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Le RSMA de retour à Hao, version écolo


L’inauguration de la pose de la première pierre en compagnie de la tāvana de Hao et du général Peloux. Crédit photo Tom Larcher
L’inauguration de la pose de la première pierre en compagnie de la tāvana de Hao et du général Peloux. Crédit photo Tom Larcher
Tahiti, le 16 avril 2024 - La 4e compagnie du RSMA en Polynésie a posé, ce lundi 15 avril, la première pierre de ses futures infrastructures sur l’atoll de Hao, aux Tuamotu. Une compagnie qui se veut novatrice, tournée vers l’écotourisme et l’environnement comme l’avait voulu Emmanuel Macron en 2021. Pour la tāvana de Hao, c’est une aubaine qui devrait répondre à plusieurs besoins de la population de l’atoll. Notamment celui de l’eau, denrée inestimable sur l’île de l’Arc.
 
Une pensée émue pour ceux qui nous ont précédés il y a 20 ans”, déclarait le général Peloux, responsable des sept formations administratives dans les territoires et les départements, juste avant de couper le ruban bleu blanc rouge d’inauguration. Ce lundi 15 mars sur l’atoll de Hao, il présidait la cérémonie de la pose de la première pierre de la 4e compagnie du régiment du service militaire adapté (RSMA) en Polynésie (Hiva Oa, Tubuai, Arue et bientôt Hao). Un lieu historique pour ce dispositif militaire d’insertion sociale et professionnelle, qui était déjà présent sur cet atoll des Tuamotu avant de migrer à Mahina puis à Arue, en 2010.
 
C’était alors Emmanuel Macron, lors d’une visite officielle, qui avait décidé du retour de la compagnie sur l’atoll, et ce dès 2022. “On se devait de répondre rapidement à sa commande”, explique le général. Alors depuis 2022, près de 80 membres du RSMA résident et évoluent dans des locaux temporaires de la commune de Hao, comme une ancienne maternelle par exemple. En parfaite osmose avec la population et la jeunesse de l’atoll, avec qui ils partagent la cantine à midi. Drôle mais chaleureuse, comme proximité. Cependant, ça y est, la première pierre si symbolique des futures infrastructures de la 4e compagnie du RSMA est posée non loin de là. Un chantier de plus de 5 hectares qui devrait durer quatre années, “on l’espère”, rajoute le général.
 
La 4e, une aubaine pour Hao
 
L’une des premières à se réjouir de l’avancement du projet, c’est la tāvana de Hao, Yseult Butcher. Car cette compagnie et ses nouvelles infrastructures qui se veulent novatrices devraient apporter leur lot de bonnes nouvelles sur l’atoll des Tuamotu. Déjà pour l’eau, problématique tenace sur ce bout de terre en plein milieu du Pacifique. Les travaux commenceront d’ailleurs par la construction d’une usine de désalinisation, puis d’une autre de traitement des eaux usées. L’eau potable ainsi produite devrait pouvoir fournir jusqu’à 300 repas par jour et désaltérer une centaine de personnes. “Ici, les gens vivent avec les réserves de pluie”, explique la tāvana. Elle ajoute que même si les habitants de l’atoll ont appris à prendre soin de ces réserves d’eau, cette usine va faire du bien. “Avec le changement climatique, nous avons très peu de pluie en ce moment. Cette usine garantira une quantité d’eau suffisante pour les jeunes du RSMA, mais va aussi permettre au village de se ravitailler en cas de pénurie.”
 
Les infrastructures de cette future compagnie ont également pour objectif de dynamiser la vie sur l’atoll, mais aussi de promouvoir l’écotourisme dans les archipels éloignés. Dynamiser en privilégiant les entreprises locales pour la réalisation des travaux, mais aussi en profitant de la présence des membres du RSMA dans la vie de la communauté, précise la tāvana. “Nous avons déjà cette économie circulaire, tous les cadres du RSMA sont logés au village. Et les futurs membres du RSMA qui occuperont les nouvelles infrastructures découvriront les Tuamotu. Qui sait, peut-être que ce sont les entrepreneurs de Hao de demain.”
 
En ce qui concerne l’écotourisme, les travaux incluent la construction d’un écolodge, censé promouvoir le tourisme dans les destinations les moins prisées. Sur le long terme, c’est un moyen de rééquilibrer la balance pour désengorger les destinations comme Bora Bora, la Perle qui sature, et faire profiter les petites communes de ces retombées économiques. Dans ce cadre, la 4e compagnie de RSMA dispensera à ses stagiaires quatre formations de dix mois : gestion d’un écolodge, agent polyvalent de restauration mais aussi des domaines plus larges mais ô combien utiles comme l’agriculture en région chaude ou encore les énergies renouvelables.
 
Une compagnie éco-responsable
 
C’était la grande doléance du président de la République, et donc le défi imposé aux acteurs de la compagnie de Hao : faire de cette 4e compagnie un ensemble indépendant, le plus propre possible du point de vue de l’environnement. “Hao est un défi que nous avons à relever, car nous avons reçu pour mission de la part du président de se développer en ayant l’impact sur le territoire le plus faible possible”, révèle le général. Cela passe donc par les usines de traitement de l’eau vues plus haut, mais aussi la prise de plusieurs initiatives pour encourager la sobriété énergétique : installation de panneaux solaires, isolation optimisée, utilisation de matériel local et traitement des déchets pour faciliter leur recyclage. Coût estimé de l’opération, “à peu près 35 millions d’euros (4,2 milliards de francs, NDLR), en comptant les aléas”, finit le général. Pour l’instant, les autorités du RSMA sont toujours dans l’attente du permis de construire. La livraison de cette nouvelle compagnie est attendue pour septembre 2028.

Le RSMA en Polynésie française

Le haka des membres du RSMA pour saluer la visite des gradés. Crédit photo Tom Larcher
Le haka des membres du RSMA pour saluer la visite des gradés. Crédit photo Tom Larcher
Le régiment du service militaire adapté (RSMA) en Polynésie française est né en 1989, après la création d’un premier détachement aux îles Marquises. Aujourd’hui, ce dispositif militaire d’insertion sociale et professionnelle forme chaque année plus de 800 jeunes du Fenua (620 en tant que stagiaires volontaires et 191 techniciens volontaires cette année). Le RSMA Pf, c’est désormais quatre sites à travers la Polynésie pour un total de 33 formations différentes dispensées.

Rédigé par Tom Larcher le Mardi 16 Avril 2024 à 15:20 | Lu 1578 fois