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La convention décennale 2017-2027 en cours de préparation pour lutter contre le décrochage scolaire


PAPEETE, le 06 mai 2016 - 40% des élèves ont des difficultés à lire et à écrire en sortant de la primaire, seul 59,4% des élèves obtiennent le diplôme national du brevet et environ 30% des élèves sont en décrochage scolaire. Les chiffres sont tellement catastrophiques que le Pays et le Vice-rectorat axent la convention décennale 2017-2027 sur la lutte contre le décrochage.

Un rapport sur l'évaluation de la convention Etat—Polynésie sur l'éducation a été rendu public en février 2016. Commandé par le Vice Rectorat et le Pays dans le cadre de l'élaboration de la nouvelle convention décennale sur l'éducation (2017-2027), ce travail dégage plusieurs éléments inquiétants.

Dans un premier temps, il met en avant les résultats catastrophiques de l'école primaire en Polynésie dus à un enseignement primaire peu performant : "l’enseignement primaire produit un important échec scolaire et le collège, qu’un nombre conséquent d’élèves quittent avant la fin de leur scolarité, ne parvient pas à le corriger." Si le rapport reconnait les bons résultats du baccalauréat dont le taux de réussite se rapproche de celui de la métropole, il précise qu'il ne faut absolument pas s'en satisfaire, car "le lycée, « délesté » en quelque sorte des élèves en difficulté, obtient, fût-ce au prix de déséquilibres entre les voies de formation (trop d’élèves dans les séries technologiques et professionnelles), des résultats forts corrects." Ce serait donc aux dépens des élèves les plus en difficultés qui abandonnent l'école que le lycée fait de bons résultats au baccalauréat.

En effet si on constate la différence des taux de réussite au brevet entre la Polynésie et la métropole est inquiétante, "la mission observe que le taux de succès au brevet (public et privé) est nettement moins fort en Polynésie (59,45 %) qu’en France métropolitaine (81,90 %)" indique le rapport. Cette différence se lisse à la fin du collège puisque la scolarisation n'est obligatoire que jusqu'à 16 ans.

Par ailleurs, le syndicat national des enseignants secondaire en Polynésie estime à environ 1300 le nombre de moins de 16 ans qui seraient déscolarisés entre 2014 et 2015.

"L’échec de l’école primaire signe, en grande partie, la faible performance du système éducatif polynésien. Le collège ne parvient pas à surmonter les difficultés des élèves qu’il accueille. Les élèves, découragés très tôt par leur situation d’échec, sont peu enclins à construire un véritable projet de formation et ils décrochent massivement."

Lutter contre le décrochage

Même s’il est difficile d’appréhender avec précision l’ampleur du phénomène (la ministre l’évalue à 30 % des effectifs en collège et lycée), le décrochage constitue une réalité tellement prégnante, qu’il est aujourd’hui publiquement reconnu et perçu comme devant faire l’objet d’un traitement prioritaire.

Le gouvernement polynésien et, tout particulièrement, le ministère de l’Éducation en est bien conscients : des études ont été conduites pour en mesurer l’ampleur, des structures ont été installées et des dispositifs ont été actionnés.

Ainsi, le pays a mis en place "une plateforme d’aide et d’accompagnement a été créée. Chaque établissement est doté d’un référent et d’un groupe de prévention. Une mission de lutte contre le décrochage scolaire (MLDS) a été installée. Trois modalités de prise en charge des élèves décrocheurs sont prévues : un module accueil et accompagnement (MAA), un module classe de seconde chance (CSC) et un module de re-préparation à l’examen par alternance (MOREA)."

"Lutter contre le décrochage scolaire est une priorité pour le vice rectorat comme pour le ministère de l'Éducation du Pays", explique le Vice-recteur, Jean-Louis Baglan, "tout cela est de la responsabilité du Pays mais il s'en empare. Il y a déjà des réponses qui sont apportées. Nous mettons d'ailleurs l'accent sur ce point-là précisément lors des réunions de travail destinées à l'élaboration de la nouvelle convention décennale 2017-2027." Le vice-recteur rappelle néanmoins "quand on parle du niveau scolaire des élèves, il faut se rappeler d'où on vient. On ne peut pas comparer le niveau scolaire des écoliers polynésiens à celui des écoliers métropolitains. Il y a une antériorité de la scolarisation en métropole qu'il n'y avait pas ici par exemple. Le premier bachelier en Polynésie c'est les années 1960, en métropole c'est Napoléon. Le système polynésien a démarré bien plus tard donc il a un retard et effectivement des progrès forts à faire, mais il faut prendre en compte d'où il part. "

Par ailleurs, lors de ces réunions de travail, tant le vice-rectorat, comme le ministère de l'Éducation, veille à éclaircir les rôles de chacun et à les préciser afin de "travailler ensemble dans le respect des prérogatives de chacun" précise le vice-recteur et de conclure, "ce rapport montre des difficultés que nous connaissions déjà. Le rapport n'apporte pas de faits nouveaux et pointe des réalités".

De son côté, le syndicat d'enseignant dénonce le fait qu'il n'ait pas été consulté ni convié à ces réunions de travail, "nous sommes convoqués le 22 juin à 16h pour étudier un ordre du jour énorme. Nous n'aurons jamais le temps de tout voir. Ils veulent fixer de nouveau cap sans consulter les premiers concernés qui sont tous les jours sur le terrain : les professeurs",

Rédigé par Marie Caroline Carrère le Lundi 6 Juin 2016 à 08:50 | Lu 2725 fois
           



Commentaires

1.Posté par CITIZEN le 06/06/2016 09:45 | Alerter
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Arrêtez de maintenir des services bicéphales
ingérables,
qui ont montré leur inefficience ...

et on veut les maintenir par pure posture politique !*

est ce ça l'intérêt supérieur de nos enfants ?


2.Posté par Lou le 06/06/2016 12:03 | Alerter
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Madame la ministre, n'y a-t-il pas là un chantier autrement prioritaire que d'attribuer une délégation de service public à une pseudo fédération de boxe qui entraîne ses gosses en les faisant taper sur des pneus?