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Le Haut conseil de Polynésie « refondé sur une base juridique nouvelle »


PAPEETE, vendredi 14 mars 2014. Les élus de la majorité Tahoeraa de l’Assemblée de Polynésie française ont approuvé ce vendredi, par une délibération, la renaissance du Haut conseil de Polynésie, mais les deux groupes d’opposition A Ti’a Porinetia et UPLD ont voté contre, comme ils l'avaient fait en juillet 2013 au moment de la première renaissance de cette "autorité indépendante". Le Haut conseil, comme institution de Polynésie avait été créé dans la loi organique de 2004, puis supprimé dans les modifications prises en 2011. Dès son arrivée au pouvoir, le nouveau gouvernement de Gaston Flosse a tout mis en oeuvre pour relancer le Haut conseil ce qui fut fait en juillet 2013. Mais depuis cette date, la Loi de Pays portant création du Haut conseil a été invalidée par le Conseil d’Etat le 19 février dernier ; quant à la délibération adoptée en juillet 2013 également, elle a été attaquée devant le Tribunal administratif de Papeete en août 2013 et l’audience est prévue pour le 8 avril prochain.

Dans leurs interventions, les deux groupes d’opposition dans l’hémicycle territorial ont repris les mêmes arguments qu’il y a 8 mois : à savoir que le Haut conseil va coûter cher (environ 100 millions de Fcfp/an) et que la forme juridique choisie par le gouvernement polynésien, ni une institution (car il faudrait en passer par le Parlement), ni un service administratif (un arrêté ministériel serait suffisant), reste mal définie et par conséquent fragile. Ainsi, la délibération adoptée ce vendredi, supposée blinder la forme et le fond du Haut conseil polynésien, en tenant compte des critiques formulées par le Conseil d’Etat, pourra tout aussi bien être attaquée, de nouveau, devant le Tribunal administratif. Le vote de la délibération de ce vendredi n’est donc pas forcément l’ultime épisode de cette saga politico-juridique.

En attendant, la discussion sur ce Haut conseil a permis à chacun des trois groupes de l’Assemblée de Polynésie d’exprimer son point de vue sur cette autorité. Rapporteur du projet de délibération, Jean-Christophe Bouissou, vice-président de l’assemblée a expliqué : «le plus important peut-être c’est que les avis du Haut conseil, à la différence de ceux des services sont rendus collégialement. Il ne s’agit pas de créer un service avec un chef de service sinon on dévoie l’idée même de la création du Haut conseil. 2e point important : on évite des contentieux inutiles et parfois coûteux pour le Pays, c’est le fondement de ce Haut conseil. 3e point important : il garantit de prendre le recul nécessaire pour mener des études et d’expertises, ce qui ne serait pas forcément le cas d’un service dépendant directement du gouvernement. 4e c’est l’indépendance pour ne pas dire autonomie du Haut conseil».

Les interventions des groupes d’opposition de l’assemblée polynésienne ont été virulentes, notamment de la part de Richard Tuheiava dans les rangs de l’UPLD. S’exprimant en tahitien, la traduction en français proposée en direct au moment des débats, est apparue bien plus policée que le texte rédigé en français qui a été transmis aux rédactions. «Décidément le Haut conseil se fout de la justice ! Une institution qui veut nous conseiller sur nos lois, nous faire la morale, interpréter les lois de la République… mais qui refuse elle-même de se résigner à ce que la Justice a décidé. Cet énième texte, appartenant à la désormais saga du Haut conseil, est une insulte à la Justice républicaine. Le Haut conseil est illégal ! ». De son côté, Teva Rohfritsch, président du groupe A Ti’a Porinetia a parlé d’entêtement de la part du gouvernement de Gaston Flosse à créer «un joujou à 100 millions de Fcfp » et a proposé d’intégrer le président du Haut conseil au secrétariat général du gouvernement. «Nous voici partis dans la création et l’aventure totale, chers amis de la majorité, alors même que le Conseil d’Etat a sanctionné la Loi de Pays (…) et cette délibération est à nouveau très fragile. Nous ne sommes plus face à une "autorité consultative indépendante", mais, nous voici désormais avec "une autorité consultative collégiale dotée de l’autonomie fonctionnelle" qui n’existe dans aucune strate de notre statut et nous expose à nouveau à la censure des tribunaux».

