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La lettre du CEPF : La Polynésie française réussira-t-elle à se mettre à l’heure de la rigueur ?

A l’appui des conclusions du rapport d’étape de la mission BOLLIET, Madame Marie-Luce PENCHARD, ministre de l’Outre-mer, déclarait fin juin 2010 : « Il n’est plus possible de gérer la Polynésie comme on la gérait il y a vingt ans.


La lettre du CEPF : La Polynésie française réussira-t-elle à se mettre à l’heure de la rigueur ?
Avec une économie locale en crise, la Polynésie n’a plus les mêmes moyens qu’autrefois. Il faut en tirer les enseignements, c’est-à-dire procéder à des réformes, sans doute difficiles et douloureuses (…) car l’assainissement des comptes du Pays constitue une priorité ».
Si vu du gouvernement central, il s’agit d’évidences et de nécessités criantes, il n’est pas certain qu’il en soit de même vu du microcosme polynésien.

A ce titre, il est révélateur que les mesures contenues dans la lettre de cadrage du budget primitif 2011 signée par le président du Pays, mesures qui vont dans le sens d’une politique de rigueur, se heurtent déjà à une levée de boucliers et ce, à peine dévoilées.
Gageons que ces orientations budgétaires donnent lieu à une concertation avant leur application qui conduira à une diminution indispensable des dépenses du Pays. Comme on pouvait s’y attendre, elles suscitent d’ores et déjà de vives critiques dans les rangs de la fonction publique.

Mais alors que ces mesures apparaissent comme des prémices au regard de l’ensemble des « pistes » de propositions présentées par le premier rapport d’étape de la mission d’inspection, il y a matière à s’interroger sur les suites qui leurs seront données.
En effet, il convient de rappeler que ce rapport ne manque pas de préconisations et de réformes pouvant être prises immédiatement: Des mesures conjoncturelles permettant un redressement rapide des finances publiques pour les exercices 2010-2011, des dispositions à prendre pour maîtriser la masse salariale et les dépenses de fonctionnement du Pays et surtout l’adoption de mesures exemplaires nécessaire à créer un certain effet d’entrainement.

A ce titre, les efforts de rigueur seraient certainement mieux acceptés par nos concitoyens si cette rigueur était partagée à tous les niveaux en commençant par le haut de la pyramide comme par exemple le plafonnement du cumul des rémunérations de nos élus. Selon les estimations figurant dans ce rapport, rien que le fait de limiter à un le nombre de leurs collaborateurs dégagerait une économie annuelle de 133 millions de F CFP, sachant qu’ils coûtent actuellement en moyenne 1,6 milliard de F CFP par an. Quant au gouvernement, la réduction de sa composition à huit ministres et à autant le nombre de membres de leur cabinet, engendrerait une économie de l’ordre de un milliard de F CFP.

L’un de nos précédents éditoriaux de la Lettre des Employeurs avait pour titre « Redressement des finances publiques et sociales : il est temps de passer aux actes ».
L’heure n’est plus à un audit des finances publiques. Celui-ci a déjà été fait et nous en connaissons les conclusions : des efforts de tous, fonction de la situation de chacun et sans exception de classe ou de statut.
Désormais, Mesdames et Messieurs les décideurs politiques il vous appartient d’engager vos responsabilités et, faute de stabilité politique, de donner de la visibilité à la situation financière du Pays pour l’avenir de la Polynésie française.
Peser sur les charges comme souhaité ci-dessus ne doit pas dispenser le pays de mettre en œuvre en même temps toutes les actions qui peuvent contribuer au redressement économique immédiat. Même les mesures les plus simples, les plus insignifiantes doivent être engagées pour maintenir l’activité et l’emploi.

Luc TAPETA-SERVONNAT
Président


Rédigé par edito du CEPF le Jeudi 19 Août 2010 à 23:24 | Lu 968 fois