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La cocoteraie polynésienne en quête de diversification


La cocoteraie polynésienne en quête de diversification
"Après 100 ans de bons et loyaux services, notre cocoteraie doit évoluer", insistait Daniel Herlemme, jeudi matin 21 mars, sur le point de signer la convention de consultation avec l’association Tahiti Faahotu.

Le Pays lance un appel à porteurs de projets, du 25 mars au 6 mai, à la recherche de solutions permettant de valoriser et diversifier la filière cocotier polynésienne, dans les domaines de l’énergie, des éco-matériaux et de l’alimentation humaine et animale.

Le ministère souhaite en finir avec le "tout-coprah", dans une filière Coco qui a produit 12 363 tonnes de coprah en 2012, dont 67% issus l’archipel des Tuamotu. Une filière qui a offert une rémunération à plus de 10.000 personnes l’an dernier, mais qui a nécessité 1,5 milliard Fcfp de subventions, via la Caisse de soutien des prix du coprah.

L’idée est qu’il existe un potentiel de développement et de diversification inexploité et économiquement viable de cette filière, que ce potentiel est affaire de privés et qu'il représente l'avenir de la cocoteraie polynésienne.

Aussi, au cours des 4 prochains mois, l’association Tahiti Faahotu agira-t-elle en consultant pour analyser, expertiser, sélectionner les projets qui lui seront soumis. Elle devra en retenir cinq à communiquer au ministère du Développement des archipels, en juillet prochain.

Cet appel à candidature fait suite à la mission d’expertise et de diagnostic de la filière coco, menée dans les cinq archipels polynésiens du 18 janvier au 8 février derniers, en collaboration avec le Centre internationale en recherche argronomique pour le développement (Cirad).

Le rapport d’étape remis au terme de cette mission avait notamment proposé les éléments d’un plan de développement pluriannuel chiffré de la filière. Il préconisait aussi des orientations pour les futurs projets de Recherche-Développement et le besoin d’encourager les solutions innovantes pour favoriser la diversification de la filière.
aap_cocotier_2013.pdf AAP COCOTIER 2013.pdf  (161.67 Ko)

Daniel Herlemme, ministre du Développement des archipels et Didier Chomer, président de Tahiti Fa’ahotu, le 21 mars lors de la signature de la convention de prestation de service.
Daniel Herlemme, ministre du Développement des archipels et Didier Chomer, président de Tahiti Fa’ahotu, le 21 mars lors de la signature de la convention de prestation de service.
Daniel Herlemme : "Il y a un moment pour les activités doivent être pérennisées"




Le Pays ne planifie pas mais fait appel à des porteurs de projets pour développer la filière cocotier.

Daniel Herlemme : Nous avons réalisé un diagnostic de la cocoteraie en début d’année, lors d’une mission de plusieurs semaines avec le Cirad, (Centre internationale de recherche agronomique pour le développement, NDLR). Des recommandations nous ont été faites à la suite de cette observation de la filière polynésienne du coco. Une planification existe pour définir les orientations pour le développement de la filière, sur les 10 à 15 prochaines années.
Ce développement ne pourra pas se faire sans l’initiative privée. La mission des pouvoirs publics doit s’arrêter à la définition des orientations d’une politique sectorielle. Ensuite, la production et la commercialisation reviennent naturellement au secteur privé. Ce n’est pas le rôle des pouvoirs publics que de faire du commerce ou de produire.
Nous avons défini une politique de développement. On demande au privé d’investir, de prendre part à cette politique avec l’engagement de bénéficier d’accompagnement du Pays au démarrage.


Entre-temps, il y a les élections Territoriales. Cette vision devra être partagée par votre successeur au ministère du Développement de la cocoteraie.

Daniel Herlemme : En 2011, nous avons dû faire face à des urgences. C’est en 2012 que nous avons commencé à mettre en place, planifier, étudier un schéma de développement pour la filière cocotier. Ce schéma a trouvé, en quelques sortes, une finalité avec l’étude menée en collaboration avec le Cirad. Pour donner lieu à cet appel à projets.
Aujourd’hui, il faut aller jusqu’au bout de la démarche. Ce n’est pas parce qu’il y a des élections en chemin qu’il faut tout mettre en stand-by. Il faut continuer à avancer. (…) Je suis convaincu de l’importance et de l’urgence de la démarche que nous faisons actuellement pour faire évoluer cette filière cocotier.
C’est une démarche dans l’intérêt général du Pays. Qu’il s’agisse de la majorité ou de l’opposition actuelle, nous sommes tous unanimes pour reconnaître qu’il sera de plus en plus difficile de subventionner cette filière coprah.


L’émergence d’initiatives privées, volontaires, pour rompre le cycle d’une activité sous perfusion ?

Daniel Herlemme : Il y a des réalités économiques. Il y a un moment pour les activités doivent être pérennisées, en dehors de toute considération politique. L’économie doit s’appuyer sur l’initiative privée. Nous avons vu les limites de l’interventionnisme du Pays. Nous devons faire confiance au privé, avec au départ un soutien des autorités publiques. Mais à la fin, c’est une affaire privée. Je ne vois que cette issue pour développer notre économie. (…)
La ressource est là, les compétences sont là, divers projets familiaux voient le jour, sans demander la moindre aide publique, notamment pour la production d’huile vierge de coco destinée à l’export… Ce qui nous a manqué jusqu’à aujourd’hui, c’est un axe stratégique, un schéma de développement qui puisse canaliser et organiser toutes ces initiatives privées, particulièrement concernant la commercialisation. Autre exemple : le bois de cocotier. On peut produire mais on néglige l’étude de marché. Au final on rencontre des problèmes de commercialisation et le projet se retrouve en stand-by.


Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 21 Mars 2013 à 11:34 | Lu 1740 fois