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La trêve prolongée à Gaza, de nouvelles libérations attendues


Crédit SAID KHATIB / AFP
Crédit SAID KHATIB / AFP
Territoires palestiniens | AFP | mardi 28/11/2023 - De nouveaux otages aux mains du Hamas doivent être libérés mardi en échange de prisonniers détenus par Israël, après la prolongation pour deux jours de la trêve dans la bande de Gaza qui offre un répit supplémentaire aux habitants du territoire palestinien dévasté.

Dix otages israéliens et 30 prisonniers palestiniens doivent être libérés mardi, selon une source proche du Hamas. L'extension de la trêve, jusqu'à jeudi 05H00 GMT, doit permettre au total la libération d'environ 20 otages et 60 prisonniers supplémentaires.

Mais, signe d'une situation toujours fragile, un journaliste de l'AFP dans la ville de Gaza a vu mardi l'armée tirer trois obus de char en direction de dizaines de civils qui tentaient de regagner le quartier de Cheikh Radwan. Il a vu au moins un blessé.

L'armée a affirmé que "des suspects s'étaient approchés de troupes israéliennes" et qu'un char avait effectué "des tirs de sommation", tandis que les mouvements palestiniens ont dénoncé des "violations de la trêve" par Israël.

La prolongation de la trêve permet en parallèle l'entrée de nouveaux camions d'aide humanitaire dans la bande de Gaza, assiégée et bombardée pendant sept semaines par l'armée israélienne en représailles à l'attaque sanglante lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

Mardi, de longs convois de camions sont entrés dans le territoire palestinien depuis l'Egypte, selon des images de l'AFP.

Pourtant, malgré l'arrivée depuis le 24 novembre de centaines de camions, les besoins restent immenses et la situation humanitaire "catastrophique", selon un émissaire de l'ONU, dans le petit territoire où 1,7 des 2,4 millions d'habitants ont été déplacés par la guerre.

L'accord de trêve négocié sous l'égide du Qatar, avec l'appui de l'Egypte et des Etats-Unis, a permis jusqu'à présent la libération de 50 otages israéliens détenus à Gaza depuis le 7 octobre, et de 150 Palestiniens écroués dans des prisons israéliennes.

Dix-neuf otages étrangers, en majorité des Thaïlandais vivant en Israël, ont été libérés par le Hamas en dehors du cadre de cet accord.

Une joie "incomplète"

Mais en Israël, le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, reste soumis à une très forte pression de l'opinion publique, traumatisée par l'attaque du Hamas, qui exige le retour des otages.

L'armée israélienne a estimé qu'environ 240 personnes avaient été enlevées le 7 octobre et emmenées à Gaza.

Dans la nuit, onze otages israéliens avaient été libérés et ont regagné Israël en hélicoptère.

Parmi eux figurent trois adolescents ayant la double nationalité française, Erez et Sahar Calderon, 12 et 16 ans, et Eitan Yahalomi, 12 ans, enlevés au kibboutz Nir Oz.

Des images diffusées par l'armée israélienne ont montré Eitan, dont le père Ohad a lui aussi été enlevé, retrouvant sa mère qui le serrait contre elle.

Les avocats de la famille Calderon ont exprimé leur "immense joie", mais une joie "incomplète" car le père d'Erez et de Sahar, Ofer, reste lui aussi aux mains du Hamas.

"Maintenant nous devons prendre un nouveau chemin. Nous devons aller chercher Ofer et le reste des kidnappés, et les ramener ici", a déclaré Sharon Calderon, une proche des deux adolescents.

Peu après, Israël a libéré 33 Palestiniens écroués dans ses prisons.

"Je ne peux pas décrire ce que je ressens. C'est une joie indescriptible", a déclaré l'un d'eux, Mohamed Abou al-Humus, en rentrant chez lui à Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, où il a étreint sa mère, selon une équipe de l'AFP sur place.

