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Le GIR pour "vider les poches des délinquants"


@Gendarmerie nationale
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Tahiti, le 13 mars 2024 – Alors que le comité de pilotage du Groupe Interministériel de Recherches (GIR) Papeete eu lieu le 1er mars, son commandant, le lieutenant-colonel Christophe Novo revient dans un entretien à Tahiti Infos sur l'activité principale de ce service qui œuvre notamment à l'identification et à la saisie du patrimoine des trafiquants de stupéfiants.
 
Créé en 2009 et composé d'un commandant d'unité, de trois enquêteurs et d'une secrétaire, le Groupe interministériel de recherches (GIR) de Papeete est régulièrement cosaisi dans le cadre d'enquêtes portant sur des trafics de stupéfiants ou des infractions économiques et financières. Tel que l'explique son commandant, le lieutenant-colonel Christophe Novo, la mission du GIR sur le territoire est de travailler “avec des unités qui enquêtent sur des infractions qui ont été commises quand nous travaillons sur les bénéfices que les mis en cause auront tiré de ces infractions”. Dans la mesure où ces infractions sont lucratives, le GIR enquête souvent sur des faits de “blanchiment, de recel ou de non-justification de ressources”.
 
Bien que ce service – réputé discret – soit mobilisé pour tout ce qui relève des atteintes à la probité, le lieutenant-colonel Novo rappelle que la lutte contre les trafics de stupéfiants constitue l'une des priorités de son unité : “Nous avons une grosse activité en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants qui est l'une des priorités de la gendarmerie. Lors de l'audience de rentrée solennelle, le procureur général, Thomas Pison, a d'ailleurs tiré la sonnette d'alarme au sujet de ce contentieux qui génère beaucoup d'argent en Polynésie. Dès lors que c'est lucratif, cela justifie que nous intervenions pour aller vider les poches des délinquants. Or, dès lors que cela a été fait, il est beaucoup plus difficile pour eux de revenir dans le trafic sans avoir leur matelas.”
 
“Business plan”

 
Si les services spécialisés tels que l'Office anti-stupéfiants (Ofast) ou la Section de Recherches de Papeete s'attachent à constater les infractions, à identifier et interpeller les délinquants, le GIR s'attaque à leur portefeuille. Il n'est d'ailleurs pas rare de voir lors des audiences que les trafiquants sont bien plus sensibles à la saisie de leurs biens qu'à la peine de prison à laquelle ils ont été condamnés.
 
Même si la loi qualifie les saisies et les confiscations comme étant des peines “complémentaires”, il s'agit, pour le lieutenant-colonel Novo, de peines que l'on pourrait qualifier de peines “principales”. “La saisie et la confiscation à l'audience s'apparentent vraiment à une peine principale. Dans le ‘business plan du délinquant’, la case prison est cochée mais pas celle des saisies. J'en veux pour preuve que ce sont les saisies et les confiscations qui font systématiquement l'objet d'un appel. Il y a quelques temps, le tribunal correctionnel a d'ailleurs ordonné la confiscation d'un ensemble immobilier dans le cadre d'une affaire de trafic et de blanchiment.”
 
Stratégie patrimoniale
 
Alors que les autorités et les forces de l'ordre font régulièrement état du fait que les trafiquants sont de plus en plus inventifs afin de dissimuler leur patrimoine, le GIR doit s'adapter à cette évolution. “Nous avons tout un volet à développer. Nous mettons en place une stratégie patrimoniale, nous échangeons avec le magistrat. À partir des éléments établis, du patrimoine que l'on va pouvoir mettre en évidence – qu'il soit visible ou caché car les délinquants apprennent de leurs erreurs et mettent parfois les biens au nom d'autres personnes – c'est à nous de trouver à qui il appartient.”
 
Le commandant du GIR constate d'ailleurs que “plus ça va et plus nous sommes confrontés à de la professionnalisation”, même si l'on ne trouve pas, en Polynésie, “de structures telles que celles que l'on peut retrouver en Métropole”. En Polynésie, les enquêteurs sont encore confrontés à des “formes embryonnaires”.
 
Outre la problématique du trafic de stupéfiants, le GIR est multicartes puisqu'il a notamment participé à l'affaire de vols de vanille à Taha'a ou bien encore à l'enquête portant sur l'ancien ministre de la Santé, Jacques Raynal. Un travail qu'il doit effectuer en composant avec la particularité de ce territoire vaste comme l'Europe qui nécessite de travailler à Tahiti mais aussi dans les îles.

Les chiffres de 2023

Le GIR pour "vider les poches des délinquants"
161 millions d'avoirs criminels saisis
83 personnes mises en cause
24 opérations
10 véhicules saisis
 

Rédigé par Garance Colbert le Mercredi 13 Mars 2024 à 15:40 | Lu 3945 fois