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La riposte de Moorea contre le Covid



Tahiti le 23 novembre 2020 - Pour lutter contre le Covid-19, la commune de Moorea a décidé de mettre en place un plan de mobilisation communautaire qui vient en appui au PCS. Il rassemble toutes les forces vives de l’île sœur "pour faire bloc contre la maladie". Les chiffres du Covid sont d’ailleurs en baisse.
 
Le tāvana de Moorea, Evans Haumani, et les agents de la commune ont présenté lundi matin leur plan communal de sauvegarde au président du Pays Edouard Fritch et au Haut-commissaire Dominique Sorain. L’île sœur comptabilise 23 cas actifs. "Ce qui est très peu", a affirmé le directeur de l’hôpital de Moorea, taote Philippe Biarez. En tout, Moorea a comptabilisé 513 cas cumulés depuis l’ouverture des frontières, 19 cas confinés à domicile, 2 dans un centre dédié, 2 hospitalisations et 1 en réanimation.
 
"Les chiffres sont en baisse"
 
Taote Biarez a rappelé que Moorea déplore trois décès dont deux originaires de Maatea. La majorité des personnes hospitalisées a moins de 65 ans. "On n’a pas que des personnes âgées, c’est surtout des personnes avec des commorbidités et tous ont quasiment besoin d’oxygène", explique taote Biarez.
 
Selon lui, les chiffres sont en baisse à Moorea depuis deux semaines. "Mais il faut rester prudent et maintenir la pression", surveille-t-il. La capacité hospitalière de Afareaitu est passée à 19 lits au lieu de 12 habituellement, dont 9 lits Covid opérationnels. Philippe Biarez indique que si la baisse se poursuit : "nous pourrons même, dans le cadre de la solidarité, reprendre des patients d’ailleurs pour dégager le CHPF".
 
"Nous faisons bloc"
 
Le tāvana Evans Haumani a évoqué le plan de mobilisation communautaire (PMC) de la commune. "Un concept pilote" à Moorea, en place depuis plus de 20 ans déjà. Il consiste à travailler avec toutes les forces vives de l’île : les confessions religieuses, les écoles ou encore l’hôpital. "Chez nous c’est ensemble main dans la main que nous faisons bloc contre la maladie. C’est un concept positif qui porte ses fruits. C’est grâce à cette mobilisation communautaire que les chiffres se sont stabilisés et ont diminué. Je souhaite que ce concept soit étendu à toute la Polynésie pour freiner la circulation du virus".
 
Ce plan de mobilisation communautaire vient en appui au PCS, affirme le coordinateur du plan de mobilisation communautaire, Hugo Tavaitai. Les membres du plan communautaire consacrent leurs mardis et jeudis aux visites dans les quartiers pour informer la population quant à la situation actuelle et pour la sensibiliser aux gestes barrières, seules parades contre le virus. "Il a fallu qu’on fasse une formation pour mieux comprendre la maladie pour mieux intervenir dans les quartiers", explique Hugo Tavaitai. Les membres du PMC se déplacent dans les quartiers où il y a une explosion des cas Covid, mais aussi dans les quartiers prioritaires grâce à la mise en place d’une cartographie. "C’est l’avantage de ce PMC, on sait où sont les malades, combien il y en a", indique Hugo Tavaitai.
 
Des guides sanitaires "agressés"
 
Ils sont 23 guides sanitaires à Moorea et ont commencé par sensibiliser dans les quartiers, suite à une formation à l'hôpital de Afareaitu. "Leur message de prévention est plus étoffé maintenant (…). Ils ont désormais une plus grosse crédibilité auprès de la population, on les écoute, limite on les alpague pour leur demander des conseils".
 
La référente des guides sanitaires, Vaiani, regrette en revanche que ces derniers soient parfois agressés lors de leur mission de sensibilisation. Certains ont dû faire face à des "situations musclées (…). Certains ont été agressés physiquement, psychologiquement (…). C’est dur psychologiquement, ils ne sont pas préparés".
 
Guide sanitaire, Tiare explique en effet que son travail n’est pas de tout repos. Certaines personnes sont réceptives mais pas toutes. "On s’est fait agressé sur nos sites de travail, car on rencontre parfois des personnes alcoolisées et c’est difficile pour nous."
 

Dominique Sorain, haut-commissaire : "Il ne faut pas baisser la garde"


"Le PCS de la commune est très bien organisé, il y a une très bonne coordination entre les services de la commune, les guides sanitaires, les mūto'i, les gendarmes, les médecins de l’hôpital, donc c’est efficace. On espère que le ralentissement qu’on observe aujourd’hui va se poursuivre mais rien n’est gagné. Il faut continuer à être très rigoureux dans l’application des mesures. Il faut casser les chaînes de transmission et cela passe par l’arrêt des rassemblements quels qu’ils soient. Il faut continuer à appliquer strictement ces mesures. C’est pour nous préserver, c’est pour préserver la population et pour espérer s’en sortir au plus vite. On peut penser que ces mesures ont contribué à l’arrêt mais c’est très fragile (…). C’est dans la sphère privée aussi qu’on risque d’être contaminé, c’est avec ses collègues de travail les plus proches, donc il ne faut pas baisser la garde".
 

Edouard Fritch, président : "Les élus ont pris le taureau par les cornes"

"La cartographie est en train de se mettre en place dans les autres communes. A Moorea, ils ont pris de l’avance. C’est ce qu’ont demandé les maires depuis un moment, qu’on puisse informer les communes sur la situation, dans quels quartiers pour que l’on puisse s’organiser et les suivre. Et informer le reste qui est autour, il ne faut pas laisser les covidés libres et contaminer les autres. A Moorea les élus ont pris le taureau par les cornes et se sont investis, c’est très volontariste. Les élus ne regardent pas à la dépense, ils n’attendent pas que le Pays vienne apporter des subventions pour travailler, on en discutera plus tard. Pour que l’on soit tous efficace, il faut qu’on fasse des échanges d’expériences et ne pas réinventer le fil à couper le beurre. Un échange suffirait pour être plus efficace sur le terrain".
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Lundi 23 Novembre 2020 à 18:24 | Lu 438 fois