Tahiti Infos

Le Président du Pays formule ses vœux du nouvel an chinois. (Communiqué)


Le Président de la Polynésie française, Gaston FLOSSE et son gouvernement, ont assisté ce dimanche matin aux côtés du Haut-Commissaire Lionel BEFFRE, et du Président de l’Assemblée de la Polynésie française Edouard FRITCH, aux festivités du nouvel an chinois au temple Kanti de Papeete.

A la suite des vœux du Président de l’Association Si Ni Tong de Tahiti, Guy YEUNG, le Président Gaston FLOSSE a prononcé un discours en présence des représentants de la communauté chinoise de Tahiti et d’un public venu nombreux assister aux démonstrations de chants et danses présentées pour l’occasion.

Cette année est placée sous le signe du cheval de bois. Le cheval est fougueux. Il a le goût de l’action, du travail et de la créativité, valeurs qui sont également celles du Président. Sur le ton de l’humour, le Président a indiqué que « Si l’année du cheval s’est ouverte le 1er février 2014, elle ne prendra fin que le 18 février 2015. Voilà donc que l’année qui est devant nous, aura 18 jours de plus que ce que nous promet le calendrier occidental. Avec tout ce que j’ai encore à faire, 18 jours de plus dans l’année, c’est une aubaine ! »
« Le plaisir que j’ai de partager cette journée avec vous, a cependant, une source plus profonde. Elle m’offre l’occasion d’honorer la communauté chinoise», a souhaité témoigner le Président. « La réussite chinoise s’est affirmée graduellement dans tous les compartiments de la vie sociale : le petit puis le grand commerce, l’entreprise, les services les plus divers et les plus sophistiqués, la médecine, le barreau, l’administration publique, la vie politique » a félicité le Président, en ajoutant : « S’il est un vœu que je forme en ce début de l’année du cheval, c’est que cette concorde entre les citoyens d’origine diverse perdure, s’approfondisse et qu’aucun virus raciste ne vienne jamais la remettre en cause. Tous, nous devons avoir le souci de contribuer à cette concorde et, au-delà, à la cohésion sociale. ».

Le Président a encouragé les membres de la communauté chinoise à avoir confiance dans l’avenir et à investir afin de contribuer à la relance et à la création des emplois. Avant de clore son discours par des vœux en langue chinoise, le Président s’est adressé personnellement au Consul de Chine, Monsieur WU Dong, dont il a salué l’implication personnelle, estimant que c’est un ami de la Polynésie française. Il a formulé le vœu que les relations entre la Chine et le Pays qui prennent un nouvel élan, perdurent pour des résultats positifs et gagnants.


Discours de Monsieur Gaston FLOSSE,
Président Sénateur de la Polynésie française
----------
Journée culturelle chinoise – Année du Cheval
----------
Dimanche 9 février 2014 – Jardins du Temple Kanti à Mamao


Monsieur le Haut-Commissaire,
Monsieur le Président de l’Assemblée,
Monsieur le Consul de Chine,
Messieurs et Mesdames les Ministres,
Monsieur le Maire de Papeete,
Monsieur le Président de l’association Sinitong,
Chers Amis,

