
Alors qu'en métropole le ministère des Sports a décidé de repousser à février prochain un éventuel rattachement des arts martiaux mixtes, ou MMA, à une fédération sportive, en Polynésie française le Pays a attribué le 27 décembre dernier à la fédération de lutte, arts martiaux mixtes, jiu jitsu brésilien et disciplines associées (FPLALDA) une délégation de service public (DSP) pour encadrer la pratique du MMA au fenua. Cet arrêté est paru le 3 janvier au JOPF.
“On pourra désormais organiser des combats amateurs sur le fenua dont les championnats de Polynésie de MMA. On pourra également mettre en place des formations pour les entraîneurs et les juges arbitres”, explique Hiro Lemaire, président de la FPLALDA, qui a été la seule fédération à répondre à l'appel à manifestation d'intérêt lancé par la direction de la Jeunesse et des Sports en mai dernier.
“Je suis de plus en plus rassurée, car nos champions m'ont invitée à venir voir leurs démonstrations. En résumé ce que j'ai pu retenir, le MMA, c'est de la boxe et du taekwondo, c'est la ministre débutante qui vous parle. Je n'ai pas vu de sang”, avait indiqué Christelle Lehartel, ministre des Sports en marge de la conférence internationale sur le MMA en octobre dernier.
“Un bon vivier de combattants loisirs”
Désormais, l'objectif de la fédération est de structurer la discipline, d'établir des règles, de former des professeurs compétents, des juges… Tout cela encadré par une structure rigoureuse et sérieuse. “Nous avons aujourd'hui un bon vivier de combattants 'loisirs' en Polynésie française mais en manque véritablement de compétiteurs”, atteste Avaro Neagle, agent sportif qui s'occupe notamment de Flore Hani, combattante professionnelle de MMA.
“Les choses bougent et cela va donner de nouveaux objectifs à nos jeunes comme la possibilité d'engranger de l'expérience sur des compétitions amateurs locales, avant d'envisager peut-être une carrière professionnelle”, se réjouit de son côté Raihere Dudes, autre figure de proue de la discipline au fenua.
A noter que la DSP attribuée à la FPLALDA permettra également aux athlètes affiliés à cette dernière de pouvoir représenter officiellement la Polynésie française dans le cadre de compétitions internationales. “On a prévu d'envoyer des combattants pour les Oceania qui auront lieu en Australie en mars prochain”, affirme Hiro Lemaire.
Interview
Président de la FPLALDA
“Développer d'abord le MMA amateur”
Vous avez été la seule fédération à répondre l'année dernière à l'appel à manifestation d'intérêt du Pays. Mais vous aviez déjà constitué un dossier en 2015 pour pourvoir encadrer la discipline…
“Trois fédérations s'étaient positionnées à l'époque pour développer le MMA. Nous sommes passés devant une commission ad-hoc mais la procédure a été arrêtée. A cause d'abord de l'affaire Sandy Ellacott, qui s'était fait tabasser à mort à Bora Bora et qui a beaucoup ému l'opinion public. Et puis il y a eu un changement au niveau du ministère de la Jeunesse et des Sports et le dossier n'a pas forcément été suivi. On est repassé par la case départ en 2019 pour finalement obtenir cette DSP.”
Votre fédération a hérité de la délégation de service public pour encadrer la pratique du MMA an fenua. Qu'est-ce-que cela veut dire concrètement ?
“On pourra désormais organiser des combats amateurs sur le fenua, dont les championnats de Polynésie de MMA. On pourra également mettre en place des formations pour les entraîneurs et les juges arbitres. On pourra compter sur le soutien de la fédération internationale de MMA (IMMAF), à laquelle nous sommes affiliés depuis octobre dernier. Contrairement à l'étranger et notamment aux Etats-Unis où le MMA est tout de suite devenu professionnel, en Polynésie on va prendre le contre-pied et développer le MMA amateur. Nous avons encore tout à développer ici en pour permettre une pratique optimale de la discipline. Cette délégation de service public va aussi nous permettre d'organiser dans l'année les championnats de Polynésie de MMA, et va également permettre à nos combattants de pouvoir représenter la Polynésie française dans le cadre de compétitions internationales. Ça sera le cas en mars prochain en Australie pour les Oceania de MMA.”

Combattant professionnel de MMA
“Cela va donner de nouveaux objectifs à nos jeunes”
“Cette DSP va donner à la fédération un rôle important et ainsi permettre d'encadrer et de structurer l'évolution de la discipline sur le fenua. Ça ne peut être que bénéfique pour notre discipline. Les choses bougent et cela va donner de nouveaux objectifs à nos jeunes comme la possibilité par exemple d'engranger de l'expérience sur des compétitions amateurs locales, avant d'envisager peut-être une carrière professionnelle.”
Qu'est-ce qu'une délégation de service public ?
Elle a le monopole sur l’organisation des compétitions officielles et sur la délivrance des titres, fait la promotion de l’éducation par les activités physiques et sportives, s’occupe de la formation et du perfectionnement des cadres bénévoles, délivre les licences fédérales.
La fédération délégataire a également un pouvoir disciplinaire. Elle met en place les règles techniques de sa discipline.
Les appellations “Fédération tahitienne de…” ou “Fédération polynésienne de…” peuvent être utilisées uniquement par les fédérations ayant reçu la délégation de service public du président du gouvernement.
La légalisation du MMA repoussée à février en métropole
Une commission est désormais chargée d'auditionner chaque fédération candidate et de formuler un avis. La décision d'attribution de la fédération interviendra dans le courant du mois de février 2020, après avis du Comité national olympique sportif français (CNOSF).
Rappelons qu'en France, la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, a procédé à la première étape vers la légalisation du Mixed Martial Arts (MMA), le 24 juin dernier. Cette décision fait suite à la remise d'un rapport parlementaire, puis d'une mission d’observation confiée à la Confédération des arts martiaux et des sports de combat. Avec un même constat : l’évolution nécessaire de l’organisation et de la réglementation de cette pratique.