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La rentrée scolaire 2016 se prépare avec des postes d'enseignants en moins


PAPEETE, le 6 mars 2016. Mercredi dernier, une commission technique paritaire s'est réunie pour l'organisation de la prochaine rentrée scolaire en août 2016. Une rentrée qui se déroulera sous le signe de la suppression de plus d'une vingtaine de postes d'enseignants sur le territoire. Les professeurs des écoles dans le primaire seront les plus impactés.

La dernière rentrée scolaire en août 2015 avait été exceptionnelle avec aucune suppression de postes chez les enseignants. Mais cette parenthèse ne se renouvellera pas en août 2016. La baisse des effectifs scolaires en Polynésie française est une réalité constante au cours des dix dernières années : il y a eu entre 2004 et 2015 des pertes d'élèves considérables, parfois plus d'un millier en moins d'une année sur l'autre. Au total, le nombre d'écoliers, collégiens et lycéens est passé de 76 714 en 2004 à 68 001 en 2015. Cette diminution importante des effectifs semblait s'être atténuée l'an dernier avec des effectifs quasi stables par rapport à 2014, à peine une centaine d'élèves en moins. Aussi à la rentrée dernière la ministre de l'éducation se satisfaisait du maintien de l'ensemble des postes d'enseignants en Polynésie française. L'érosion des effectifs reprend pour la prochaine rentrée scolaire et surtout un rééquilibrage est en train de s'opérer. Car les ratios nationaux du nombre d'enseignants par rapport au nombre d'élèves par classes étaient loin d'être appliqués à la lettre sur le territoire polynésien. Au cours de la commission technique paritaire de mercredi dernier, les craintes de plusieurs dizaines fermetures de classes pour la prochaine rentrée scolaire ont ainsi été confirmées.

La ministre explique ces nécessaires ajustements. "A chaque rentrée scolaire par rapport à la notification des emplois de l'Education nationale, par rapport à la prévision d'effectifs pour la rentrée nous devons faire des arbitrages et réorganiser la carte scolaire pour la rentrée prochaine. Nous avons 20 suppressions de postes dans le premier degré. Nous avons interrogé les inspecteurs de circonscription et recensé toutes les classes pouvant être fermées à la rentrée. Nous avons fixé à 24 le nombre de classe qui devrait fermer l'année prochaine. Nous fermons à des endroits, mais nous ouvrons dans d'autres" précise encore Nicole Sanquer. La ministre tempère encore et précise que dans les îles isolées où les effectifs scolaires sont limités, un effort particulier sera fait. "Dans certaines îles, les écoles n'ont que deux classes, en fermer une reviendrait à avoir une classe unique pour tous les niveaux, de la maternelle jusqu'en CM2. Il est clair que nous avons fixé comme axe dans les arbitrages de limiter au maximum les fermetures de classe dans les archipels".

Des suppressions de postes par dizaines s'étaient déjà produites à la rentrée 2013 avec une quarantaine d'enseignants en moins dans le secondaire. La conséquence immédiate avait été une augmentation des effectifs dans les classes maintenues. Il n'est plus rare désormais dans les collèges de Tahiti d'avoir jusqu'à 30 élèves par niveau dans les plus gros établissements. "L'an dernier, nous n'avions pas fermé de classes puisque j'avais obtenu un maintien des plafonds d'emploi. Malheureusement cette année, la baisse démographique continue" précise Nicole Sanquer. La suppression de postes annoncée pour la rentrée 2016 devrait s'opérer sans douleur promet la ministre : "il y a des départs à la retraite, des demandes de disponibilité, des retours en métropole. Nous faisons en sorte que ça n'impacte pas trop les situations des enseignants, parfois il y aura des mutations nécessaires".

