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La Réunion: un policier soupçonné d'avoir éborgné un jeune devant la cour criminelle


Saint-Denis de la Réunion, France | AFP | mardi 11/06/2019 - Un policier soupçonné d'avoir éborgné un lycéen en 2014 à La Réunion a été renvoyé devant la cour criminelle pour violences volontaires ayant entraîné une mutilation permanente, a-t-on appris mardi de source judiciaire.

Les faits remontent à la nuit du 1er au 2 février 2014, lors de l'intervention d'un équipage de la Brigade anticriminalité (BAC) dans la commune du Port (ouest) secouée par des violences urbaines.
Au cours d'une échauffourée, un lycéen de 16 ans inconnu de la justice avait reçu un tir de P40, une arme plus puissante qu'un lanceur de balles de défense, en plein visage et perdra l'usage d'un œil.
Deux versions se sont opposées immédiatement. Les policiers de la BAC ont déclaré avoir tiré au P40 de leur voiture en direction d’un groupe de jeunes pour répliquer à des jets de galets. Mais des témoins ont affirmé qu’ils auraient posé le pied à terre avant de tirer, auraient visé le jeune homme et l'auraient maintenu au sol avant de quitter les lieux en le laissant sur place.
Le procureur de Saint-Denis avait alors fait état d'éléments laissant penser que "le fonctionnaire qui a tiré n'a pas utilisé son arme à bon escient" et l'enquête avait été confiée à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).
Les quatre hommes de la BAC seront mis en examen pour violences volontaires commises en réunion et par des dépositaires de l'ordre public avec usage d'une arme ayant entraîné une mutilation.
L'un d'entre eux sera également poursuivi pour non assistance à personne en danger et modification de la scène de crime. Selon l'accusation, il serait revenu sur les lieux "entre 10 minutes et 01H30 après les faits supposés", afin de "récupérer des éléments qui se trouvaient au sol".
Les quatre policiers seront placés sous contrôle judiciaire avec interdiction d'exercer sur la voie publique et de porter une arme. Cinq ans après, un seul d'entre eux sera jugé en cour criminelle.
C'est la première fois à La Réunion qu'un membre des forces de l'ordre est renvoyé devant cette nouvelle juridiction située à mi-chemin entre le tribunal correctionnel et la cour d'assises.
Elle est expérimentée dans sept départements, dont La Réunion, à partir du 1er septembre 2019, dans le cadre de la réforme de la Justice votée en février. Cette cour est composée de cinq magistrats qui jugeront des crimes punis de 15 à 20 ans de prison.

le Mardi 11 Juin 2019 à 05:17 | Lu 239 fois