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La grogne des gardiens de prison ravivée par deux nouvelles agressions


Paris, France | AFP | mardi 16/01/2018 - 0La colère des gardiens de prison a été ravivée mardi au deuxième jour de leur mobilisation nationale par deux nouvelles agressions de surveillants à Mont-de-Marsan et Tarascon, après celle de Vendin-le-Vieil où la garde des Sceaux s'est rendue dans la matinée.

Venue "dialoguer avec les personnels", Nicole Belloubet est arrivée vers 09H15 dans cette prison du Pas-de-Calais où trois surveillants avaient été blessés jeudi par un détenu islamiste, point de départ d'un vaste mouvement de mobilisation à l'appel des syndicats qui se prolongeait mardi partout en France.
"Je vais voir dans quelle mesure on pouvait améliorer les conditions de sécurité", a déclaré la ministre à son arrivée, la voix couverte par une Marseillaise entonnée par des surveillants réclamant des moyens "financiers" et "humains".
Deux nouvelles agressions ont attisé leur colère: un détenu de la prison de Mont-de-Marsan (Landes), surveillé pour risque de "radicalisation", a frappé sept agents lundi après-midi, selon la Chancellerie. 
Et mardi matin, c'est une surveillante de Tarascon (Bouches-du-Rhône) qui a reçu un coup de poing au visage asséné par un prisonnier suivi lui aussi pour radicalisation, selon des sources concordantes.
"Ces agressions peuvent arriver dans n'importe quel établissement, avec des détenus radicalisés ou non. Chaque personnel peut se retrouver sur un événement tragique car on travaille aujourd'hui avec un niveau de sécurité au plus bas", a déclaré à l'AFP Christopher Dorangeville, secrétaire général de la CGT pénitentiaire. 
Après une première opération nationale de blocage des prisons lundi, le mouvement s'est prolongé, malgré la démission du directeur de la prison de Vendin-le-Vieil et le "plan pénitentiaire global" promis lundi par Emmanuel Macron pour fin février. 
"La moitié des établissements sont touchés" par le mouvement, a indiqué à l'AFP la Direction de l'Administration pénitentiaire (DAP) mardi en milieu de journée. Les opérations de lundi ont "globalement" été reconduites, "mais dans une dimension moindre et avec une grande disparité entre les établissements". Des négociations ont commencé avec les directions dans certains d'entre-eux. 
Mardi, des dizaines de centres pénitentiaires ont été touchés partout dans le pays: à Laon, Annoeullin, Sequedin, Beauvais, Nice, Salon de Provence, Tarascon, Toulon, Villepinte, Osny, Nanterre, Bonneville, Lyon-Corbas, Roanne, Aurillac, Châteauroux, Saran, Roanne...
"Ce qui revient tout le temps (dans les doléances, NDLR), c'est: +On joue notre vie pour 1.500 euros+", explique Martial Delabroye, représentant FO au centre pénitentiaire sud francilien de Réau (Seine-et-Marne). 
 

- "Pas les moyens humains" -

 
Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a appelé sur CNews à "rester dans le dialogue", affirmant "(comprendre) la colère qui s'est exprimée".
"Le sujet, c'est d'abord d'avoir une baisse de la pression dans les prisons, qui est liée en grande partie au fait que vous avez un nombre de détenus trop important dans certaines cellules", a-t-il ajouté, évoquant "un ensemble de mesures".
Après des actions éparses vendredi, la mobilisation nationale avait déjà été une "réussite" lundi, a affirmé Laurent Maffre, secrétaire régional Occitanie Ufap-Unsa Justice, alors que 139 des 188 centres pénitentiaires du pays ont ainsi été touchés "à des degrés divers" (blocages totaux, partiels, piquets de grève, débrayages ou retards), selon l'administration pénitentiaire.
Derrière la question de moyens se pose notamment celle de la prise en charge des détenus radicalisés.
L'agresseur islamiste de Vendin-le-Vieil, Christian Ganczarski, mis en examen par un juge antiterroriste, a été transféré en milieu de nuit à la maison d'arrêt de Sequedin (Nord), selon Guillaume Pottier, secrétaire Ufap-Unsa pour les Hauts-de-France.
"Nous n'avons pas les moyens humains et matériels pour le prendre en charge. Nous ne sommes pas formés à la gestion des détenus radicalisés. Les collègues sont donc très remontés", a-t-il expliqué.
Dernier survivant des commandos des attentats du 13 novembre 2015 (130 morts), Salah Abdeslam doit être prochainement accueilli à Vendin-le-Vieil, le temps que se tienne son procès en Belgique. 

le Mardi 16 Janvier 2018 à 05:07 | Lu 188 fois