LA JUSTIFICATION PAR LE NOMBRE

Aux côtés de la ministre de l'éducation polynésienne, le vice-recteur justifie aussi par la baisse des effectifs ces postes supprimés. "Il y a une baisse démographique du nombre d'élèves depuis plusieurs années, la ministre a réussi l'an dernier à ne pas fermer de classes, mais au bout d'un moment, on se retrouve avec des classes dans lesquelles il y a vraiment peu d'élèves. Comme tout autre endroit en métropole, lorsqu'il y a très peu d'élèves on ferme la classe et les moyens sont réaffectés ailleurs. Finalement, il se passe ici ce qui se passe ailleurs" indique Jean-Louis Baglan. "Partout lorsqu'on va dans les écoles on reste avec des effectifs qui sont, de mon point de vue satisfaisants, pour les apprentissages. Bien sûr que c'est toujours mieux d'avoir moins d'élèves mais il s'agit d'ajuster les effectifs et en privilégiant le plus possible les classes. Car oui, il y a des fermetures de postes, mais en bout de course il n'y a pas tant de fermetures de classe que ça, car il y a d'autres mesures qui sont prises sur d'autres postes".

Les fermetures de classes affecteraient principalement celles où les effectifs estimés pour la prochaine rentrée scolaire étaient entre 16 à 18 élèves. Rassurante, Nicole Sanquer indique : "même après la fermeture des classes, la moyenne d'élèves par classe est à 25/26 élèves grand maximum" dans le primaire. Une bonne nouvelle néanmoins, le Pays continue sa politique d'intégration des tout-petits pour une scolarisation précoce (dès l'âge de deux ans) ce qui conduit à l'ouverture de sept classes.

Enfin, toujours pour limiter la casse des suppressions de postes dans le premier degré, une des solutions a été en effet le glissement de professeur des écoles vers le second degré pour appuyer l'enseignement du reo Tahiti en classe de 6eme. Ainsi, 15 professeurs des écoles, spécialistes des langues régionales seront détachés dans le second degré : un redéploiement de personnels qui interroge certains syndicats puisque ces enseignants ne sont pas certifiés en tahitien.


Les effectifs scolaires en 2015

Premier degré public : 1877 enseignants pour 30 667 élèves
Premier degré privé : 370 enseignants pour 5031 élèves

Second degré public : 1842 enseignants pour 23 315 élèves
Second degré privé : 582 enseignants pour 8241 élèves

Rédigé par Mireille Loubet le Dimanche 6 Mars 2016 à 20:21 | Lu 3542 fois
           



Commentaires

1.Posté par Le vieux le 07/03/2016 07:11 | Alerter
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Une moyenne de dix sept élèves par classe !!! Le niveau devrait être excellent .... Et d'après les statistiques des résultats, c'est loin, mais alors très loin a des années lumières d'être la cas. Des profs du collège de Mataura me racontaient que certains élèves qui arrivent en sixième ne savent ni lire, ni écrire correctement. Que cela soit en tahitien ou en Français, c'est une catastrophe. C'est grave, car c'est l'avenir du pays qui est en jeu.

2.Posté par Bodouin le 07/03/2016 11:15 | Alerter
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Retour vers le futur!
On place des gens qui n'ont pas les diplômes demandés en lycée (en métropole), pour boucher les trous et faire un enseignement de bas (ou de ca) niveau.
Résultat les élèves ne savent parler correctement ni le français ni le tahitien. pauvre Polynésie!
Après, on s'étonnera que les résultats au Bac soient si mauvais en Polynésie.
Que font les syndicats d'enseignants après une telle annonce? Ils ne font rien car cela risquerait de leur porter tort pour leur carrière!!

3.Posté par CITRUS le 07/03/2016 11:36 | Alerter
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BONJOUR

OUI le vieux , c'est une catastrophe nos petits,ne savent n'y lire ,n'y écrire , n'y compter ,
n'y en tahitien n'y en français, la faute a qui ?????a tous ses inspecteurs qui arrivent de métropole
avec LEURS idées préconçue, ils imposent leurs visions de la ''chose''' et quand ils sont muté
un autre arrive et révolutionne, ce qui viens d’être mis en place par le précédant, et nos pauvre
instits, ne savent plus comment gérer le bololo, et quand a notre ministre de l’éducation ,.....faut qu'elle arête
de .....dire oui a tous et n'importe quoi

4.Posté par Roro LEBO le 07/03/2016 12:56 | Alerter
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lebororo
Dans notre jeunesse les classes avaient au moins 24 élèves.

