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Le Pacific DigiPol s'esquisse


Tahiti, le 15 juin 2020 – Le projet de création d'un Pacific DigiPol refait parler de lui avec le lancement de deux consultations de la DGEN portant sur la réalisation de ce futur pôle dédié à l'entreprenariat digital de 1 600 mètres carrés.
 
Alors que le président de la French Tech Polynésie, Olivier Kressmann, regrettait en avril dernier dans nos colonnes que l'on "traine un peu" sur le projet du Pacific DigiPol, le Pays semble désormais s'activer en coulisses sur ce futur "espace de convergence numérique". La Direction générale de l'économie numérique (DGEN) vient en effet de lancer deux consultations consécutives menées dans le cadre des études préalables au futur "bâtiment totem" que devra constituer cet espace dédié aux acteurs polynésiens du numérique.
 
Mesure phare du plan "Smart Polynesia" de développement de l'écosystème numérique de la Polynésie, le projet doit permettre de regrouper les infrastructures nécessaires à l'essor des start-up polynésiennes et plus généralement de l'entreprenariat lié à l'innovation et la tech. "Le Pays souhaite proposer un espace de convergence qui centralisera, en un même lieu géographique, non seulement l'ensemble des équipements techniques nécessaires à l'émergence d'entreprises numériques innovantes, mais aussi des espaces favorisant l'apprentissage, le tutorat et le frottement technologique", indique le plan Smart Polynesia. On parle ici d'incubateur de start-up, d'espaces de coworking, d'hôtel d'entreprises ou d'espaces de formation…
 
Depuis 2018, ce Pacific DigiPol bénéficie d'une enveloppe de 115 millions de Fcfp financée par l'État et le Pays au titre du Fonds exceptionnel d'investissement (FEI) justement pour sa phase d'études de faisabilité. Pour l'heure, une première étude de faisabilité et de programmation a justement été lancée via TNAD l'année dernière. Les besoins estimés ont été évalués à 1 600 mètres carrés, mais sans qu'un site ne soit pour l'heure identifié pour accueillir le bâtiment ou la "zone" accueillant les infrastructures. En effet, le directeur de la DGEN, Karl Tefaatau, explique que le Pays décidera à l'issue de l'ensemble études de faisabilité et en fonction des besoins identifiés s'il souhaite construire lui-même le bâtiment, aménager ou rénover un espace existant.
 
Décision avant la fin de l'année
 
À l'heure actuelle, deux nouvelles consultations viennent donc d'être lancées. La première concerne la coordination et le suivi d'études en vue de réaliser l'aménagement du projet. La seconde concerne la "production de la stratégie de partenariat et d’animation de l’écosystème digital et entrepreneurial polynésien du projet". En effet, si le Pays entend piloter l'aménagement du lieu, l'animation du Pacific DigiPol devrait ensuite être confiée sur appel d'offre à un prestataire pour des concessions de près de quatre à cinq ans. Le calendrier prévoit que cette nouvelle phase de consultations arrive à terme d'ici septembre/octobre, avant un choix du Pays sur le choix du projet avant la fin de l'année. Le Pacific DigiPol entrera ensuite dans une phase plus concrète de réalisation. Même s'il faudra au préalable trouver les crédits nécessaires à sa sortie de terre.
 

Karl Tefaatau, directeur de la DGEN : "C'est une vision à échelle régionale"

Qu'est-ce qu'on souhaite créer avec ce "DigiPol" ?
 
"Le Pacific DigiPol est issu d'une réflexion des assises des outre-mer, qui a été validée à la fois par le Pays et par l'État, et qui a donné lieu à un contrat au titre du Fonds exceptionnel d'investissement (FEI). Le "DigiPol", c'est avant tout un bâtiment totem, au sens où il va représenter les initiatives innovantes du digital de la Polynésie française. Et "Pacific" tout simplement parce que c'est une vision à échelle régionale."
 
Est-ce que vous savez déjà ce que l'on va retrouver concrètement dans ce bâtiment ou dans cet espace ?
 
"Effectivement, il faut le voir comme une zone dans un premier temps. Ce qu'on va y retrouver, ce sont des espaces d'accueil grand public, des espaces de coworking, des espaces réservés à l'incubation des entreprises en amorçage, un hôtel d'entreprises ou encore des espaces qui seront également dédiés à la formation…"
 
Quel est l'objectif de ce DigiPol ?
 
"C'est d'asseoir une présence de la Polynésie française au niveau régional. Il y a beaucoup de choses qui sont faites chez nous. Elles passent rarement à l'échelle internationale. Et donc l'idée, au travers du DigiPol, c'est de donner un coup de boost pour une meilleure visibilité et un meilleur accompagnement des start-up. Il y a quelques entreprises ici qui en ont bénéficié. On voudrait qu'il y en ai d'autres dans les années à venir."
 
Cette approche régionale et proactive de la Polynésie pour ses voisins rappelle la vision Tech4Islands portée par la French Tech Polynésie ?
 
"Oui, ce sont deux initiatives qui sont complémentaires. La Tech4Islands va permettre d'attirer des projets, des compétences et des entreprises qui vont pouvoir être exploitées en Polynésie française parce qu'elles vont répondre à nos besoins. Elles vont arriver avec une technicité et des projets déjà avérés et bien avancés. Et nous, ce qu'on veut faire, c'est bénéficier de cette expérience qu'on aura sur notre territoire pour accompagner et encourager nos propres entreprises à déployer ces technologies et pourquoi pas aller s'exercer sur d'autres marchés."

Rédigé par Antoine Samoyeau le Lundi 15 Juin 2020 à 22:18 | Lu 61616 fois