Mais à Beitunia, en Cisjordanie occupée, les célébrations ont été de courte durée: un jeune Palestinien a été tué par balle lors de heurts avec les forces israéliennes, selon le ministère palestinien de la Santé.

Nouvelle prolongation? 

Peu avant la reconduction de la trêve, le bureau du Premier ministre israélien avait accepté d'inclure "50 prisonnières" parmi lesquelles Ahed Tamimi, jeune icône de la cause palestinienne arrêtée début novembre, à la liste des Palestiniens susceptibles d'être libérés.

En coulisses, les médiateurs s'activent pour prolonger la trêve au-delà de jeudi et le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, est attendu une nouvelle fois en Israël et en Cisjordanie occupée cette semaine.

M. Blinken "insistera sur le besoin de continuer à fournir une aide humanitaire à Gaza, d'assurer la libération de tous les otages et d'améliorer la protection des civils à Gaza", selon un responsable américain.

Les chefs des services de renseignement américain et israélien se sont rendus mardi à Doha mardi pour tenter de "consolider les progrès de l'accord de pause humanitaire prolongée" et discuter avec le Premier ministre du Qatar de la "prochaine phase" d'un accord potentiel entre le Hamas et Israël, selon une source informée.

Le gouvernement israélien, qui a approuvé dans la nuit une rallonge budgétaire "de guerre" de 30,3 milliards de shekels (7,5 milliards d'euros) a réitéré ces derniers jours son intention de reprendre à terme les combats, afin de "détruire" le Hamas, "s'assurer que la bande de Gaza ne sera jamais une menace à la sécurité d'Israël et libérer tous les otages".

"Des souvenirs de ma maison"

En Israël, 1.200 personnes, en grande majorité des civils, selon les autorités, ont été tuées dans l'attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas, inédite dans l'histoire du pays. 

En représailles, Israël a promis d'"anéantir" le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, bombardant sans relâche le territoire palestinien et lançant le 27 octobre une offensive terrestre.

Dans la bande de Gaza, 14.854 personnes, dont 6.150 âgées de moins de 18 ans, ont été tuées par les frappes israéliennes, selon le gouvernement du Hamas.

Déjà soumis à un blocus israélien terrestre, maritime et aérien depuis 2007, le territoire surpeuplé a été placé le 9 octobre en état de siège total par Israël, et subit depuis de graves pénuries d'eau, de nourriture, de carburant, de médicaments et d'électricité.

Plus de la moitié des logements ont été endommagés ou détruits par la guerre, selon l'ONU.

Des milliers de Palestiniens, qui avaient cherché refuge dans le sud de la bande de Gaza, ont profité de la trêve pour rentrer chez eux dans le nord, la région la plus dévastée, ignorant l'interdiction de l'armée israélienne qui y a pris le contrôle de plusieurs secteurs.

"J'essaie de retrouver des souvenirs de ma maison", raconte un Palestinien d'al-Zahra, au sud de la ville de Gaza, dans un geste montrant les montagnes de décombres, là où se trouvait sa maison, détruite par des frappes israéliennes.

"Al-Zahra était la plus belle ville du monde. Nous avions de la chance de vivre dans cette ville, et maintenant celle-ci a disparu", raconte Zein Ashour, une jeune femme qui habitait aussi ce quartier aujourd'hui rasé.

Taghrid al-Najjar, une mère de famille de 46 ans, n'a jamais quitté Abassane, son village d'agriculteurs à l'est de Khan Younès, dans le sud.

Pendant des semaines, elle a vécu réfugiée avec sa famille dans une école, avant de rentrer chez elle aux premières heures de la trêve, et de découvrir sa maison détruite. "Vingt-sept ans pour la construire et tout est parti!". "Pendant deux jours, je n'ai pas réussi à manger", a-t-elle confié à l'AFP: "Et puis je me suis dit qu'il fallait continuer à vivre".

le Mardi 28 Novembre 2023 à 05:28 | Lu 274 fois