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Le Tavini somme Brotherson de démissionner Jambet


Tahiti le 12 septembre 2023 – Le comité de majorité du Tavini huiraatira, réuni vendredi dernier, est contre la nomination de Yan Jambet à la tête de l’OPH. Mardi à l'assemblée de la Polynésie française, Oscar Temaru a rappelé que “la probité, la lutte contre la corruption et la moralisation de la vie politique font toujours partie de l’ADN du Tavini huiraatira” et que “cela ne changera jamais”. Deux possibilités ont été avancées, sa démission ou que le président le démette de ses fonctions.  

 

Oscar Temaru et Tony Géros, président et vice-président du Tavini huiraatira, ont invité vendredi dernier les élus de l’assemblée de la Polynésie à un comité de majorité. Une deuxième action faite dans le dos de Moetai Brotherson, président de la Polynésie française, gendre d'Oscar Temaru et membre du Tavini, alors en déplacement à Paris, après la conférence de presse organisée alors qu'il était aux Marquises avec Gérald Darmanin. 

 

Un seul sujet à l’ordre du jour, la nomination de Yan Jambet à la tête de l’Office polynésien de l’habitat (OPH). Une réunion qui a d’ailleurs duré plus d’une heure et demie. “Il fallait qu’on le fasse parce que ça grondait et on ne peut pas laisser les choses comme cela. C’était de notre responsabilité de faire cette réunion”, a assuré Oscar Temaru.  

 


“Si c’était une personne honnête, il démissionnerait”

La parole a été donnée aux 35 élus bleu ciel présents à cette réunion et tous sont unanimes pour démettre “le poulain” du président du Pays de ses fonctions. Car ce dernier avait été condamné au civil à rembourser six millions de francs à son ancien employeur, Franck Zermati, dont il avait imité la signature. “C’est vraiment une erreur de casting, il n’a pas sa place à la direction de l’OPH”, a poursuivi Oscar Temaru. “Le Tavini a prôné la probité, la moralisation de la vie politique et ce que le président a fait est contraire à l’éthique du parti.”  

 

Certains élus disent même se faire parfois alpaguer dans la rue par les électeurs qui ne comprennent plus rien à la politique du parti bleu ciel. “On ne sait même pas quoi répondre aux personnes qui nous posent la question, c’est même limite dérangeant.”      

 

D’autres élus assurent qu'“on n’a pas besoin d’attendre la décision de justice (au pénal, NDLR). II a fait des choses et il a même reconnu les faits. Cela est suffisant pour le démettre de ses fonctions.” Et ils sont d’ailleurs nombreux au sein de l’hémicycle “à se demander pourquoi Moetai tient tant à garder cette personne-là, malgré ce qu’il a fait. On ne comprend pas.” 

  

Un autre élu regrette ce qui se passe entre la majorité à l'assemblée de la Polynésie française et son gouvernement. “De toute façon, on a très peu de contact avec le gouvernement. On ne sait vraiment pas ce qu’ils font. Et le président fait ses trucs tout seul dans son coin, c’est vraiment dommage.” 

 

Les premières rumeurs concernant une motion contre le gouvernement Brotherson vont bon train ces derniers jours. Interrogés à ce sujet, les élus bleu ciel à l’assemblée ne veulent pas en entendre parler.  


“C’est lui qui l’a embauché et c’est donc à lui que revient la décision”

Pour le président du Tavini huiraatira, Oscar Temaru, interrogé à la sortie de la commission permanente ce mardi, “la probité, la lutte contre la corruption et la moralisation de la vie politique font toujours partie de l’ADN du Tavini huiraatira et cela ne changera jamais”. Il affirme avoir “appris pas mal de choses par la presse” et qu’après cela, le parti a également mené sa propre “enquête”.  

 

Pour le leader du parti indépendantiste, “il y a deux possibilités, soit ce monsieur démissionne ou alors on laisse le soin au président de prendre sa décision parce que c’est lui qui l’a embauché et c’est donc à lui que revient la décision”.  

 

Certains élus assurent que la décision de démettre Yan Jambet devra être prise avant l’ouverture de la session budgétaire qui aura lieu le 21 septembre prochain. Interrogé à ce sujet, le leader du parti bleu ciel dément cette information. “Non, on n’a jamais parlé de temps limite dans les décisions à prendre”, a assuré Oscar Temaru.  


“C’est à lui de décider”

 

 

Le président du Tavini a précisé qu’au-delà de la réunion du comité de majorité, ce “débat” avait déjà eu lieu au sein même du gouvernement Brotherson. “C’est à lui de décider, il a toute notre confiance (…). On ne va quand même pas perdre du temps, il faut avancer”, précise le leader du parti bleu ciel.  

Il ajoute qu’un compte rendu de la réunion du comité de majorité a été fait au président Brotherson. “Maintenant, wait and see ; attendons.” Le leader indépendantiste reste confiant quant à la décision que Moetai Brotherson va prendre.   

Au niveau du gouvernement, aucun des ministres tavinistes n’a voulu répondre à nos questions, pas même la ministre de la Fonction publique Vannina Crolas qui est également secrétaire générale du parti bleu ciel.  


Le Tapura ajoute sa pierre 
 

L’élue Tapura Tepuaraurii Teriitahi a envoyé une question écrite le 8 septembre dernier au président du Pays qui devrait être étudiée lors de la prochaine séance à l'assemblée de la Polynésie française. Elle rappelle à Moetai Brotherson qu’“une condamnation au civil n’est pas portée au casier judiciaire” et que son “argument n’est pas recevable”. Elle rappelle également que la “probité” de Yan Jambet est “gravement et durablement mise en doute” après avoir imité la signature de son ancien patron pour lui dérober de l’argent. Tepuaraurii Teriitahi écrit également dans sa question écrite que lors des dernières élections territoriales et aussi lorsque l’actuel président était député, il s’était “engagé à promouvoir l’intégrité et l’éthique dans les affaires publiques” et s’étonne donc de la nomination de Yan Jambet “pour gérer près de 15 milliards de francs de fonds publics”.  

L’élue Tapura demande des explications au président concernant son “ardeur” à défendre la candidature de Yan Jambet.            

Contacté, le directeur de l’OPH, Yan Jambet, n’a pas répondu à nos appels. Rappelons qu’au tribunal civil, ce dernier a été condamné à rembourser plus de six millions de francs à son ancien employeur et a reconnu avoir imité la signature de ce dernier pour détourner des fonds. Une procédure en pénal contre Yan Jambet a d’ailleurs été entamée. 


Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mardi 12 Septembre 2023 à 21:04 | Lu 10198 fois