de la journée “toutes solidaires” qui s'est tenue à Raiatea mercredi.

Le 8 mars est une date importante pour l'association Vahine Orama puisque son premier combat est d’endiguer les violences faites aux femmes et de rappeler leurs droits. Son champ d’action s’étend de Tahiti aux Raromatai en passant par Moorea. Malheureusement, l’année 2020 avait été marquée par une augmentation des violences faites aux femmes, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sexuelles. Face à ce constat alarmant, l’association Vahine Orama a choisi d’intervenir dans les lycées de Raiatea, “pour expliquer l’amour”, comme l'indique la présidente de Vahine Orama, Laurence Vahio : “Ces jeunes ont des copains ou des copines, il faut leur expliquer que faire l’amour doit être consenti. Ces interventions, auxquelles participe une sage-femme, permettent aux lycéens de libérer leur parole. Ils vivent parfois des situations de violence dans leur famille, et là, ils s’expriment.” Pour elle, il est important de faire de la prévention auprès des jeunes qui seront demain de jeunes adultes en couple.

La prévention semble porter ses fruits puisque les violences faites aux femmes en 2021 sont en légère baisse malgré une nouvelle période de confinement. L’association est en effet venue en aide à cinq femmes sur Raiatea mais la présidente tient toutefois à rappeler que “ici, c’est radio cocotier. Par peur de représailles ou par honte, les femmes n’osent pas toujours porter plainte et aller au bout de la procédure.” Car au-delà de trois jours, les femmes et enfants victimes de violences doivent être envoyés dans les centres d’hébergement de Tahiti, les Raromatai n’en disposant pas. “Souvent sans ressources et loin de chez elles, ces femmes n’osent pas partir et porter plainte”, explique encore la présidente.

“On fait avec les moyens du bord en attendant mieux”

Existant depuis bientôt 10 ans aux Raromatai, l’association ne dispose pas encore de centre d’hébergement contrairement à Tahiti. Elle cherche des financement, avec par exemple la vente de t-shirts dont la fabrication est subventionnée par la mairie de Uturoa et qui permet, entre autres, de payer un billet d’avion à la victime de violences conjugales pour l’envoyer à Tahiti ou dans un premier temps, de l’éloigner de son environnement violent vers un logement d’urgence. “Une fois, il a même fallu éloigner une femme de Huahine jusqu’à Maupiti mais grâce à une bonne collaboration avec les gendarmes, parfois les églises et l’hôpital où travaille une membre active du bureau de l’association, nous pouvons prévenir et agir rapidement.” L'association souhaiterait disposer d'un local : “Les subventions sociales et de la mairie de Uturoa nous aident aussi énormément même si nous cherchons désormais un local pour installer la permanence téléphonique et les affaires de l’association. Nous aimerions aussi pouvoir créer un centre d’hébergement pour les Raromatai sur un terrain de la commune de Uturoa. On fait avec les moyens du bord en attendant mieux”, conclut Laurence Vahio.

La journée “toutes solidaires” du 9 mars 

À l’occasion de la journée internationale des droits de la femme, l’association a organisé des animations mercredi à Uturoa. La troupe de 'ori tahiti dirigée par Hinamatatini, bénévole de l’association, a présenté une série de aparima. Le but  était de sublimer le corps de la femme pour reprendre confiance en soi. L’association mettait également en vente ses t-shirts afin de financer ses actions. Des lectures thématiques ont été faites en début d'après-midi avant de laisser place à une marche depuis la piscine de Uturoa vers le centre-ville où une dernière animation, le yoga, était proposée contre donation libre. Un moyen de se détendre et de rappeler encore et toujours que l’intégrité physique de la femme est un droit, celui du respect de son corps.  

Une marche a été organisée le 9 mars pour sensibiliser aux droits des femmes.
Une marche a été organisée le 9 mars pour sensibiliser aux droits des femmes.

Rédigé par Marion Alexandre le Jeudi 10 Mars 2022 à 15:10 | Lu 1051 fois