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La croisière prévoit un record d'escales en Polynésie en 2023


© Greg Boissy
© Greg Boissy
Tahiti, le 20 février 2023 – Comme pour la fréquentation touristique terrestre, les chiffres du secteur de la croisière au fenua ont effectué un rebond et retrouvé leur niveau d'avant-Covid, voire plus selon le Tahiti Cruise Club. Les prévisions pour 2023 sont en effet meilleures que les résultats atteints durant ces dix dernières années. Les acteurs du secteur travaillent pour maintenir un développement “raisonné et raisonnable” de l'activité tout en s'assurant des retombées économiques pour les îles d'escale.
 
Le Tahiti Cruise Club, qui regroupe les acteurs privés et publics du secteur de la croisière actifs en Polynésie française, dédié à la structuration de ce secteur, a organisé son assemblée générale extraordinaire vendredi dernier. L'occasion de dresser un bilan de l'activité de croisière au fenua. À l'instar de la fréquentation touristique terrestre qui a retrouvé des chiffres équivalents à ceux des années pré-Covid, le secteur de la croisière confirme lui aussi un rebond. Les prévisions de 2023 annoncent 1 359 escales en Polynésie. “On est sur le même niveau, d'un peu plus de 1 000 escales, qu'on avait réussi à atteindre à partir de 2016”, se félicite Stéphane Renard, le coordinateur du Tahiti Cruise Club. Les deux tiers de ces escales concernent les lignes du Paul-Gauguin, de l'Aranui et du WindSpirit, qui opèrent à l'année, et un tiers les lignes transpacifiques. Avec toutefois une nouveauté cette année, l'ajout de 350 escales du Variety Cruise Pan Orama II, un navire de moins de 30 cabines. “Ça fait partie des segments de la croisière qu'on cherche à développer”, indique Stéphane Renard. “Ces tout petits navires, qui commencent à émerger, croisaient déjà en Méditerranée depuis une dizaine d'années. L'idée, c'est d'arriver à en faire venir quelques-uns dans le Pacifique.”
 
Dans sa stratégie de développement à l'horizon 2030, le Tahiti Cruise Club insiste : “Nous devons orienter nos actions vers les types de croisière qui nous conviennent, île par île.” Il s'agit en effet de faire profiter un maximum d'îles polynésiennes des retombées économiques que peuvent engendrer des escales de navires de croisière, tout en prenant en compte la capacité de l'île à gérer le flux. “Il y a des îles, comme Tahuata par exemple, où ce serait ridicule d'arriver avec un bateau de 800 ou 1 500 passagers. En revanche, des escales de 50, 100 ou 150 passagers, ça peut être gérable et ça a du sens pour la microéconomie de cette île. À l'inverse, faire escaler un navire de 30 passagers à Tahiti, ça n'a aucun impact sur l'économie de l'île. Il faut trouver le bon segment pour que les prestataires d'activités, les artisans, les transporteurs terrestres, etc. y trouvent un intérêt réel”, poursuit Stéphane Renard.

De 15 à 37 îles d'escale

Ces dix dernières années, le nombre d'îles où les navires de croisière font escale est passé de 15 à 37. “Si on développe le secteur et on amène plus d'opérations, ça n'a pas de sens de le faire toujours dans les cinq mêmes îles”, souligne le coordinateur du Tahiti Cruise Club. “Parce qu'on va se retrouver avec plusieurs bateaux en même temps au même endroit.” S'il était important de diversifier les îles d'escale, en revanche, le maître-mot reste la “régularité”. “Cela permet de construire le développement de l'île de manière raisonnée.” Une vingtaine d'îles polynésiennes constituent aujourd'hui des îles d'escale régulières, avec 30 à 40 escales par an. “On en a une quinzaine d'autres qui sont plus exceptionnelles, mais qui, pour certaines d'entre elles, montent petit à petit en gamme. C'est le cas de Makatea qui se développe bien. Et c'était le cas, il y a quelques années, de Fakarava, qui est maintenant devenue une des escales de référence.”
 
Parmi les objectifs affichés du secteur, celui de consolider les 1 000 escales par an en encourageant les compagnies à rester en Polynésie. Mais aussi maintenir un chiffre moyen de passagers par escale inférieur à 500 afin de respecter les capacités d'accueil des différentes îles en termes d'infrastructures et d'activités. C'est le cas de 90% des escales. Mais pour maintenir cette stratégie, le Tahiti Cruise Club doit travailler main dans la main avec les autres territoires du Pacifique. “Des bateaux de 2 000 passagers, comme ceux qui sont beaucoup au départ de l'Australie, ce n'est pas le modèle qu'on veut développer ici. Mais il faut s'accorder avec les autres îles pour faciliter la mise en place des itinéraires dans l'ensemble du Pacifique sud”, indique Stéphane Renard. Ces navires sont principalement accueillis à Tahiti pour une escale technique. Enfin, le Tahiti Cruise Club souhaite attirer plus de têtes de ligne, c'est-à-dire des embarquements et débarquements depuis Papeete. On en compte actuellement 115 par an, soit environ un tous les trois jours. “On peut faire mieux, il y a de la place pour un 4e ou un 5e bateau”, souligne Stéphane Renard pour qui les têtes de ligne sont essentielles au développement économique. “Parce que les gens arrivent par avion et donc soutiennent les compagnies aériennes. Ils vont un peu dans les hôtels, parfois ils vont même dans d'autres îles avant ou après leur croisière. C'est là que les retombées économiques pour l'ensemble de la destination sont les plus intéressantes. Et ça donne une vraie visibilité de développement aux îles qui sont concernées.”
 
Le secteur du tourisme de croisière semble avoir encore de beaux jours devant lui. Selon les prévisions de l'association internationale des compagnies de croisière (CLIA), l'activité mondiale de la croisière en 2026 devrait atteindre 120 à 130% de celle de 2019, dont le niveau était déjà élevé.

© Tahiti Cruise Club
© Tahiti Cruise Club

Rédigé par Anne-Laure Guffroy le Lundi 20 Février 2023 à 17:29 | Lu 1313 fois