Tahiti Infos

Le Livre et l’Université

Dans le cadre du Salon du Livre, le jeudi 14 octobre, l’Université de Polynésie Française a accueilli Alan Duff, écrivain maori de renommée internationale, auteur notamment de Once were Warriors (1990) , dont est inspiré le célèbre film du même nom. L’amphithéâtre était comble : étudiants d’hier et d’aujourd’hui, amoureux de littérature et de culture, ils étaient venus très nombreux, écouter un grand écrivain présenter son œuvre et répondre aux questions du public. Saluons donc cette belle initiative de l’Université de Polynésie Française.


Le Livre et l’Université
Mais alors, pourquoi l’Université de Polynésie Française prévoit-elle de fermer bientôt ses portes à la littérature anglophone ? Dans son prochain plan quadriennal, avec la disparition de la filière LLCE (Langue, Littérature et Civilisation Etrangère anglais), l’enseignement de la littérature du Pacifique sera rayé des programmes.
Comment l’Université de Polynésie Française peut-elle, d’une part, inviter un écrivain anglophone, et d’autre part, proscrire la littérature anglophone ? Où est l’erreur ?
J’ai fait part à Alan Duff de cette décision de l’UPF. Il a été atterré. « Un pays a besoin de littérature pour avancer », m’a-t-il dit, l’air grave. Les voix de nos écrivains sont belles, mais timides encore, elles ne retentissent pas par-delà nos frontières avec la vigueur de celles d’Alan Duff, Albert Wendt, Keri Hulme, Witi Ihimaera, Sia Figiel… Il faut que nos étudiants puissent entendre ces voix qui s’élèvent des îles sœurs. Fermer la licence d'anglais, c’est le leur interdire. C’est étouffer ce souffle vital. C’est leur refuser de se nourrir aux forces vives maori, samoanes et hawaïennes, et à celles, plus lointaines, d'Amérique et d'Europe (comme Alan Duff s'est inspiré de l'Américain William Faulkner.)
Maori de mère, Pakeha de père, élevé par ses grands-parents, Alan Duff a eu une jeunesse difficile, de violence et d’incarcérations. C’est grâce aux livres qu’il s’en est sorti. Aujourd’hui, l’association qu’il a fondée, « Books in Homes » , distribue gratuitement des millions de livres aux enfants défavorisés. A l’Université de Polynésie Française, les livres de littérature anglophone sont appelés à disparaître des salles de cours.

Sylvie Largeaud-Ortega
Professeur agrégé d'anglais à l'Université de Polynésie Française,
docteur en Lettres, Littérature et Civilisation Anglophones.


Rédigé par Sylvie Largeaud-Ortega le Samedi 16 Octobre 2010 à 14:49 | Lu 1193 fois
           



Commentaires

1.Posté par teva le 18/10/2010 06:57 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

Ne dite pas n'importe quoi Madame Largeaud -Ortega vous savez mieux que personne que la décision n'est pas encore entériner a paris et meme si elle le fut ce n'est pas un problème,la littérature est et restera dans la mémoire ,les livres seront toujours la.
Mais peut etre que des retouches sur votre salaire du a des heures en moins,ou a un planning qui ne vous permette plus d'avoir autant d'heure libre qu'avant ne vous insupporte
comme la plupart de vos collègues d'ailleurs
on commence a bien vous connaitre les enseignants de L'UPF
un conseil en amis enseigné c 'est tout ce qu'on vous demande

2.Posté par Tehani le 18/10/2010 09:56 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

Commence par apprendre l'orthographe avant de donner des leçons. Dans l'état actuel de ton talent littéraire, ça ne m'étonne pas que tu sois insensible aux vraies problématiques culturelles de Tahiti.

3.Posté par Mareva le 19/10/2010 07:54 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler

@ Teva: effectivement, un renforcement en grammaire et en orthographe serait du plus bel effet pour tes prochains commentaires concernant les problématiques culturelles et littéraires en Polynésie française, et surtout avant de vouloir "écrire" sur la littérature, les lettres et la civilisation qu'elle soit anglophone, hispanophone, francophone, ni même tahitianophone... Et pour ta gouverne, aucun des enseignants et enseignants-chercheurs de l'UPF en filière LLCE n'aura à souffrir de cette réforme, ni pécuniairement, ni administrativement. La réforme proposée lèse uniquement les étudiants. Et "comme la plupart de [nos] collègues", l'avenir de nos jeunes, est la préoccupation majeure de Madame Ortega...

Madame Largeaud-Ortega a raison de s'émouvoir de certaines décisions prises par la direction de l'UPF. Même si ces dernières ne sont que le résultat d'un souffle du ministère national, elles n'en perdent pas leur caractère autoritaire et surréaliste. Du surréalisme dans la gouvernance, on avait l'habitude depuis 2004. Mais jusqu'alors, on y voyait malgré tout un réel souci pour l'avenir de nos jeunes.
Fermer la licence d'anglais à l'UPF ne revient pas tout à fait à priver les étudiants d'un enseignement supérieur en anglais. Cela équivaut à les en priver dans un contexte polynésianiste de forte influence anglophone. En effet, les étudiants motivés qui en ont les moyens peuvent toujours partir étudier en métropole ou à l'étranger. C'est ce à quoi l'UPF se destine avec ces réformes hurluberluesques alors même qu'elle tente, à l'inverse, d'attirer le plus grand nombre de bachelier des filières générales possible. Un paradoxe, une oxymore, une aberration! Du surréalisme!
Certes, les livres et la littérature seront toujours présents, et bien heureusement! "Dans la mémoire", dans les rayons d'une bibliothèque très certainement, mais avec personne pour les lire. Personne pour les écrire. Personne pour les comprendre. Assurément, ne plus enseigner l'anglais à l'UPF va précipiter la connaissance de ces oeuvres et de ces auteurs à leur perte. Et ce n'est pas seulement leur influence contemporaine qui se perd.
Il s'agit aussi de toutes les oeuvres, les écrits, les traces lais...