5.Posté par Alys le 07/03/2016 13:59 | Alerter
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Quand j'étais au collège, en France, on était entre 30 et 33 par classe, donc franchement ici on est plutôt bien lotis !
Mon fils en CM2 à Punavai ils sont 23 c'est formidable, et beaucoup d'activités proposées toute l'année.

Il faut fermer des classes ? Si en effet il y a trop peu d'élèves c'est normal.
En ouvrir là où il y a de la demande, logique aussi.

Bref cela me parait plutôt censé pour une fois.

Après pour ce qui est du niveau il faudrait je pense arrêter de niveler par le bas. Non tous les élèves ne sont pas capables de suivre une scolarité générale, ce n'est pas nouveau et ce n'est pas l'apanage de la Polynésie !
A-t-on seulement assez de filières techniques à proposer aux jeunes ici ?

Citrus un petit effort sur l'orthographe stp la prochaine fois ;-)

6.Posté par Le grand mensonge le 07/03/2016 15:13 | Alerter
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D'accord avec Post 1 et 3 : je confirme pour enseigner en 6ème que les enfants arrivent de plus en plus nombreux sans savoir lire, comprendre et écrire correctement. La situation s'aggrave depuis une dizaine d'années... avec la complicité des inspecteurs du primaire qui prônent la bienveillance (surtout pour leur carrière) et donc sont en permanence à tirer le niveau d'exigence vers le bas : tout le monde passe en sixième, les élèves sont contents, les parents aussi, la ministre annonce des chiffres excellents et l'inspecteur est félicité. On les traine jusqu'en troisième et après c'est la grande claque ! A quand un ministre de l'Education qui aura des c.... pour s'attaquer aux vraies difficultés !

7.Posté par emere cunning le 07/03/2016 17:24 | Alerter
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La suppression de l'Ecole Normale a été un tort. Nos instits ne se voyaient confier de classe qu'une fois cette étape franchie et nous étions assurés qu'ils avaient le bagage nécessaire pour enseigner. Nous avions des inspecteurs sur place et leurs tournées dans chaque classe étaient plus fréquentes et sévères. La direction prenait soin de mélanger des élèves de tous niveaux, les bons entrainant les plus faibles que les enseignants aidaient volontiers après le cours. Et même, des détails qui semblent ridicules aujourd'hui comme d'exiger la mise en rang et le silence avant d'entrer en classe, ou les punitions et fessées (désormais interdites) aidaient à remettre les perturbateurs sur le droit chemin. Mais voilà, il parait qu'il faut "évoluer".

8.Posté par kaddour le 07/03/2016 18:35 | Alerter
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Tout un chacun se rends compte de la baisse considérable du niveau de la scolarité en général ! Pas pour rien que les modalités des examens ont changés !!! Ce n'est plus les notes qui décident mais les quotas... Et si les quotas ne sont pas atteints on remonte les notes !
Les anciens sont souvent sidérés du niveau de leurs petits enfants. Mais n'est-ce pas voulu ??? Il est plus facile de manipuler un idiot inculte qu'une personne qui reflechit et qui sait se renseigner quand elle veut se faire une opinion !!!
Sans compter qu'il est bien loin le temps des instits et profs "hussards de la République" .... Aujourd'hui l'état du portefeuille est plus important que la foi dans son métier !!! D'où d'ailleurs l'attitude peu respectueuse (parfois même agressive !) des parents à l'égard des enseignants...

9.Posté par Le vieux le 07/03/2016 19:04 | Alerter
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Le problème, est que ses élèves seront demain des adultes qui iront voter pour l’avenir de la Polynésie. On ne leur a pas appris à réfléchir, à comprendre correctement. you understand? Smiles.

10.Posté par emere cunning le 09/03/2016 22:26 | Alerter
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Très vrai Kaddour, et c'est vraiment triste.