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La tuberculose : une maladie récurrente en Polynésie française


Pour dépister une tuberculose deux examens sont prescrits : un test cutané et une radio des poumons. Mais en Polynésie française, l'examen radiographique est à la charge du patient. Ce qui explique que le protocole médical des proches d'un malade est peu suivi jusqu'à son terme .
Pour dépister une tuberculose deux examens sont prescrits : un test cutané et une radio des poumons. Mais en Polynésie française, l'examen radiographique est à la charge du patient. Ce qui explique que le protocole médical des proches d'un malade est peu suivi jusqu'à son terme .
PAPEETE, le 21 décembre 2015. Chaque année une cinquantaine de cas de tuberculose est recensée sur le territoire. Des protocoles de dépistage et de suivi doivent être mis en place sur une durée de plusieurs mois. Dans le dernier cas détecté sur un ancien détenu de Nuutania, fin octobre, deux cent personnes sont toujours en cours de dépistage et/ou de traitement.

La tuberculose reste une maladie récurrente en Polynésie française, par manque de moyens de prévention réellement efficaces déployés sur le territoire. Enfin, les proches des malades qui doivent être suivis médicalement pendant trois à six mois, car potentiellement contaminés par le bacille, adhèrent peu aux lourds protocoles de dépistage et de traitement proposés. "Cette maladie reste l'enfant pauvre et n'a jamais été considérée comme une priorité" admet le docteur Henri-Pierre Mallet, du bureau de veille sanitaire.

En dépit de la vaccination de tous les nouveaux nés dans le Pays, la tuberculose n'a jamais pu être enrayée. La vaccination est en fait peu efficace et ne protège réellement que la moitié des personnes. Elle reste néanmoins obligatoire en Polynésie française à la naissance (pas en France), car elle permet d'éviter dans 80% des cas les formes graves de la maladie pendant l'enfance.


Si la maladie continue de circuler activement sur le territoire (particulièrement dans les zones d'habitat concentré des Îles du Vent et Îles sous le Vent) c'est essentiellement par la contamination des personnes proches de l'entourage d'un patient atteint par le bacille. Pourtant, autour de chaque cas répertorié, un dépistage de toutes les personnes en contact prolongé est effectué. La tuberculose se transmet simplement parce que les proches respirent les microbes du malade dans l'air ambiant. "Il faut vivre près d'une personne atteinte de façon prolongée et dans un espace fermé pour risquer d'être contaminé" détaille le docteur Mallet.

LE DEPISTAGE RADIOGRAPHIQUE EST A LA CHARGE DU PATIENT

Pour le dépistage, deux examens sont prescrits : un test cutané (IDR : intradermo-réaction) et une radiographie des poumons. Le problème c'est que si le premier examen est pris en charge par la Direction de la santé, ce n'est pas le cas de l'examen radiographique qui reste à la charge du patient ! Aussi, beaucoup ne vont pas au bout du protocole proposé.

Deuxième problème : "les proches qui sont dépistés positifs dans la foulée d'un premier cas répertorié ne se sentent pas malades, car le plus souvent ils n'ont alors développé aucun symptômes et ignorent donc les prescriptions qui leur sont faites". Ils ne passent pas tous les examens de dépistage recommandés ou ne vont pas au bout des traitements d'antibiotiques prescrits (trois mois quand il s'agit d'une infection latente, six mois quand il s'agit d'une maladie déclarée).

Car la tuberculose est une maladie à progression lente. Les proches d'un patient qui sont contaminés ne développeront peut-être la maladie eux-mêmes que trois mois à deux ans plus tard ! D'autres, avec une infection latente de la tuberculose, "n'exprimeront" la maladie que bien des années plus tard, parfois la vieillesse atteinte, quand le système immunitaire se dégrade. En Polynésie, on dénombre régulièrement des tuberculoses osseuses qui s'attaquent aux vertèbres. "C'est typiquement le cas d'une tuberculose négligée" indique le docteur Henri-Pierre Mallet. Enfin, la maladie reste tabu car elle est synonyme, pour beaucoup, de la maladie de la pauvreté. "Effectivement, il y a plus d'incidence dans les zones de précarisation, mais c'est lié à la promiscuité, à la concentration de population, pas à autre chose".


200 personnes suivies à Nuutania

Fin octobre, une tuberculose est diagnostiquée chez un ex détenu, sorti depuis quelques semaines de prison. Sa maladie est déclarée depuis plusieurs mois. Conséquence : il était fortement contagieux pendant son temps d'incarcération. Dans un milieu fermé, il est important de dépister toutes les personnes qui ont été en contact régulier avec le malade. Au total, une centaine de détenus et une centaine de gardiens de prison doivent être contrôlés. En raison du nombre important de personnes à surveiller, le dépistage est toujours en cours.

50
C'est en moyenne le nombre de cas de tuberculose détectés chaque année en Polynésie française. Avec 20 cas pour 100 000 habitants, l'incidence de cette maladie reste élevée sur le territoire. Elle est deux fois et demie plus élevée qu'en France métropolitaine.

Tuberculose : les symptômes

Toux importante qui dure plus de trois semaines, parfois accompagnée de crachats, fièvre légère ; une grande fatigue, une perte d'appétit, des sueurs nocturnes et une perte de poids. Les personnes les plus fragiles sont les enfants, les personnes âgées et celles dont la résistance physique est amoindrie par d'autres maladies ou par leur mode de vie (diabète, alcoolisme par exemple).

Rédigé par Mireille Loubet le Samedi 19 Décembre 2015 à 18:02 | Lu 1339 fois