Pour rentrer dans les clous de la décision d’invalidation de la Loi de Pays par le Conseil d’Etat
, le gouvernement polynésien a revu le champ d’intervention et le mode opératoire du Haut conseil. «Le gouvernement estime qu’il convient, dans le cadre fixé par l’arrêt dy Conseil d’Etat du 19 février 2014, de conforter le Haut conseil en recentrant son activité sur son rôle de conseiller du gouvernement, dont émanent dans les faits la plupart des projets qui deviennent ensuite des lois du Pays ou des délibérations. Ainsi, pour éviter tout reproche quant à sa place dans l’équilibre institutionnel de la Polynésie, le Haut conseil sera-t-il désormais placé auprès du seul gouvernement» précise le rapport présenté aux représentants ce vendredi. Le Haut conseil ne sera plus accessible aux organes externes comme l’Assemblée de Polynésie, sauf su les demandes d’avis sont transmises au Haut conseil par le président du Pays. Actuellement le Haut conseil de Polynésie (qui siège dans les locaux de l’ex présidence) est composé d’un président, Stéphane Diemert, de trois conseillers et de cinq auditeurs. Tous ont été nommés par arrêté ministériel. Le Haut conseil de Polynésie a commencé à travailler dès le mois d’août 2013.

Pour lire l'intervention de Sandrine Turquem, du groupe Tahoeraa, CLIQUER ICI

Pour lire l'intervention de Richard Tuheiava, du groupe UPLD, CLIQUER ICI

Pour lire l'intervention de Teva Rohfritsch, du groupe A Ti'a Porinetia, CLIQUER ICI

Rédigé par Mireille Loubet le Vendredi 14 Mars 2014 à 15:08 | Lu 1565 fois
           



Commentaires

1.Posté par jean pierre le 15/03/2014 08:22 | Alerter
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La j'y vois quand même un effet pervers d'une majorité qui ne risque rien pendant quelques années, ce conseil n'a et n'aura pour utilité que de grassement payer ceux qui y sont employés. C'est un peu lamentable.

2.Posté par Le président de "la Polynésie française", des françaises et des français René, Georges, HOFFER le 15/03/2014 09:41 | Alerter
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Pour voir la décision du conseil d'Etat n° 370850 faire www.legifrance.gouv.fr puis aller dans "jurisprudence", puis "administrative", puis "conseil d'Etat", puis "370850". (Elle est à ce jour occultée sur le site www.conseil-etat.fr)
A la place de "M. C.", lire "René HOFFER":
"Sur l'intervention de M. C...:
3. Considérant que l'article 176 de la loi organique a institué deux voies de recours distinctes pour la contestation des " lois du pays ", l'une réservée aux autorités et personnes mentionnées à son I, l'autre ouverte aux personnes justifiant d'un intérêt pour agir ; que la première de ces voies obéit à des règles particulières de procédure ; que, notamment, la requête est communiquée, avec les moyens de droit et de fait qu'elle comporte, aux autorités titulaires du droit de saisine, qui disposent d'un délai de dix jours pour présenter leurs observations ; que ces règles particulières excluent la possibilité d'intervenir à l'instance dans le cadre d'un recours formé par les autorités ou personnes mentionnées au I de l'article 176 ; que dès lors, l'intervention de M. C...dans la présente instance n'est pas recevable ;"
Quand "M.C" sera remplacé par "X.P" (F) hohohohohoh [email protected]
http://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriAdmin.do?oldAction=rechJuriAdmin&idTexte=CETATEXT000028665162&fastReqId=621562665&fastPos=1

3.Posté par Le président de "la Polynésie française", des françaises et des français René, Georges, HOFFER le 15/03/2014 10:20 | Alerter
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Just pour compléter: "Article 1er : L'intervention de M. A...C...au soutien de la requête n° 370850 n'est pas admise." C'est sûr que çà fait un peu "Mac'" mais bon, s'il avaient mis M.R.H. tout le monde aurait su que c'est moi hohohohohoho [email protected]

4.Posté par emere cunning le 15/03/2014 17:34 | Alerter
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C'est vrai que le Haut Conseil peut éviter au Territoire ces nombreux contentieux inutiles qui trainent et finissent par coûter aussi cher au Pays. Mais y'en a qui s'en fichent. Et pire, qui se bidonnent quand ça va mal. Les élus en France ont à leur disposition tous ces moyens et conseillers, et je ne vois pas pourquoi nous devrions continuer à bricoler.
Quant au père Tuheiva qui estime que c'est une insulte à la Justice républicaine, il est vraiment mal placé pour l'ouvrir. Pour ce qu'il respecte la République, il se moque du monde. Tiens, il peut aller se faire cuire un gros noeuf.

5.Posté par Gabs le 16/03/2014 17:48 | Alerter
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Tuheiava est mal placé pour l'ouvrir, emere ? Et papa Flosse avec ses multiples condamnations est plus approprié pour l'ouvrir et mettre en place son service juridique personnel ?

Moi je me bidonne déjà en attendant sa prochaine condamnation !!! MDR

Mince, j'ai critiqué Flosse... mon commentaire va être "modéré"... Zut !