C’est avec un vif plaisir que je participe aujourd’hui à la cérémonie qui marque, à quelques jours près, le début de la nouvelle année chinoise. Une première raison, très égoïste, explique ce plaisir. Si l’année du cheval s’est ouverte le 1er février 2014, elle ne prendra fin que le 18 février 2015. Voilà donc que l’année qui est devant nous, aura 18 jours de plus que ce que nous promet le calendrier occidental. Avec tout ce que j’ai encore à faire, 18 jours de plus dans l’année, c’est une aubaine !
Ma seconde raison est, elle, parfaitement altruiste : on s’accorde à considérer que l’année lunaire qui s’ouvre sera féconde. Il en va traditionnellement ainsi des années placées sous le signe du cheval, mais plus encore de celles du cheval de bois. Le cheval est fougueux. Il a le goût de l’action, du travail et de la créativité. Placé un an durant sous l’influence bénéfique du cheval, le monde ira de l’avant, nous promet-on. Les conjoncturistes rejoignant les astrologues, on nous assure que l’économie mondiale aura les meilleures chances de se redresser en 2014. Acceptons-en l’augure, pour l’humanité tout entière et pour la Polynésie française en particulier.
Le plaisir que j’ai de partager cette journée avec vous, a, cependant, une source plus profonde. Elle m’offre l’occasion d’honorer la communauté chinoise. Qui ne sait que ses débuts ont été ceux d’hommes et de femmes qui avaient dû quitter un pays où ils ne pouvaient plus vivre décemment. Les débuts ont été difficiles pour vos aïeux, restés longtemps étrangers dans leur pays d’accueil. Etre étranger dans le pays où l’on vit, est souvent difficile et parfois cruel. Paul Gauguin, dont nous tirons gloire, ne s’est-il pas tristement illustré par des attaques racistes proférées dans son journal « Les guêpes » contre les Chinois de Tahiti. C’est que, déjà, des réussites individuelles irritaient. C’est que, déjà, l’ardeur au travail des membres de la communauté chinoise indisposait certains. C’est aussi que se manifestait une profonde incompréhension entre les valeurs des uns et les valeurs des autres.
Le temps a passé. La réussite chinoise s’est affirmée graduellement dans tous les compartiments de la vie sociale : le petit puis le grand commerce, l’entreprise, les services les plus divers et les plus sophistiqués, la médecine, le barreau, l’administration publique, la vie politique.

Dans le même temps, le peuple Haka s’est fait polynésien quand bien même il reste attaché à ses origines. Exemple rare dans la diaspora chinoise, les Chinois de Tahiti ont mêlé leur sang à ceux des hommes et des femmes qui vivaient ou venaient vivre dans ce pays. Cette mixité est un bien précieux. C’est le signe et le ciment d’une société tolérante. S’unir à l’autre sans le méconnaître dans sa singularité, dans un destin partagé, c’est la promesse d’un avenir durable car fondé non pas seulement sur le respect mutuel mais sur la fusion des corps et des esprits.
La naturalisation collective de 1973, assortie du droit à la francisation des patronymes, a permis à tous d’accéder à une citoyenneté pleine et entière. La loi de 1973 est due au Président Georges Pompidou, qui avait succédé au Général de Gaulle. Mais sait-on que le conseiller de Georges Pompidou, sur qui a reposé tout le travail, était Jacques Chirac ? Je le connaissais déjà, et il avait bien voulu entendre mon plaidoyer en faveur de la naturalisation.
La communauté d’origine chinoise a bien mérité l’accession à cette citoyenneté et la Polynésie française, grandement bénéficié de son inappréciable apport.
S’il est un vœu que je forme en ce début de l’année du cheval, c’est que cette concorde entre les citoyens d’origine diverse perdure, s’approfondisse et qu’aucun virus raciste ne vienne jamais la remettre en cause. Tous, nous devons avoir le souci de contribuer à cette concorde et, au-delà, à la cohésion sociale. Elle suppose le partage. Unité et solidarité vont de pair. La réussite individuelle est fondée sur du sable si elle ne s’accompagne pas d’une acceptation des sacrifices qu’impose l’obligation de tendre la main à ceux qui restent « au bord du chemin ». C’est sous ce signe là que je place l’année à venir.
En vous appelant à cet effort de solidarité pour garantir l’unité de notre peuple. Au vœu de concorde et de solidarité que je viens de formuler, j’ajoute ma foi dans la détermination de tout le corps social polynésien de tirer le Pays du bourbier où il s’est enlisé. Je crois qu’après une courte année 2013 consacrée au redressement effectif des finances, nous pouvons aborder avec confiance la phase de relance de l’activité.
Quel meilleur augure que placer cette relance sous le signe du cheval de bois ?
Nous commencerons dans peu de temps à voir les effets des efforts que nous avons tous consentis.
J’ai présenté, il y a quelques jours, avec tout le gouvernement, le montant des crédits de paiement que nous avons prévus pour les investissements publics, en tenant compte de la contribution de l’Etat dans le cadre du contrat de projets et des différents instruments financiers qui sont en place.
37,4 milliards de crédits de paiement ! Il y a bien longtemps qu’un tel budget d’équipement n’avait pas vu le jour. Et il y a encore plus longtemps qu’il avait reposé pour la dernière fois sur de véritables financements. Car ce qui importe, ce n’est pas prétendre, c’est de faire, c’est l’action – vous savez que c’est dans mon caractère, comme c’est dans le vôtre, comme c’est dans le signe qui marque la nouvelle année. Notre cheval nous le mènerons au galop.
Et nous réaliserons ! Nous ferons de cette année la première où les entreprises, vos entreprises, et les Polynésiens, nos concitoyens, retrouveront l’activité et les moyens de vivre. Mais ce n’est qu’une première étape.
Le gouvernement a fait son travail, et chaque ministre est responsable de ses projets. Chacun sait à quel point j’y suis attentif.
Mais, vous le savez, le développement économique ne dépend pas que de nous. Je compte encore plus sur votre capacité d’initiative pour que l’investissement privé fasse écho à l’investissement public. Et même que le secteur privé prenne les devants. Je veux pouvoir réduire la sphère publique à ses fonctions essentielles et nous prendrons des initiatives pour libérer la fougue et la créativité des entreprises et des individus.
D’ores et déjà, je suis sûr que vous avez des plans, non seulement pour tenir compte des investissements que nous avons annoncés, mais encore pour vous préparer aux effets des grands projets sur lesquels nous travaillons. Ceux qui sont les plus avancés sont :
- la constitution, pour la première fois, d’un véritable complexe touristique à Tahiti, l’ensemble Mahana Beach, qui couvrira 50 ha et sera confié à des investissements privés,
- et l’installation d’une aquaculture d’exportation de grande ampleur dans les Tuamotu.
Mais il y aura aussi les aménagements du Port de Faratea, la route rapide de la presqu’île, et tous les autres projets touristiques, sans oublier la relance du Noni.
Beaucoup de ces projets intéressent nos amis de la République Populaire de Chine, et j’y vois une sorte de mouvement multiséculaire du destin.

