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La SEO propose une table ronde sur le peintre Paul Gauguin


PAPEETE, le 5 octobre 2017 - Dans le cadre de la célébration de son centenaire, la Société des études océaniennes (SEO) organise une table ronde intitulée Paul Gauguin, peintre de Polynésie. Un rendez-vous imaginé il y a des mois, loin du tumulte de la polémique en cours. La création, le quotidien et la succession de l’artiste seront tour à tour évoqués. Le débat sera ensuite ouvert. Les intervenants promettent de répondre à toutes les questions.

"Cette conférence a été décidée il y a un an", ont annoncé en préambule les intervenants et organisateurs de la table ronde "Paul Gauguin, peintre de Polynésie". Par ces mots, ils ont tenu à balayer la polémique en cours.

Cette polémique fait suite à la sortie du film Gauguin – Voyage de Tahiti le 20 septembre dernier. Il n’est pas un jour ou presque, depuis, sans qu’un média ne s’interroge parfois violemment sur les choix du réalisateur Édouard Deluc et notamment sur l’absence de traitement d’un possible caractère pédophile et colonialiste du peintre. Vincent Cassel lui-même (acteur principal du film), interrogé sur le sujet, a déchainé les passions.

"Tout cela n’est qu’une coïncidence, la polémique s’invite dans notre événement", insiste Jean Kape, le président de la Société des études océaniennes (SEO) en rappelant que le peintre fait partie de l’histoire de la SEO. L’une de ses lettres ayant été publiée dans le bulletin de la société.

Si les intervenants, Riccardo Pineri, professeur émérite des universités, Jean Guiart, spécialiste des arts et des religions de l’Océanie et Daniel Margueron, historien de la littérature tahitienne, promettent de répondre à toutes les questions "car certaines sont très importantes et graves", ils insistent sur la relativité des faits et des situations.

"Nous ne pouvons pas juger le passé", "nous ne pouvons pas essayer de le comprendre sans tenir compte de l’évolution des valeurs, des codes, des lois, de la pratique et de la mentalité de l’époque", "nous ne pouvons pas caler sur le passé notre sens moral, éthique et esthétique contemporain". Ils poursuivent : "nous avons tendance à juger le passé selon des critères contemporains ce qui empoisonne notre compréhension d’hier et donc la construction de l’avenir". Les spécialistes répondront aux questions en posant les bases du passé.

Trois thèmes retenus pour la table ronde

La table ronde, pour commencer, donnera la parole à Riccardo Pineri. Lequel présentera trois ou quatre œuvres du peintre. "Pour raconter un homme il ne faut pas se contenter de la biographie, il faut étudier ses œuvres. Ce sont elles qui expliquent le mieux l’individu créateur. Paul Gauguin était un grand artiste dont le parcours est violent, complexe, paradoxal." D’après le professeur, l’œuvre d’art est "ce moment ou l’homme dépasse sa propre finitude et son caractère humain". Son intervention portera sur le lien entre l’art de Gauguin et le monde polynésien. "Un rapport inédit."

Jean Guiart s’intéressera au père O’Really, fondateur en 1965 du musée Gauguin à Papeari. Il s’attardera sur l’engagement "d’une figure maîtresse polynésienne". Daniel Margueron quant à lui abordera la question de la succession. "Et notamment des objets de son quotidien et des œuvres vendues après son décès en 1903. Nous verrons qui a acquis quoi lors des ventes aux enchères organisées à Papeete et Atuona."

Dans un second temps mais toujours dans le cadre de la succession et des hommages faites au peintre, Daniel Margueron présentera les écrits de Victor Segalen. "Auteur de trois textes, il a été complètement fasciné par Gauguin."

La table ronde aura lieu à la mairie de Papeete. Un bâtiment construit le long de la rue Paul Gauguin. "Ce nom lui a été donné en 1953 pour célébrer le cinquantenaire de la mort de l’artiste", glisse au passage l’historien Yves Babin qui ajoute : "la même année, l’école centrale a elle aussi pris le nom de collège Gauguin".

En pratique

Vendredi 13 octobre de 15h30 à 18h30 dans la salle du conseil municipal de la Mairie de Papeete.
Thèmes abordés : Gauguin, peintre de Polynésie (Riccardo Pineri), Le père O’Reilly, fondateur en 1965 du musée Gauguin à Papeari (Jean Guiart) et la succession de Paul Gauguin (Daniel Margueron).

Rédigé par Delphine Barrais le Jeudi 5 Octobre 2017 à 16:24 | Lu 1669 fois