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La rééducation, l'autre combat


Crédit photo : AFP / Suliane Favennec
Crédit photo : AFP / Suliane Favennec
Tahiti, le 22 septembre 2021 – Alors que les hospitalisations en filière Covid ne cessent de décroître ces dernières semaines, les admissions dans les établissements de rééducation ne font qu'augmenter. Les patients dit “Covid long” s'accumulent, notamment au centre Te Tiare, où le nombre de personnes accueillies atteint le pic d'hospitalisations enregistré dans les structures hospitalières il y a trois semaines. 
 
Si la décroissance rapide de l'épidémie se confirme ces dernières semaines, les prises en charge post-Covid s'accumulent dans les centres de rééducation. Sur les 161 hospitalisations toujours en cours mercredi, 99 correspondaient à des patients “Covid long”, des personnes prises en charge depuis plus de quatre semaines. “C’est un aspect qui va être très important dans les semaines à venir”, a affirmé mercredi le docteur Henri-Pierre Mallet, épidémiologiste à la plateforme Covid, lors d'un point presse relatif à l'évolution de l'épidémie. Malgré des chiffres encourageants, “le niveau épidémique actuel correspond au sommet de la première vague”. La pression sur les établissements hospitaliers reste très forte et le niveau 4 d'alerte est maintenu.

Les séquelles du Covid
 
Il reste une charge importante de patients qui vont encore avoir besoin d'oxygène pendant un moment. Le Covid, ce n'est pas seulement l'hospitalisation, le décès ou la guérison, c'est aussi des conséquences pour certains pendant des semaines”, a expliqué le Dr Mallet. Après l'hospitalisation, plusieurs patients touchés par le Covid souffrent de séquelles, restent oxygéno-requérants. Des personnes qui ont du mal à respirer, à se réadapter à l'effort. Il y a alors tout un travail de régulation respiratoire qui entre en jeu. Ces problèmes respiratoires post-Covid sont alors directement pris en charge par le CHPF ou traités dans les deux centres spécialisés en rééducation et réadaptation de Tahiti : le centre d'hospitalisation de jour de Ora Ora à Pirae et surtout le centre Te Tiare à Punaauia.

Dans ces deux établissements, une augmentation nette des prises en charge est observée ces dernières semaines. Le décalage entre la diminution des hospitalisations d'un côté et cette augmentation des gestions post-Covid est frappant. Ainsi, le nombre de patients actuellement pris en charge au centre Te Tiare est l'équivalent du nombre total des hospitalisations au fenua enregistré trois semaines plus tôt. Une grosse charge en termes d'oxygénothérapie à domicile est également à noter. Actuellement, 717 concentrateurs extracteurs d'oxygène pré ou post-hospitalisation sont installés à domicile sur l'ensemble du territoire. Rien que la semaine dernière, plus d'une centaine d'appareils ont été déployés. La seconde vague n’est pas terminée. Elle qui, selon la plateforme Covid, a envoyé 1 510 tahitiens aux urgences, soit près de 1% de la population totale de l'île.

Encadré : Pas de circulation du variant Mu

Le variant Delta est largement prédominant dans le monde entier. Mais un variant initialement détecté en Colombie et circulant principalement en Amérique du Sud est évoqué depuis peu au fenua. Il s'agit du variant Mu. “Il aurait un potentiel d'échappement immunitaire. Les vaccins pourraient ne pas être efficaces à 100% sur lui”. Si “deux cas importés de Colombie ont été détectés et isolés en juillet dernier”, ce variant ne saurait être en aucun cas en circulation sur le territoire polynésien selon les responsables de la plateforme Covid.

L' ivermectine, médicament “non conseillé”

L'ivermectine, traitement prôné par le Dr Jean-Paul Théron pour le traitement des patients Covid, est au cœur de tous les débats. Bruno Cojan, médecin inspecteur de santé publique, a tenu a rappeler le rôle de ce médicament lors d'un point Covid à la présidence mercredi. “L’ivermectine est connue comme antiparasitaire. Ce médicament n'a pas l'autorisation de mise sur le marché (AMM) pour des indications autres que ce traitement antiparasitaire”. Le docteur Henri-Pierre Mallet a ensuite ajouté : “On a tous envie de trouver des médicaments pour lutter contre le Covid, mais les études réalisées jusqu'à maintenant n'ont pas trouvé une preuve d'efficacité de l'ivermectine pour le combattre. Aujourd'hui, l'ivermectine ne peut pas être conseillée car il n'y a aucun élément qui affirme que ce soit bénéfique. Si des études de haute qualité et des essais cliniques le certifient, alors l'ivermectine pourrait être utilisée dans ce cadre-là, mais certainement pas de façon empirique par un tel ou untel qui pense que c'est efficace, c'est anti-scientifique”.

Rédigé par Etienne Dorin le Mercredi 22 Septembre 2021 à 20:22 | Lu 1721 fois