Ce cycle du destin, il s’exprime dans l’émigration de nos ancêtres, ce peuple navigateur parti de Chine sur ses pirogues doubles il y a plusieurs milliers d’années, pour peupler nos îles, l’arrivée de vos aïeux directs au XIXème siècle et au XXème siècle, et aujourd’hui, au XXIème siècle, les retrouvailles avec la Chine moderne.
L’ambition que nous avons, comprenez-le bien, c’est de donner du sens à la position de la Polynésie sur la carte du Pacifique. Le Pacifique, le plus grand océan de la planète, est bordé de presque toutes les grandes puissances mondiales : les Etats-Unis, la Russie, la Chine, et animé des échanges les plus importants du monde entre l’Asie, l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud.
Nous devons avoir un sens, une présence, par rapport à l’ensemble des pays des rives du Pacifique ou bien nous serons les oubliés du monde de demain et nos enfants nous quitteront, comme ils ont déjà commencé à le faire.
Notre présence, affirmée et féconde, c’est aussi celle de la France et de l’Europe au cœur du Pacifique.
Fêter l’année nouvelle, c’est nécessairement accepter de se remettre en cause pour aller de l’avant. Des années de déclin et de marasme nous ont appris, à grands frais, ce qu’il ne faut pas faire. Tournons définitivement le dos à ces erreurs mais dans la conviction qu’une refondation s’impose. J’y invite chacun et chacune. Bon courage à tous et qu’une prospérité retrouvée couronne nos efforts communs !
Kuang-hi-fat-choy !

Rédigé par () le Lundi 10 Février 2014 à 05:39 | Lu 1351 fois