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La dengue bientôt éradiquée en Nouvelle-Calédonie ?


Le WMP, la mairie de Nouméa, l'Institut Pasteur et le gouvernement ont présenté les premiers résultats de l'opération Wolbachia.
Le WMP, la mairie de Nouméa, l'Institut Pasteur et le gouvernement ont présenté les premiers résultats de l'opération Wolbachia.
Nouméa - France - AFP - Mercredi 4 août 2021 - La dengue sera-t-elle un mauvais souvenir ? Au terme de deux ans de lâchers de moustiques contenant la bactérie Wolbachia, qui empêche la transmission des arboviroses, les résultats sont tombés. Et ils sont “extrêmement encourageants” : à Nouméa, 70 % des moustiques sont d'ores et déjà porteurs.
 
Deux ans après le premier lâcher de moustiques contenant Wolbachia, une bactérie qui stoppe la transmission de la dengue (lire ci-contre), un premier bilan a été tiré, mercredi matin, à la mairie de Nouméa. Et les résultats du World Mosquito program (WMP) sont « extrêmement encourageants ». Dans la capitale, 12 millions de moustiques élevés dans les laboratoires de l'Institut Pasteur ont ainsi été relâchés en un an et demi. Soit environ 150 000 individus par semaine. Si ce chiffre peut sembler impressionnant, « cela reste très faible » par rapport aux milliards de moustiques qui vivent dans la commune.
 
Désormais, les lâchers sont terminés. Et après analyses, les chiffres viennent de tomber : plus de 70 % des aedes aegypti (vecteurs de la maladie) de Nouméa sont porteurs de Wolbachia. Des données obtenues grâce à la capture dans des pièges de 236 000 moustiques, dont 136 000 Aedes aegypti. Si la bactérie est désormais identifiée dans toute la commune, quelques mois seront cependant encore nécessaires pour que la proportion de moustiques porteurs de Wolbachia devienne « optimale » dans les quartiers de la ville où les densités de moustiques sont les plus importantes, essentiellement sur l'ouest de la presqu'île (voir notre carte).

Quelles incidences sur les cas de dengue ?
 
Avec La Niña, l'été 2021 a été particulièrement humide, pulvérisant de nombreux records de pluviométrie. Des conditions idéales pour voir exploser le nombre de cas de dengue, en particulier à Nouméa. Pourtant, avec seulement 52 malades recensés dans la capitale, les chiffres sont restés extrêmement bas, comparés aux 1 354 cas, dont un mortel, qui étaient encore à déplorer dans la commune en 2019. « On a tout un faisceau d'indices qui nous permettent de dire aujourd'hui que la transmission est très réduite, estime Nadège Rossi, chef de projet au WMP, qui préfère nanmoins rester prudente. Sans doute que Wolbachia a aidé à atteindre ces chiffres encourageants, mais dans quelle mesure ? On n'est pas encore capables de le dire. »
 
C'est pourquoi les membres du programme estiment qu'il est encore « un peu tôt pour crier victoire ». Car la fermeture des frontières, imposée par la Covid-19, limite drastiquement le risque de circulation d'autres sérotypes de dengue importés. "En Nouvelle-Calédonie, les épidémies de dengue commencent souvent par l'introduction d'un nouveau sérotype par des voyageurs, rappelle Nadège Rossi. Or sans eux, on n'a pas eu d'introduction et la population est relativement immunisée contre le sérotype 2 qui tourne depuis plusieurs années dans le pays."
 
Quelles sont les prochaines étapes ?
 
À Nouméa, les pièges à moustiques restent déployés afin de continuer à prélever et à analyser la quantité de moustiques porteurs de la bactérie. "Ensuite, ces pièges vont être retirés, puis la ville de Nouméa prendra le relai pour les déployer deux fois par an et faire de nouveau prélèvements de façon à suivre ponctuellement cette population", poursuit la chef de projet au WMP. Alors que les résultats de l'opération sont encore à affiner dans les mois prochains, le programme a d'ores et déjà prévu de s'étendre d'ici la fin de l'année à Dumbéa et au Mont-Dore. Si la priorité est donnée aux zones les plus densément peuplées, à terme, le programme entend s'étendre dans l'ensemble du pays.
 

le Mercredi 4 Août 2021 à 17:31 | Lu 639 fois