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Le Président de Vanuatu limoge le chef de la police


Image d'archives:  Joshua Bong et Iolu Abbil
Image d'archives: Joshua Bong et Iolu Abbil
PORT-VILA, vendredi 5 octobre 2012 (Flash d’Océanie) – Le Président de Vanuatu, Iolu Abbil, a limogé vendredi Joshua Bong, qui avait, le week-end dernier, tenté un retour en force à la tête des forces de l’ordre de cet archipel en faisant arrêter celui qui assurait son intérim, Arthur Caulton.
M. Caulton a aussi été désigné pour assurer l’intérim, en attendant la nomination d’un nouveau chef de la police, rapporte la radio nationale.
Le matin même, vendredi, M. Bong, conformément au protocole, escortait le chef de l’État lors des cérémonies officielles marquant la date anniversaire de la Constitution du pays.
Deux jours avant, le Président procédait à un sérieux remaniement dans la composition de la Commission des Services de la Police de Vanuatu, qui a entériné le week-end dernier la reconduction de M. Joshua Bong au poste de chef des forces de l’ordre, après trois mois de mise à pied.
Dans le cadre de ce remaniement, un nouveau Président de cette Commission chargée de superviser le fonctionnement de la police nationale avait été nommé en la personne de M. Hervé Hopkins, en remplacement de Tony Ata, qui aurait présenté sa démission du fait de son intention de se présenter aux toutes prochaines législatives.
Ce remaniement intervient peu après la prise de position de la Commission, sous la précédente présidence de M. Ata, en faveur de M. Bong.
Cette Commission avait auparavant déclaré en milieu de semaine, en forme de concession, qu’elle effectuerait une nouvelle « évaluation des performances » de M. Bong, lundi 8 octobre 2012.
Cette Commission, depuis sa décision de reconduire M. Bong dans ses fonctions, se trouve en confrontation directe avec le ministre de tutelle (Intérieur), George Wells, qui lui demandait depuis trois jours de revenir sur cette nomination.
M. Wells maintenait qu’Arthur Caulton, qui assurait l’intérim de M. Bong depuis fin juin 2012, devrait continuer à assurer cet intérim en attendant une nouvelle nomination au poste de numéro un de la police nationale.
M. Bong, alors que sa période de suspension de trois mois (aux motifs d’incompétence) était sur le point d’arriver à son terme, ainsi que la durée son contrat, le 30 septembre 2012, a ordonné l’arrestation de M. Caulton, ainsi que de deux autres responsables : le Président de la Commission des Services de Police Tony Ata et le commandant de la division du Sud Vanuatu (y compris l’île de Tanna), Pierre Carlot.
Il les faisant ensuite comparaître devant la justice en les accusant de mutinerie et d’incitation à la mutinerie.
Le même jour, dimanche 30 septembre 2012, la Commission des Services de la Police se réunissait en urgence, un dimanche, et décidait de reconduire M. Bong dans ses fonctions pour une durée supplémentaire de cinq ans.
Les trois suspects ont été remis en liberté sous caution le lendemain.

Les élections législatives sont prévues pour avoir lieu à Vanuatu le 30 octobre 2012.

Dès fin juin 2012, le gouvernement de l’archipel s’inquiétait de la probabilité d’éventuelles tensions au sein de sa police, à la suite d’une décision présidentielle intervenue peu avant de mettre à pied le chef des forces de l’ordre, Joshua Bong, dans le but affiché de mettre fin à un conflit qui l’opposait à celui qui assurait son intérim, Arthur Caulton.
Mi-juin 2012, le Président de Vanuatu, Iolu Abbil, avait dû intervenir afin de tenter de mettre fin à la confrontation entre les deux hommes.

M. Bong avait été une première fois mis à pied par la commission des services de la police, organe qui tient lieu de comité de discipline pour la police nationale vanuatuane.
La commission avait alors évoqué un manque de compétence et avait mis l’officier en « congés forcés », au titre de ses droits à faire valoir sur ses congés annuels.
Depuis, c’est son adjoint Arthur Caulton, qui avait assuré son intérim et avait très rapidement acquis une haute visibilité médiatique, partiellement en raison d’une nouvelle évasion en masse de prisonniers dans la capitale et qui a eu pour conséquence une vague de criminalité et l’assassinat à leur domicile d’un couple de Néerlandais en retraite, à Port-Vila.
Après la décision de la Cour Suprême, M. Bong avait tenté de reprendre son poste, mais M. Caulton avait refusé de lui céder la place.
M. Bong avait alors estimé qu’il s’agissait d’une « incitation à la mutinerie » et avait porté plainte.

En 2002, une tentative de mise en œuvre de réformes drastiques et d’intégration de la police aux Forces Mobiles de Vanuatu (les VMF, force paramilitaire) avait causé de graves tensions au sein des forces de l’ordre, conduisant au bord d’un affrontement direct entre camps opposés.

pad

Rédigé par PAD le Jeudi 4 Octobre 2012 à 22:44 | Lu 610 fois