Tahiti Infos

La contrefaçon de médicaments, préoccupation majeure des laboratoires


La contrefaçon de médicaments, préoccupation majeure des laboratoires
TOURS, 16 mai 2013 (AFP) - La contrefaçon de médicaments, en augmentation constante, est devenue une préoccupation majeure pour les laboratoires, qui souhaitent améliorer leur coopération avec les autorités afin de mieux lutter contre ce phénomène aux graves conséquences pour la santé publique.

"C'est un phénomène majeur dans tous les pays du monde, même dans les pays développés" avec des conséquences "désastreuses", soulignait cette semaine Philippe Peyre, un vice-président de Sanofi, lors d'une visite à Tours du laboratoire d'analyse des médicaments contrefaits créé par le groupe.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu'un médicament sur dix vendu dans le monde est une contrefaçon. Un pourcentage qui peut même atteindre un sur deux pour les traitements du paludisme, selon Sanofi.

En 2011, les médicaments contrefaits représentaient 24% des saisies douanières en Europe, devant les cigarettes.

Le Leem, la fédération des industriels français de la pharmacie, se dit "mobilisé" sur le sujet. "Aujourd'hui, on envisage la contrefaçon de médicaments au-delà des atteintes au droit de propriété intellectuelle. On appréhende le phénomène sous l'angle de la santé publique", a expliqué Séverine Kupfer, responsable propriété intellectuelle et contrefaçon du Leem.

Depuis 2003, le Leem dispose d'un comité anti-contrefaçon qui fait le lien entre industriels et autorités publiques (douanes, police, justice...).

Dans ce contexte, Sanofi a créé en 2008 son Laboratoire central d'analyse des contrefaçons (LCAC), une structure présentée comme unique parmi les grands groupes pharmaceutique, qui a pour tâche d'analyser tous les produits soupçonnés de contrefaire des médicaments du groupe.

Depuis cinq ans, quelque 20.000 produits suspects sont passés au laboratoire, issus de la surveillance locale des points de vente dans le monde et d'internet, un vecteur majeur de diffusion de la contrefaçon, mais aussi de saisies douanières et de police.

Examen visuel des emballages, avec des méthodes d'éclairage UV ou de fluorescence, puis analyse chimique approfondie: chaque produit contrefait vient alimenter une banque de données avec sa "carte d'identité".

"Toutes les classes thérapeutiques sont concernées", y compris "des pathologies lourdes" dans le domaine cardiovasculaire ou du cancer, relève Nathalie Tallet, directrice du LCAC.

"un trafic encore plus juteux que celui de la drogue"

Pour les laboratoires, la lutte contre le contrefaçon exige aussi des efforts pour rendre les produits plus difficiles à falsifier: boîtes scellées, code barre et en plus chez Sanofi un hologramme sur l'emballage.

L'objectif à terme pour les industriels européens serait d'identifier chaque boîte sortie des chaînes de fabrication par un numéro. Des tests ont été menés en Suède en 2009-2010 et se poursuivent cette année en Allemagne.

La sécurité passe également par la coopération extérieure avec les autorités douanières et de police: 29 grands groupes ont signé un partenariat avec Interpol. Les directeurs de la sureté de 25 groupes pharmaceutiques échangent au sein du PSI (Pharmaceutical Security Institute).

Les profits engendrés par la contrefaçon de médicaments ont atteint 75 milliards de dollars en 2010, davantage que ceux issus des stupéfiants, selon des chiffres cités par Sanofi.

"C'est évidemment un phénomène fortement aggravé par internet", constate Christian Peugeot, président de l'Unifab, l'association qui réunit les groupes français engagés dans la lutte contre la contrefaçon. Il pointe "les sites champignons", créés et fermés rapidement, qui "arrivent à piéger des consommateurs".

Depuis décembre, la vente de médicaments sur internet en France est réglementée, en transposition d'une directive européenne.

Rédigé par Par Simon BOEHM le Jeudi 16 Mai 2013 à 06:40 | Lu 468 fois