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La police fait la chasse aux runs sauvages et aux scooters volés


Les policiers contrôlent tous les numéros de série, du cadre au moteur, pour vérifier que l'engin ne comporte pas de pièces volées.
Les policiers contrôlent tous les numéros de série, du cadre au moteur, pour vérifier que l'engin ne comporte pas de pièces volées.
PAPEETE, le 6 août 2015 - La DSP a organisé une opération ciblée dans la nuit de vendredi à samedi de Pirae à Papeete. Leur objectif : les rassemblements de deux-roues qui se défient dans des courses à risques sur les grands axes. L'occasion, aussi, de contrarier voleurs et receleurs de scooters dont l'activité est en hausse de 30 % depuis le début de l'année.

Le constat est unanime, en zone police comme en zone gendarmerie. L'activité des voleurs de deux-roues repart à la hausse depuis plusieurs mois. Certains n'hésitent plus à s'introduire dans des propriétés fermées pour dérober les engins, même cadenassés. Relativement faciles à faucher, scooters et motos trouvent vite preneurs sur le marché noir. Facilement démontables, les pièces détachées à bon prix sont également très recherchées.

Pour contrecarrer les plans des voleurs, la direction de la sécurité publique (DSP) a déployé une bonne partie de ses effectifs, dans la nuit de vendredi à samedi, sur les spots traditionnellement fréquentés par les amateurs de runs, ces courses sauvages où des dizaines de jeunes se tirent la bourre dans la circulation au mépris de toutes les règles de sécurité. Un nid à deux-roues.

"Depuis le début de l'année, et par rapport à 2013, nous estimons que les vols de deux-roues ont progressé d'environ 30 % sur le secteur police", confie le commandant Tamatea Tuheiava, chef de l'unité de sécurité et de proximité de la DSP. "Nous avons l'instruction de tout mettre en œuvre pour enrayer cette explosion des vols de deux-roues. Ce soir nous allons en contrôler un maximum".

48 engins contrôlés, 2 immobilisations

Comme souvent, c'est du côté du parking des roulottes de la salle Aorai Tini Hau, à Pirae, que les forces de police ont concentré leurs efforts. Le spot est prisé des runners. Point de départ de courses mêlant parfois une dizaine d'engins de front, slalomant entre les voitures, le plus souvent feux éteints, le parking est aussi le lieu de rassemblement de ceux, en règle, qui viennent pour voir.

Il n'est pas loin de minuit, les moteurs pétaradent, les roues arrières et les défis se multiplient sur l'avenue prince Hinoi jusqu'au front de mer. C'est le moment que choisissent les quatre ou cinq fourgons de policiers pour refermer la nasse. Les entrées et sorties du parking sont bouclées, en un peu plus d'une heure, 48 deux-roues sont contrôlés, des papiers jusqu'aux numéros de série des cadres, moteurs et autres pièces mécaniques. Deux engins sont rapidement immobilisés, les numéros de série ne collent pas. On y est.

Le jeu du chat et de la souris

Si le commandant Tuheiava n'est pas dupe et sait que la majeure partie de ceux qui ont quelque chose à se reprocher ont sans doute réussi à s'échapper -et pas question d'engager de courses-poursuite pour des raisons évidentes de sécurité- il compte néanmoins sur l'effet dissuasif de ces opérations à condition qu'elles soient régulières.

Une opération qui a aussi permis de faire d'une pierre deux coups. "Nous en profitons, dans la foulée, pour disperser ces rassemblements de runners qui réunissent certains soirs plusieurs centaines d'engins", poursuit le commandant Tamatea Tuheiava. "Beaucoup de riverains se plaignent des nuisances sonores que génère ces courses. C'est fluctuant mais en ce moment il y en a souvent". Sans compter les risques inconsidérés que prennent ces jeunes au guidon de leurs deux-roues trafiqués pour la plupart, sans éclairage et système de freinage adapté pour beaucoup d'entre-eux.

Le jeu du chat et de la souris entre la police ces amateurs de sensations fortes s'est poursuivi une partie de la nuit. Vers 1 h 30, les uniformes ont quitté le parking Aorai Tini Hau. Dix minutes après, les engins tapis dans l'ombre qui n'attendaient que ça depuis les rues adjacentes étaient déjà de retour.

La gendarmerie aussi tire la sonnette d'alarme

En avril dernier déjà, la gendarmerie appelait elle aussi à la vigilance après avoir constaté dans sa zone de compétence, depuis 3 ans, une augmentation constante des vols de cyclomoteurs et de scooters. 73 deux roues ont ainsi été dérobés en 2013, 103 en 2014, une tendance qui se confirme en 2015 avec déjà 39 vols de ces engins motorisés au cours du premier trimestre de l'année.

30 % seulement des engins sont retrouvés

Les vols ont principalement lieu la nuit, dans l'enceinte de résidence au domicile du propriétaire, et dans 50% des cas les deux roues n'étaient pas cadenassés.
Les engins sont très rapidement repeints, maquillés ou démontés. Les pièces sont remontées sur d'autres cyclomoteurs.

Ainsi seulement 30 % d'entre eux sont retrouvés et restitués à leur propriétaire. 
Des mesures simples dissuadent pourtant la plupart des voleurs : Ne pas laisser la clef sur le Neiman et verrouiller systématiquement le système antivol même à son domicile, ne pas laisser l'engin visible depuis la rue et... cadenasser son véhicule à un élément fixe du lieu de stationnement ( poteau, clôture, etc.)

Le commandant Tamatea Tuheiava dirigeait l'opération vendredi soir. Son objectif : "Contrôler un maximum de véhicules pour juguler l'explosion des vols".
Le commandant Tamatea Tuheiava dirigeait l'opération vendredi soir. Son objectif : "Contrôler un maximum de véhicules pour juguler l'explosion des vols".

L'opération "anti-vol" a aussi permis de disperser les runners, ces amateurs de courses débridées en ville. Au moins pendant quelques heures.
L'opération "anti-vol" a aussi permis de disperser les runners, ces amateurs de courses débridées en ville. Au moins pendant quelques heures.

Rédigé par Raphaël Pierre le Dimanche 6 Septembre 2015 à 15:24 | Lu 1849 fois