Tahiti Infos

Le Contre-amiral fidjien évoque son départ de l’armée


Le Contre-amiral fidjien évoque son départ de l’armée
SUVA, mardi 17 septembre 2013 (Flash d’Océanie) – Un an avant la date annoncée pour des élections législatives censées marquer le retour de Fidji à la démocratie, le Contre-amiral Franck Bainimarama, qui dirige un gouvernement ossu de son putsch du 5 décembre 2006, a publiquement évoqué en fin de semaine dernière son intention de passer la main à la tête de l’armée pour se consacrer à la politique.
S’exprimant à l’occasion de la réunion annuelle du club des épouses et mères de soldats, sous forme de tournoi sportif, à la salle omnisports de la capitale Suva, l’homme fort de Suva a déclaré sans détour qu’il s’agissait de sa dernière participation à cet événement en tant que Commandant en chef des armées.
« Cette inauguration sera la dernière pour moi en tant que Commandant des Forces Armées de la république des îles Fidji (RFMF). L’an prochain, il y aura un nouveau Commandant des RFMF », a-t-il ajouté vendredi 13 septembre 2013.

Le Contre-amiral a fait ces déclarations alors qu’il était entouré du premier cercle de son état-major (y compris les chefs des forces terrestres et marines, respectivement le Colonel Mosese Tikoitoga et le Commandant John Fox), qui participait aussi à l’inauguration de ce tournoi sportif, rapporte ce week-end le quotidien Fiji Sun, réputé proche du gouvernement actuel.
Pour ces élections qu’il a lui-même annoncé de manière constante depuis juillet 2009, M. Bainimarama ne cache pas, depuis, son intention de se présenter afin d’être élu démocratiquement.
Pour ce faire, il a plusieurs fois annoncé son intention de former son propre parti mais jusqu’ici, il n’a annoncé ni le nom de cette formation ni la composition de l’équipe qui pourrait l’entourer.
Lors de cette allocution, vendredi dernier, le Contre-amiral a aussi tenu à remercier les épouses et mères de soldats pour « leur soutien loyal à leurs enfants et maris, ainsi qu’aux institutions, puisque l’armée a réalisé ce qu’elle voulait faire lorsqu’elle a pris le pouvoir en 2006 ».
« Nous avons réalisé ce que nous avions promis de faire et le point culminant de cela a été le lancement de la nouvelle Constitution », a estimé le Contre-amiral.
Cette Constitution, concoctée par le gouvernement dirigé par le Contre-amiral, a été promulguée le 6 septembre 2013 par le Président de la République fidjienne, Ratu Epeli Nailatikau.
Ce texte fixe désormais de nouvelles règles en édictant un Parlement unicaméral de 50 sièges, un âge de vote rabaissé de 21 à 18 ans et la disparition des dispositions contenues dans les précédentes versions, qui instituaient de facto une discrimination sur la base de l’appartenance ethnique des citoyens (principalement ceux indigènes et ceux d’origine indienne, amenés dans cet archipel par l’ancienne puissance coloniale britannique, à la fin du dix-neuvième siècle, pour travailler dans les plantations de canne à sucre).
Lors du lancement de la nouvelle Constitution, M. Bainimarama a notamment évoqué l’achèvement de ce qu’il a qualifié de « évolution » entamée lors de sa prise de pouvoir en décembre 2006 et de la nécessité de « remettre les pendules à l’heure pour entamer ce qu’il a appelé l’ « An I ».

Déplacement prochain aux Nations-Unies

M. Bainimarama a aussi annoncé un déplacement dans les prochains jours à New York, pour y participer, comme chaque année à l’Assemblée Générale des Nations-Unies, dont ce sera la 68ème session.
Il devrait une nouvelle prendre la tribune (mercredi 25 septembre 2013) pour informer ce concert de nations des récentes évolutions en matière de retour à la démocratie.
« Quand je vais aux Nations-Unies, je n’ai jamais de problèmes, en fait, c’est le contraire. Les gens viennent me voir, de nombreux représentants de pays semblent comprendre et apprécier ce que Fidji est en train de faire (…) Ils apprécient aussi la contribution de l’armée fidjienne aux force de maintien de la paix de l’ONU », a-t-il confié à Radio Tarana, média basé à Auckland à l’attention de l’influente communauté résidante originaire des îles Fidji.
À la suite de la publication de la nouvelle Constitution, plusieurs partenaires de développement de Fidji, qui imposaient depuis décembre 2006 des sanctions à l’encontre du régime de cet archipel, ont annoncé un adoucissement de ces mesures.
Parmi ceux-là : la Nouvelle-Zélande.
L’annonce venue de Wellington a néanmoins été accueillie de façon plutôt tiède à la fois par M. Bainimarama ainsi que son chef de la diplomatie, Ratu Inoke Kubuabola.
Ils ont tous deux en substance tenu des propos similaires, à savoir que le revirement néo-zélandais, ainsi que celui annoncé par le nouveau pouvoir conservateur issu des élections australiennes du 7 septembre 2013, venaient « un peu tard » et n’était ni « suffisant », ni « sincère ».
« Où étaient-ils quand nous avions besoin d’eux ? », a résumé l’homme fort de Suva ce week-end.
Dans ces conditions, il a répété que la normalisation entre Suva et ses deux grands voisins ne coulerait certainement pas de source et que, par exemple, l’acceptation par Fidji de nouveaux Hauts-commissaires (ambassadeurs) en poste à Suva n’interviendrait probablement pas avant les élections de septembre 2014.
Depuis fin 2006, le nouveau pouvoir fidjien a ostensiblement noué des relations de plus en plus régulières avec de nouveaux partenaires, dont le plus emblématique est la Chine populaire, mais aussi des pays comme la Russie, tout en rejoignant parallèlement le mouvement des pays non-alignés.
En marge de l’assemblée générale de l’ONU, à partir du vendredi 20 septembre 2013, M. Bainimarama a d’ailleurs annoncé des entretiens en tête-à-tête avec le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov.
Au menu des discussions : la mise en œuvre pratique des modalités d’un récent accord de défense signé entre Suva et Moscou, début juillet 2013, à l’occasion d’un déplacement du Contre-amiral Premier ministre.
L’accord porte notamment sur une aide russe en fourniture de matériel à l’armée fidjienne, à commencer par ses contingents servant sous le drapeau de l’ONU.
Le dernier de ces contingents, fort de plus de cinq cent soldats fidjiens dans les hauteurs du Golan (entre la Syrie et Israël), a été déployé en juin 2013, dans une zone à haut risque d’où se sont retirées les troupes de plusieurs autres pays.
L’aide russe pourrait concerner la fourniture de « kits de combat Ratnik» (comprenant uniformes, casques, masque à gaz) adaptées à ce genre de déploiement sous casques bleus et d’armes de type fusils d’assaut automatiques de type Pecheneg, voire Kalashnikov.
Un autre volet de cette coopération militaire russo-fidjienne pourrait aussi concerner l’envoi à Suva d’experts et conseillers russes, a précisé le chef de la diplomatie fidjienne.

pad

Rédigé par PAD le Mardi 17 Septembre 2013 à 06:44 | Lu 354 fois