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Le Pays veut faire décoller l’apprentissage


Crédit photo : Greg Boissy.
Crédit photo : Greg Boissy.
Tahiti, le 02 février 2023 – La loi du Pays encadrant le nouveau dispositif d’alternance est passée mercredi en conseil des ministres. Elle a pour but de renforcer l’attractivité de l’apprentissage, une initiative saluée par Olivier Kressmann, le vice-président du Medef qui juge la nouvelle loi comme la “meilleure façon de mélanger formation et expérience”.

Promulguée le 23 janvier dernier, la loi du Pays visant à développer et à promouvoir l’apprentissage est passée mercredi en conseil des ministres. Ce nouveau dispositif a pour objectif de permettre aux demandeurs d’emploi d’avoir accès une formation théorique dispensée dans un centre de formation, puis de pouvoir la mettre en pratique au sein d’une entreprise. Ce système qui est similaire à celui lancé depuis longtemps en France métropolitaine, est prévu sur une durée initiale de trois ans.
 
“L’alternance a toujours été un dispositif éloigné de la culture polynésienne”, a expliqué Christophe Plée, président de la CPME, “l’apprentissage n’a jamais réellement démarré en Polynésie. Il faut rappeler que ce principe vient des Compagnons en métropole. Il faut essayer d’inculquer cette façon d’apprendre un métier”. Selon lui, le gouvernement à une réelle volonté de faire enfin “décoller le projet de l’apprentissage et y mettant les moyens”.
 
Mélanger formation et expérience
 
Cette nouvelle loi est la meilleure façon de mélanger formation et expérience, elle est la meilleure réponse aux entreprises qui souhaitent favoriser l’apprentissage, a réagi Olivier Kressmann, vice-président du Medef polynésien, aujourd’hui on remet enfin en place l’importance de l'alternance, maltraitée depuis des années par les CAE notamment”. Embaucher un apprenti est donc une manœuvre “gagnante-gagnante” a-t-il continué. Une réaction en adéquation avec l’objectif de cette loi, qui, selon le compte rendu du conseil des ministres de mercredi, a bel et bien pour finalité “le développement et la promotion de la formation par l’apprentissage en Polynésie française, en vue d’une insertion professionnelle durable de ses bénéficiaires”.
 
“Les mesures ont été discutées et travaillées avec le patronat, donc elles nous conviennent forcément” a ajouté Christophe Plée. Désormais, pour Olivier Kressmann, il ne reste plus qu’à convaincre les entreprises du fenua : “C’est maintenant à notre tour, organisations patronales, de montrer l’intérêt que peut représenter l’alternance”.
 
Financé en partie par le Pays
 
Comme avec les CAE (convention d’accès à l’emploi), qui étaient financées par le Pays, la future loi sur l’apprentissage prévoit une aide financière qui sera dégressive suivant les années. En effet, l’apprenti aura un salaire à hauteur de 70% du Smig que lui versera son employeur, une rémunération que prendra totalement en charge le Pays la première année, puis à 90% lors de la seconde et enfin 80% pendant la troisième. “La première année, on forme l’apprenti, mais après c’est bien normal de commencer à le rémunérer nous-mêmes, car il est en capacité de travailler” a expliqué Olivier Kressmann. Même constat pour les charges patronales sur le salaire de l’alternant, le Pays prendre en charge 70% de cette taxe, puis 50% et enfin 30% lors de la dernière année. Une prime mensuelle de 30 000 Fcfp sera aussi versée au maître d’apprentissage en charge de la formation de l’alternant. “Le gouvernement met réellement les moyens pour financer et encadrer au mieux cette loi ” a conclu Christophe Plée.
 
Quelles conditions pour y accéder
 
Lors de son passage en conseil des ministres, la loi du Pays a été définie par plusieurs modalités d’application. Pour devenir apprenti, il faut tout d’abord avoir entre “16 et 28 ans” et être “en recherche d’emploi”. Quelques dérogations en fonction de la situation sociale peuvent être accordées. En s’engageant dans ce parcours de formation, l’alternant obtient donc également un statut d’employé à part entière, avec notamment le droit aux congés payés et une couverture sociale. Enfin pour les entreprises qui souhaitent embaucher un apprenti, il faut remplir des conditions, comme designer un maître d’apprentissage titulaire d’un diplôme et avec une expérience d’au moins 5 ans ou encore justifier les moyens matériels et humains suffisants pour encadrer le futur alternant.
 

De meilleures conditions pour les entreprises

La nouvelle loi sur l’apprentissage va bousculer beaucoup de choses pour les entreprises. “Les conditions pour prendre des apprentis seront bien meilleures que les anciennes” a expliqué Christophe Plée.

Ainsi, un meilleur suivi des alternants sera mis en place. Des maîtres d’apprentissages seront également attribués à chacun, ceux-ci se verront également récompensés d’une prime de 30 000 Fcfp chaque mois pour cet encadrement. Selon le président de la CPME, “la réception en entreprise est améliorée, la prise en charge est mieux encadrée, tout est fait pour donner envie aux chefs d’entreprise de prendre une personne à former sur plusieurs années”. Pour lui, “l’alternance est quelque chose d’intéressant pour les entreprises” tout en étant également très “profitable pour les jeunes”.

Rédigé par Thibault Segalard le Jeudi 2 Février 2023 à 18:35 | Lu 1001 fois