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Le Tavini va "mettre l'accent sur les abstentionnistes"


Tahiti, le 17 avril 2023 – Le député, tête de section des Raromata'i et candidat prédestiné à la présidence du gouvernement en cas de victoire du Tavini au second tour, Moetai Brotherson, revient sur la stratégie du parti indépendantiste entre-deux tours : Aucune fusion ou alliance et aller convaincre les abstentionnistes.
 
Avez-vous rencontré d'autres listes, qu'elles soient encore en lice ou déjà éliminées, en vue du second tour des territoriales ?
 
“Un certain nombre de rencontres ont eu lieu. Mais avant même le premier tour. Ce sont des gens que l'on connaît, que l'on est amené à rencontrer à l'assemblée notamment. Donc on s'est rencontré, mais pas pour faire des négociations. Pour discuter de la manière dont les uns et les autres entendaient conduire leurs campagnes. Ce sont les rencontres qui ont eu lieu pour le moment.”
 
On imagine qu'il n'y a pas de velléités d'alliances, de fusions, ou d'ententes quelles qu'elles soient avec ces autres listes du côté du Tavini ?
 
“Non, on a été clairs là-dessus depuis 2017 au moins. Le Tavini s'engage en tant que Tavini et nous ne sommes pas pour des négociations de marchands de tapis. Heureusement aujourd'hui, les dispositions du code électoral ne laissent que très peu de temps aux uns et aux autres. Puisqu'il faut que mardi à 18 heures, les nouvelles listes soient déposées à l'identique ou en les ayant modifié à la suite de fusion pour ceux que ça intéresse. Mais pour ce qui nous concerne, on ne fera pas de fusion et on continue avec la même liste.”
 
Quelle sera la stratégie jusqu'au second tour des élections, dimanche 30 avril prochain ?
 
“Nous allons mettre l'accent sur les abstentionnistes. On est en train d'éplucher les listes électorales pour savoir qui n'est pas allé voter, dans quels quartiers les gens ne sont pas allés voter. Pour certain, c'est une question de logistique avec des personnes qui n'arrivaient pas à se déplacer. Pour d'autres, c'est parce qu'ils n'avaient pas envie d'aller voter. Donc, c'est ceux-là qu'il faut aller convaincre.”
 
Le Tavini avait atteint les 60 000 voix au deuxième tour des législatives. Il n'en est encore qu'à 43 000 au soir du premier tour des territoriales. Vous pensez avoir encore un réservoir de voix ?
 
“Le réservoir existe dans des listes qui ne sont pas au second tour. Statistiquement, une partie de ces voix va se reporter sur le Tavini. Je ne dis pas l'intégralité, mais une partie. Et puis, ce sont les abstentionnistes. Même au sein du Tavini, si je prends l'exemple de Faa'a, on estime qu'il y a au moins 2 000 à 3 000 personnes qui votent habituellement pour le Tavini qui ne sont pas venues voter au premier tour.”
 
Même si l'analyse fine est encore un peu prématurée, avez-vous identifié des éléments qui font que le Tavini a progressé fortement sur Tahiti et Moorea et a réduit l'écart dans les archipels plus éloignés ?
 
“Ce qu'on observe, c'est que la liste Tapura a 42 tāvana sur 48. Ils ont misé sur les tāvana. Ça fonctionne beaucoup mieux dans les archipels éloignés, parce qu'on se rend compte, quand on se déplace, que les tāvana sont très souvent des petits roitelets qui tiennent leurs populations avec des CAE et avec d'autres moyens. Donc, ça explique la différence entre Tahiti et les autres archipels.”
 
Et comment expliquez-vous la progression conséquente sur les grandes communes de Tahiti et Moorea ?
 
“Sur Tahiti et Moorea, on a une population qui est un peu différente. Elle est moins dépendante des tāvana justement. Et elle subit certaines inégalités sociales, parce que la concentration des habitants sur Tahiti provoque aussi une concentration des problèmes sur Tahiti. Quand on est dans un archipel des Tuamotu et qu'on vit en quasi-autarcie, on ne ressent pas les choses de la même manière.”
 
Lorsqu'on regarde les résultats du premier tour des élections territoriales, on se rend compte que le Tavini fait 34,91%, le Hau Maohi fait 1,98%, Heiura-Les Verts 1,86% et le Amuitahira'a 11,88%... Ce qui fait une majorité de 50,6% des partis en faveur de l'autodétermination ou de l'accession à la pleine souveraineté de la Polynésie française. Il y a une satisfaction du Tavini à voir son combat idéologique progresser et devenir majoritaire ?
 
“Bien sûr, c'est toujours plaisant de voir qu'on fait des émules. Mais on ne fait pas des émules que chez les souverainistes. Puisque si l'on regarde les thématiques qui sont déjà dans quasiment tous les programmes, ce sont les thématiques sur lesquelles le Tavini était déjà en avance. Il les prônait déjà il y a 20 à 30 ans et on se moquait déjà de nous à l'époque. Il y a l'importance du secteur primaire, l'aéroport des Marquises… Quasiment tout le monde l'a repris aujourd'hui. Donc ça veut dire que les idées du Tavini sont reprises et c'est tant mieux.”
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Lundi 17 Avril 2023 à 16:49 | Lu 2955 fois