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La justice confirme la fermeture de la mosquée de Pantin, épinglée pour sa "mouvance radicale"


Bobigny, France | AFP | mardi 27/10/2020 - La justice administrative a validé mardi la fermeture pour six mois de la mosquée de Pantin ordonnée dans la foulée de l'assassinat de Samuel Paty, en reprenant à son compte les accusations du ministère de l'Intérieur qui la présente comme un repaire de l'islamisme radical.

Dans son jugement, le tribunal administratif de Montreuil (Seine-Saint-Denis) a estimé que le gouvernement n'avait pas "porté une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales" en fermant le lieu de culte "aux fins de prévenir la réitération de tels actes".

Les autorités reprochent à la mosquée d'avoir partagé, le 9 octobre sur sa page Facebook, une vidéo montrant le père d'une élève d'un collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), qui reprochait à Samuel Paty d'avoir montré des caricatures de Mahomet lors d'un cours sur la liberté d'expression.

Une semaine plus tard, le professeur d'histoire-géographie était décapité par un réfugié d'origine russe tchétchène âgé de 18 ans.

Saisi par la Fédération musulmane de Pantin d'une demande d'annulation de la fermeture de la mosquée, le tribunal de Montreuil a jugé qu'elle n'avait pas établi "qu'elle serait en mesure d'éviter la réitération des graves dérives constatées dans un passé récent et la menace à l'ordre et la sécurité publics qui en était résultée".

Les portes du lieu de culte, fermées à ses quelque 1.300 fidèles depuis le 21 octobre, restent donc closes.

L'association requérante a d'ores et déjà annoncé son intention de faire appel devant le Conseil d'Etat, au nom de la défense de la liberté de culte.

"Tout le monde voit bien la chape de plomb qui semble inhiber le contrôle juridictionnel au regard du contexte que nous traversons", ont déploré ses avocats, Me William Bourdon et Vincent Brengarth, dans un communiqué.

"Six mois, c'est disproportionné. Si cela avait été fixé à deux ou trois mois, on aurait été dans la symbolique, dans la pédagogie", a regretté auprès de l'AFP M'hammed Henniche, le président de la Fédération et responsable de la mosquée.

Le rejet de la requête n'est en revanche guère une surprise: "vu l'ambiance générale on savait que ce serait un peu difficile", glisse-t-il.

"Mouvance islamiste radicale"

M. Henniche est lui-même épinglé dans la décision du tribunal, qui rappelle à ce responsable associatif chevronné qu’il a fait preuve "d'une négligence incompréhensible, alors que sa position et ses fonctions, auraient dû le conduire à plus de retenue".

A ce stade, le tribunal a pointé le manque de "garanties suffisantes" nécessaires à une réouverture, comme la désignation de personnes autorisées à intervenir dans la mosquée ou le contenu des prêches.

Présent à l'audience lundi, le préfet de la Seine-Saint-Denis, Georges-François Leclerc, a toutefois ouvert la porte à une éventuelle réduction de la durée de fermeture, après l'annonce de la mise en retrait de l'imam controversé de la mosquée, Ibrahim Doucouré.

Formé dans un institut fondamentaliste au Yémen, M. Doucouré est "impliqué dans la mouvance islamiste radicale d'Ile-de-France", a souligné le tribunal en dénonçant ses prêches, ses fréquentations et un site internet "qui diffuse des fatwas salafistes".

"L'instruction a également permis d'établir que la Grande mosquée de Pantin est fréquentée par des individus appartenant à la mouvance radicale islamiste d'Ile-de-France, y compris après le départ de plusieurs fidèles vers la zone irako-syrienne", ajoutent les juges.

A la suite de l'assassinat de Samuel Paty, Gérald Darmanin a promis "une guerre contre les ennemis de la République" et lancé une série d'opérations visant la mouvance islamiste.

Outre la fermeture temporaire de la mosquée de Pantin, le gouvernement a dissous le collectif pro-palestinien Cheikh Yassine fondé par le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, mis en examen pour "complicité d'assassinat terroriste" dans l'enquête sur l'attentat des Yvelines.

Gérald Darmanin souhaite aussi la dissolution du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), estimant qu'il est en réalité "une officine islamiste" qui œuvre "contre la République".

Il a par ailleurs annoncé qu'il demanderait mercredi en conseil des ministres d'acter la dissolution de l'ONG humanitaire BarakaCity, accusée, elle aussi, faire le jeu de l'islamisme radical.

le Mardi 27 Octobre 2020 à 05:11 | Lu 279 fois