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La colère des agriculteurs français se propage, le gouvernement face à la "rage"


Crédit Frederick FLORIN / AFP
Crédit Frederick FLORIN / AFP
Bordeaux, France | AFP | mercredi 24/01/2024 - La mobilisation des agriculteurs français s'est amplifiée mercredi avec une multiplication des blocages pour obtenir des "réponses concrètes" du gouvernement, qui dit avoir "entendu l'appel" et promet des annonces "dans les jours à venir".

Endeuillé par les décès accidentels d'une éleveuse et de sa fille mardi sur un barrage routier, le mouvement dit y avoir puisé une "rage" supplémentaire.

Marges de la grande distribution, jachères, pesticides, normes environnementales, autorisations administratives, prix du gazole... Cultivateurs et éleveurs n'ont pas tous les mêmes demandes mais partagent un même malaise, écartelés entre désir de produire et nécessité de réduire leur impact sur la biodiversité et le climat.

"C'est un ras-le-bol général, ça fait des mois qu'on essaie de le dire à nos politiques mais rien ne bouge", a déclaré à l'AFP Julien Duchateau, agriculteur dans le Pas-de-Calais (nord).

"Il y a un sacré mal-être chez les paysans", a aussi relevé Patricia Dagoré, agricultrice au Pays basque (sud-ouest) et membre du syndicat majoritaire FNSEA.

"On nous impose toujours plus de normes. Mais comment faire pour les appliquer ? Les mettre toutes en œuvre, ça coûte. Aujourd'hui, on a tous la corde au cou, des trésoreries dans le rouge", a-t-elle poursuivi lors du blocage d'une autoroute à Bayonne (sud-ouest) mardi soir. 

Egalement dans le Sud-Ouest, des manifestants ont lancé un ballot de paille dans un restaurant McDonald's d'Agen, tandis que 200 tracteurs bloquaient la rocade de Bordeaux depuis mercredi matin.

"Nous comptons y rester jusqu'à ce que nous ayons des réponses concrètes", a lancé Serge Bergeon, responsable local de la FNSEA.

Une minute de silence a été observée en hommage à l'éleveuse d'une trentaine d'années et sa fille adolescente percutées par une voiture sur un barrage mardi à Pamiers (Ariège, dans les Pyrénées françaises).

"On a la rage de continuer, pour cette famille qui est décédée. Ils étaient comme nous, passionnés...", a lancé Yoan Joannic, 20 ans, producteur de céréales au sud de Bordeaux.

"obtenir des décisions" 

Près d'une semaine après avoir débuté en Occitanie, le mouvement touche désormais tout le pays, le malaise du monde paysan s'exprimant aussi ailleurs en Europe.

Les trois principaux syndicats de la profession ont été reçus entre lundi et mardi par le Premier ministre Gabriel Attal. Sans appeler à lever les blocages à la sortie.

Le blocage d'axes routiers est "un moyen pour obtenir rapidement des décisions", a souligné Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, en écartant "à ce stade" un éventuel blocage de Paris.

Il a précisé que son syndicat énoncerait mercredi soir ses revendications.

Tous les syndicats ne sont pas sur la même ligne. Laurent Thérond, un porte-parole de la Confédération paysanne dans le Vaucluse (sud-est), qualifie ainsi les dirigeants de la FNSEA de "pompiers pyromanes" en critiquant leur approche productiviste.

Dans cette région, un convoi d'environ 70 tracteurs a emprunté l'autoroute "du soleil", à la hauteur du péage d'Orange pour remonter vers la Drôme plus au nord, et ont été rejoints par des agriculteurs de ce département, où les deux cortèges ont coupé l'autoroute à hauteur de Montélimar.

De multiples ronds-points, péages ou bretelles d'autoroutes ont été occupés ces dernières heures, sans compter les opérations escargots, dans de nombreuses régions ou l'interception d'un camion espagnol dont le chargement - des légumes surgelés - a été vidé sur la route.

Annonces attendues 

Face au mécontentement, le gouvernement a dit mercredi avoir "entendu l'appel" des agriculteurs. L'exécutif fera des annonces "dans les jours à venir", a indiqué la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot, en assurant qu'il n'était "pas question de venir empêcher" les blocages routiers.

Elle a évoqué des pistes à l'étude sur la fiscalité du gazole non routier (GNR) et "les avances de trésorerie".

Le Premier ministre Gabriel Attal "s'est engagé à se rendre très rapidement sur le terrain", a-t-elle ajouté.

Ce dernier avait dit mardi plancher sur la rémunération des agriculteurs par les industriels et les grandes surfaces, ainsi que sur une simplification administrative.

Alors que les autres grands pays agricoles européens connaissent des mouvements similaires, la Commission européenne réunira jeudi organisations agricoles, secteur agroalimentaire, ONG et experts.

le Mercredi 24 Janvier 2024 à 06:54 | Lu 523 fois