Tahiti Infos

La résidence Nu’umeha, coup d'envoi du relogement à Hotuarea


FAA'A, 24 octobre 2017 - Le chantier de la résidence Nu'umeha a officiellement été lancé mardi, dans le cadre du projet de résorption de l'habitat insalubre du quartier Hotuarea. Pour l'instant, il s'agit de 21 logements mais l'OPH en projette à terme une centaine dans la zone.

"Ce n’est pas un acte de charité. C'est un acte de justice !" a interpellé mardi le père Christophe aux côtés de représentants du Pays, de l’Etat et des associations du quartier Hotuarea de Faa’a, au moment de bénir la cérémonie de pose de la première pierre de la résidence Nu’umeha. Le président Edouard Fritch, le haut-commissaire René Bidal, Jean-Christophe Bouissou, le ministre du Logement, Raymond Yeddou, l’administrateur des îles du Vent, la direction de l’Office polynésien de l’habitat, et un bon nombre de riverains, tout le monde était en cercle autour du petit trou maçonné dans lequel venait d’être posé le traditionnel parchemin, protégé dans son rouleau de PVC.

Non loin du CJA de Faa'a, sur l’emprise de 1648 mètres carrés qui n’est aujourd’hui qu’un terrain vague et poussiéreux, juché entre une friche et quelques logements précaires, à environ 150 mètres de la piste de Tahiti-Faa’a, dans quelques mois, la résidence Nu’umeha offrira 21 logements en rez-de-chaussée ou R+1 : deux F2, cinq F3, huit F4, six F5, un local associatif, une zone de jardins partagés et un parc de loisir pour les enfants du quartier.

Pour l’instant, il s’agit de reloger 21 familles de l’îlot "Cash & Carry", l’une des trois zones de logements précaires et non autorisés répartis sur la bande de sécurité de la piste aéroportuaire. Pour l'instant, l’investissement est de 662 millions Fcfp, financé à parts égales par le Pays et l’Etat.

Mais dans quelques mois, 27 logements supplémentaires doivent être mis en chantier dans le cadre du projet Te Ana Mao Nu’utere, sur une autre parcelle de 1881 mètres carrés, elle aussi cédée par l’Etat pour faciliter le projet de résorption de l’habitat insalubre (RHI) du quartier Hotuarea. Il s’agira d’un F2, de huit F3, de dix F4 et de huit F5, pour un investissement Etat-Pays de 670 millions Fcfp. Les crédits de paiement sont inscrits au budget de la collectivité pour 2018.

A l'horizon de 2021, c'est 96 logements qui sont en projet dans cette zone non loin de la piste, pour un coût global estimé à 2,7 milliards Fcfp. Une zone où depuis plus de 25 ans, 245 personnes et 73 cellules familiales sont au cœur d’une problématique de relogement parce qu’installées dans la bande de sécurité à moins de 150 mètres de la piste de l’aéroport de Tahiti-Faa’a. L’objectif prioritaire est d’améliorer dans la durée les conditions de vie de familles défavorisées, en prenant en compte des enjeux de sécurité (protection contre les inondations) et de sûreté aérienne.

Mardi, Robert Maker, le premier adjoint du maire de Faa’a, a constaté que ça faisait "quelques années que ce projet était dans les tuyaux" et s’est dit "heureux de participer à la pose de la première pierre" de la résidence Nu’umeha.

Jean-Christophe Bouissou a rappelé que "ceux qui connaissent le monde du logement social savent que les opérations les plus difficiles à réaliser sont celles de RHI, particulièrement lorsqu’il s’agit d’une opération de redéfinition de quartier", comme à Hotuarea. Le haut-commissaire René Bidal a de son côté salué une "opération exemplaire qui touche les populations qui ont le plus besoin de l’effort public" en se félicitant du "vecteur d’expertise" que proposera la réalisation de la résidence Nu’umeha pour les projets de relogements à l’étude dans la zone.

La signature, le 6 mars 2015, d’une convention tripartite relative au relogement des habitants de la bande de sécurité aéroportuaire a permis de faire un pas décisif vers la concrétisation du dispositif de RHI à Hotuarea. La rétrocession au franc symbolique de 8,4 hectares de fonciers anciennement détenus par le service d’Etat de l’aviation civile a offert les emprises nécessaires à ce projet de relogement sur place, hors zone sensible. Le financement a été rendu possible grâce au Contrat de projets Etat-Pays 2015-2020. En dépit de quelques tentatives menées dans le cadre du contrat de projets 2008-2014, le dossier n’avait pas évolué.

Dans l’assemblée, mardi, plusieurs mères étaient là, leur enfant dans les bras, pour contempler les esquisses de la résidence et la qualité de vie qu'elles promettent. C'est à elles et à leurs enfants que le père Christophe a décidé de s'adresser pour parler au nom des officiels et lancer avec sa voix de stentor : "Nous ne sommes pas généreux. Nous ne faisons que notre devoir !".






Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mardi 24 Octobre 2017 à 15:21 | Lu 2475 fois